Lors de sa parution, le roman de Gide Les faux -Monnayeurs souleva des réactions diverses et fut d'ailleurs diversement apprécié par la critique littéraire; Que pouvait-on au juste reprocher à Gide ? Plusieurs aspects de la composition littéraire ont été abordés et ont fait l'objet d'avis circonstanciés.
Le plan moral peut tout d'abord être abordé : on se souvient qu'en 1857 Flaubert, romancier réaliste et Baudelaire, poète précurseur du symbolisme, furent tous deux victimes d'un procès retentissant où on leur reprochait, pour l'un de peindre avec complaisance une femme adultère Madame Bovary, qui conduit son mari à la mort et pour l'autre, de composer des sonnets où il est questions d'amours scandaleusement sapphiques. A t-on raison de juger de la qualité littéraire d'une oeuvre au nom de la morale qui y est exprimée par des personnages fictifs ? Baudelaire a du publier une version expurgée de son recueil Les Fleurs du Mal et Flaubert a gagné son procès contre Maitre Pinard : ce parfum de scandale au passage, lui a permis de vendre davantage de roman car les lecteurs étaient curieux de lire les amours interdites de cette femme de médecin de campagne.