s'exprimer, partager, créer, échanger...au lycée Marie Curie de Versailles

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Une Vie De Misère - 2e9

Je l’aperçois. Il s’échappe d’une boutique de sport avec une raquette de tennis dans la main. Les bornes antivol sonnent dès qu’il les franchies. Je m’élance derrière lui. Après tout, c’est mon travail de policier. Ce n’est pas la première fois que j’assiste à ses tentatives de vol.

Son nom est Georges, je connais bien sa famille. Migrants, sans abri, ils vivent dans un terrain vague en dehors de la ville, loin des regards. J’ai une estime particulière pour cette famille qui vit de rien. Georges a seize ans et a quatre frères et sœurs plus jeunes. Le père a trouvé un travail dans la ville en tant que jardinier. La mère, malade, s’occupe le mieux possible de ses jeunes enfants. Georges est très seul et vit mal cette situation. Ses frères et sœurs sont trop jeunes pour partager ses activités. Ses parents comptent sur lui pour rendre des petits services. Georges ne peut pas aller au lycée et penche vers la délinquance.

Je ne cours pas assez vite. Georges prend de la distance. Il se dirige vers la gare et sans que je comprenne comment, nous nous retrouvons face à face, séparés par la voie ferrée. Je ne peux pas traverser les rails car un train est à l’approche. Georges me regarde avec angoisse. Je lui fais le langage des signes pour lui expliquer de ne pas recommencer. Georges est sourd. C’est ma manière à moi de lui dire dans sa langue.

-« Aujourd’hui  Georges, tu t’en ai bien tiré, mais je recommencerai, Georges, je recommencerai Georges et cette fois je ne te raterai pas ».

 Et Georges semble me comprendre, car il me regarde fixement, fait la moue et se met à hurler.

Constant Verrey