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Succès - 2e9

Le passage devait être pour bientôt. Mirai Haru devait changer de PDG : Monsieur Akai Fukuro devait transmettre son entreprise ainsi que sa résidence, la Villa Aurore à son fils unique, le jeune Akai Kaze.

Les jours passaient, et nous, les ouvriers de Mirai Haru ne savions pas à quoi nous attendre. Devions-nous être inquiets ou justement nous réjouir de ce changement ?

Tsukilegy, la ville QG de l’entreprise où se trouve également la Villa Aurore était en effervescence. Entre la rénovation des appartements Akai, et la préparation de la cérémonie de passage, le calme était parti en vacances loin d’ici.

 

         Un jour, cela devait être un mardi ou un jeudi, un jour que je n’appréciais pas particulièrement, le jeune Kaze vint me voir à mon poste. Il me demanda de le suivre, ce que je fis. Il se mit à me parler d’une éventuelle augmentation, voire une promotion. Non, ce n’était pas une éventualité, c’était même une promesse.

J’étais surpris ! Il y a de quoi quand on sait que j’étais un jeune employé débutant.

 

         Je l’ai longtemps gardé pour moi, ce dialogue. Je ne pouvais dire à personne que le futur PDG lui-même m’avait promis un poste avec un meilleur salaire alors que je ne suis qu’un moucheron dans cette grande entreprise qu’est  Mirai Haru !

Cette pensé m’a longtemps hanté, pourtant, je me suis rendu compte que tous les ouvriers n’étaient pas aussi discrets que je pouvais l’être. On entendait des « Je vais avoir une promotion, bientôt je serai mieux payé que toi, Monsieur Akai Junior est venu me parler en privé… »

 

         Messieurs Akai passaient souvent vérifier l’avancement des travaux de la Villa Aurore et les comptes de l’entreprise. La date buttoir se faisait sentir. Autant dire que tout le monde se tenait à carreau et les faux pas paraissaient fatals.

 

         Le jour arriva, le passage de pouvoir se fit sous l’admiration et l’attente de tous les employés impatients.

La première semaine fut une véritable fête, tout le monde n’avait en tête qu’Akai Kaze, imaginant leurs rêves professionnels se réaliser avec les promesses du successeur.

Cependant, plusieurs mois passèrent et aucun changement n’avait été opéré, la déception engendrée avait provoqué la colère de certains, ils restaient pourtant silencieux de peur de perdre leur emploi et  de voir les promesses faites complètement rompues.

 

         Or, tous mes espoirs se sont estompés le jour où j’ai perçu une conversation téléphonique d’Akai Kaze.

J’étais simplement en train de remettre mon rapport mensuel à l’administration, et je l’entendis. « Oui, j’ai fait exactement ce que tu m’as dit. OUIII, CA A FONCTIONNE COMME TU L’IMAGINAIS ! Avoir berné tout le monde m’a apporté la grâce de ces pantins. »

J’ai tenté de faire un rapport à tous les employés que je trouvais, mais ils ne me croyaient pas, c’était juste une bande de moutons qui continuaient de suivre les ordres en attendant que vienne la récompense.

Je décidai de démissionner, et de prévenir la police. Ils me rirent au nez en me soufflant de partir « raconter mes salades ailleurs ».

Tous mes efforts étaient vains, personne ne me croyait. J’avais tout perdu : crédibilité, emploi, argent, et respect.

Hors un jour, la chance passa devant moi, et je réussis à la saisir : Akai Kaze, au téléphone, dans la rue. Je sortis mon smartphone et allumai en vitesse l’application Magnétophone. Je suivis le jeune PDG en essayant d’enregistrer avec discrétion sa conversation. Arrivé dans une rue isolée, toutes les informations que je voulais capturer se firent entendre. Chiffres de l’entreprise, nom de l’interlocuteur, méthode de manipulation… Toutes ces infos étaient capturées par mon Smartphone.

Vu l’heure, la plupart des employés de Mirai Haru avaient fini leur travail. Je décidai donc d’opérer le lendemain.

Et ce jour d’attaque fut fructueux.

Je m’infiltrai dans l’entreprise, ayant gardé mon badge. Connaissant parfaitement les bâtiments, je pus me diriger vers la salle de contrôle. J’attendis que l’employé un charge de cette zone aille à sa pause-café et entrai dans la salle. Je branchai mon Smartphone au PC et diffusait la conversation que j’avais capturée la veille.

« Personne ne sait, Kuroe. Ce ne sont que des employés, avec notre stratagème, ils m’écouteront jusqu’à avoir leur récompense, comme des petits chiens. Les chiffres de Mirai Haru ? Je m’enrichis ! Et ce n’est pas comme si j’allais partager… Comment ça toi ? Oui, je partagerai avec toi… Si je compte augmenter les salaires ? BIEN SÛR QUE NON ! »

C’en était fini, pour lui, pour l’entreprise, un énorme scandale.

Je sortai du bâtiment avec la même bruyance et la même révolte que les autres employés. Cependant, je m’isolai en sortant pour espionner de loin les faits et gestes de toutes ces personnes. Ils se dirigeaient tous en un même point. Tout Tsukilegy était en effervescence.

Tandis que j’entrais dans la foule des voitures et des camions, entre les hauts murs des immeubles, il me semblait que j’entendais très loin, les cris sauvages des hommes de main de la ville, qui étaient en train de faire tomber l’une après l’autre les portes de la villa Aurore.

 

 

Camille Alvarez