s'exprimer, partager, créer, échanger...au lycée Marie Curie de Versailles

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A la fenêtre !

 
Par Ambre Louette, spécialité HLP

Bonne lecture.

Le chant d’une tondeuse au loin me rappelle que le printemps n’est pas loin. Il est arrivé sans que nous puissions le fêter, coincés derrière la vitre fermée. Il ne tient qu’à moi de l’ouvrir et de la dépasser. Avec mes yeux, mon cœur, mes sens éveillés.

Cher printemps que j’imagine balbutiant. Tu m’offres à la vue des bourgeons naissant. Leurs couleurs s’échappent timidement, attendant que le soleil les chauffe pour s’épanouir doucement. Le parfum de l’herbe fraichement coupée me chatouille le nez. L’air encore froid caresse mes bras dénudés. J’ai envie de m’y étirer comme mon chat insoucieux dans notre confinement programmé.

Des silhouettes passent furtivement, coupables sans doute de marcher, craignant de se faire épingler. J’aimerais partir avec eux, quitter ma chaise et ma fenêtre, parcourir les rues sinueuses, retrouver mes amis, parmi le bruit de la foule, de la rue, des voitures, de la vie.

Les oiseaux chantent pour moi. Ils me disent que ça ira. La vie est bien là.

Tandis que la nature reprend ses droits, qu’elle exhibe ses couleurs et ses voix, je me recroqueville sur nos aléas…

Ma fenêtre s’ouvre sur des promesses. Les tiendra-t-elle pour moi ? Pourrais-je demain, bientôt, un jour, reprendre mon existence où je l’ai laissée, et ne pas fêter mes 17 ans derrière ce verre lustré ?

Je devrais savourer mon insouciance, je ne devrais même pas regarder à travers une fenêtre entr’ouverte. Je devrais ne pas y penser, rester plongée dans mes pensées d’étudiante inspirée.

La cage est ouverte, mais l’oiseau ne peut pas s’envoler. Si je le pouvais, c’est au-dessus des clochers des églises et des toits que je volerais ! Traversant l’atlantique, traversant le monde, foulant les planches d’un théâtre, usant les bancs d’un cours : rencontrer, apprendre, partager, rire aux éclats, se prendre dans nos bras, courir, chanter, hurler, danser ! 

Demain on pourra… Demain on pourra…

Par la fenêtre, je vois les jours passer, pourtant paisibles et confortables. Je me sais chouchoutée, protégée. Je ne risque rien, ou si peu. Je me sens aimée, entourée.  Derrière ma fenêtre, rien ne peut m’arriver. Alors je me redresse, j’ouvre les deux portes plus grandes, je me lève et je passe mon torse au-delà des frontières. J’ouvre les bras, je ferme les yeux, et je ressens :

La vie qui pousse, l’amour qui passe, le monde qui se bat et moi qui attend. Le soleil chauffe maintenant mon visage, la tondeuse fait silence, les oiseaux prennent place et chantent encore plus fort. J’entends même mon cœur battre dans le vent. Je ne fais plus qu’un avec les éléments. 

Une fenêtre ouverte sur le monde est un trésor : A défaut d’une vue sur la mer, c’est face à l’espoir que je m’endors.