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Les retrouvailles - 2e9

Il était dix heures. Dans l'air frais du matin les rayons du soleil venaient réchauffer mes joues.

Comme tous les matins je partais faire ma balade.

Une fois arrivé au niveau du petit pont de pierre, j’aperçus deux ombres venant d'en dessous.

Cela attira mon attention quand je vis l'une d'entre elles se débattre.

Curieux, je décidai alors d'aller y voir de plus près.

Pour m'éviter des ennuis en me mêlant à cette affaire, je me positionnai derrière l'un des piliers du pont, de manière à ne pas être vu par les deux mystérieux personnages.

 

C'est alors que je reconnus l'une des deux ombres.

C'était mon ami, mon compagnon d'enfance. Je fus aussitôt plongé dans mes souvenirs. Je me souviendrai toujours du jour où nous nous sommes rencontrés, nous sommes tout de suite devenus de bons amis. Malgré notre langue différente, je finis par m' habituer et rapidement nous nous appropriâmes notre propre langage. Nous passions toutes nos journées ensemble. C'est d’ailleurs avec lui que j'ai commencé à faire cette promenade quotidienne. Il voulait toujours passer sur ce pont.

Même si cela reste de bons souvenirs aujourd'hui, la joie qui s'était emparée de moi ces derniers instants s’atténua d'un coup. Je fus alors pris par un sentiment d'abandon.

C'était le sentiment qui était lié au jour où mon ami m'avait laissé seul, quand il était parti sans même se soucier de ce qu'allait devenir son meilleur ami sans lui.

Depuis ce jour je n'ai jamais eu de nouvelles de lui, jamais il n' est revenu me voir. Cela s'est passé lorsque j'avais quinze ans, six ans sont passés depuis.

Revenant à la réalité, je vis qu'il était en train d’attaquer cette personne sans défense. Mais pourquoi attaquait-il sans raison? Ou peut- être que sa raison était la faim?. C'est sûr que lorsque l'on fuit, laissant tout chez soi, partant sans rien, on risque fort de se retrouver seul à la rue. Je fis alors le rapprochement.S 'il attaquait cette personne c'est parce qu'elle tenait un sac de nourriture dans sa main gauche.

 

Je décidai alors de m'approcher en espérant qu'il me reconnaisse malgré les années passées. Il s’arrêta et me fixa, il m'avait reconnu.

Un sentiment de haine monta vivement en moi. Je fus moi- même surpris par ma réaction soudaine.

Je ne pus contrôler mon état de colère. Ne sachant que faire pour venir en aide à sa victime, je saisis une pierre et la lançai droit sur lui. Aujourd'hui avec du recul je me rends compte que ce geste était pitoyable.

Mais ayant oublié notre langage commun pour communiquer et pris par la colère face à son agressivité, je n'eus d'autre réflexe que de lui lancer des pierres. Je me mis à crier son nom pour stopper son agression.

Il avait tellement changé, il y a six ans jamais il ne s'en serait pris à personne.

 

Ayant expulsé ma colère, je réfléchis et regardai le bras de la victime qui saignait. Mon ancien compagnon, lui, avait esquivé les pierres. Je pris la pauvre victime avec moi avant d'appeler une ambulance, je regardai mon ami devenu mon ennemi et lui fis signe de partir. Après tout ce n'était qu'un chien et je me dis que ce signe c'est ma manière de lui dire dans sa langue: « Aujourd'hui Georges, tu t'en es bien tiré, mais je recommencerai, Georges je recommencerai, et cette fois je ne te raterai pas » Et Georges semble me comprendre, car il me regarde fixement, fait la moue et se met à hurler.

 

Mathilde Quintela