Blog de Français de la seconde 3

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Chansons de Léo Ferré sur des poèmes de Verlaine

Consigne: Après avoir écouté les différentes chansons proposées ci-dessous, vous en choisirez une que vous étudierez plus particulièrement. Vous répondrez par écrit à la question suivante :

Quelle est l'atmosphère que veut créer Léo Ferré en reprenant ce poème et par quels moyens y parvient-il (choix mélodiques, des instruments, utilisation de sa voix...)? Les choix d'interprétation faits par Léo Ferré vous semblent-ils en accord avec votre propre lecture du poème ?

Ne vous préoccupez pas d'utiliser des termes musicaux appropriés, mais écrivez avec vos mots ce que vous avez perçu dans la chanson. 

Ces chansons ont été écrites à partir de 1957, puis ont été rassemblées dans l'album Les Poètes (parfois appelé Ferré chante les poètes), qui contient de très belles adaptations en chanson d'autres poèmes de Paul Verlaine, mais aussi de Charles Baudelaire, d'Arthur Rimbaud et de Guillaume Apollinaire. 

Ne vous attardez pas trop sur les visuels des vidéos, ils sont parfois sans intérêt (ex: ceux de la vidéo pour la chanson "Green").

Pour chaque chanson, vous pouvez cliquer sur le lien pour l'écouter dans une autre page ; chaque chanson est accompagnée du texte de Verlaine.

  • "Green" du recueil Romances sans paroles
Lien vers la vidéo si vous ne parvenez pas à la lire ci-dessous





Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et... par RIMBOWARRIOR



Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.

J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encore de vos derniers baisers ;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

  • Ariette VII du recueil Romances sans paroles
Lien vers la vidéo si vous ne parvenez pas à la lire ci-dessous







Ô triste, triste était mon âme
À cause, à cause d’une femme.

Je ne me suis pas consolé
Bien que mon cœur s’en soit allé,

Bien que mon cœur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.

Je ne me suis pas consolé,
Bien que mon cœur s’en soit allé.

Et mon cœur, mon cœur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il possible,

Est-il possible, — le fût-il, —
Ce fier exil, ce triste exil ?

Mon âme dit à mon cœur : Sais-je
Moi-même que nous veut ce piège

D’être présents bien qu’exilés,
Encore que loin en allés ?

  • "Art Poétique" du recueil Jadis et Naguère
Verlaine y explique sous forme poétique quelle est sa vision de la poésie.

Lien vers la vidéo si vous ne parvenez pas à la lire ci-dessous




léo ferre - art poètique par bisonravi1987




De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est, par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !

Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

O qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.

  • "Ame, te souvient-il ?" publié en 1888 dans un recueil appelé Amour

Lien vers la vidéo si vous ne parvenez pas à la lire ci-dessous







Âme, te souvient-il, au fond du paradis,
De la gare d’Auteuil et des trains de jadis
T’amenant chaque jour, venus de La Chapelle ?
Jadis déjà ! Combien pourtant je me rappelle
Mes stations au bas du rapide escalier
Dans l’attente de toi, sans pouvoir oublier
Ta grâce en descendant les marches, mince et leste
Comme un ange le long de l’échelle céleste,
Ton sourire amical ensemble et filial,
Ton serrement de main cordial et loyal,
Ni tes yeux d’innocent, doux mais vifs, clairs et sombres,
Qui m’allaient droit au cœur et pénétraient mes ombres.
Après les premiers mots de bonjour et d’accueil,
Mon vieux bras dans le tien, nous quittions cet Auteuil
Et, sous les arbres pleins d’une gente musique,
Notre entretien était souvent métaphysique.
Ô tes forts arguments, ta foi du charbonnier !
Non sans quelque tendance, ô si franche ! à nier,
Mais si vite quittée au premier pas du doute !
Et puis nous rentrions, plus que lents, par la route
Un peu des écoliers, chez moi, chez nous plutôt,
Y déjeuner de rien, fumailler vite et tôt,
Et dépêcher longtemps une vague besogne.
 
Mon pauvre enfant, ta voix dans le Bois de Boulogne !