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Les spectres de la villa Aurore -2e9

tandis que j'entrais dans la foule des voitures et des camions, entre les hauts murs des immeubles il me semblait que j'entendais très loin les cris sauvages des hommes de main de la ville, qui étaient en train de faire tomber l'une après l'autre les portes de la villa Aurore.

Debout devant les grilles de l'immense villa, je me rappelai de ma dernière aventure ici. Le domaine, appartenant à ma famille depuis des lustres, était en piteux état. Effectivement, l'herbe était plus haute que jamais et envahissait tout l'espace, ce qui rendait l'endroit plus sauvage, mais surtout plus effrayant. Les ronces grimpaient aux murs et le lierre devenait fou. Je ne mentirais pas, j'avais peur. Pourtant, je pris la clef dans ma main tremblante pour ouvrir le vieux cadenas rouillé et j'ouvris le portail. Les hommes qui m'accompagnaient semblaient plus confiants que moi, mais je ne leur en voulais pas, après tout, ils n'étaient jamais venus ici. Pourtant, dès les premiers mètres franchis, le vent devint plus fort, faisant taper les volets contre les murs. A travers les vitres cassées et les branches, l'air sifflait, mais nous continuions d'avancer. Je crus qu'arriver à la première marche du palier serait impossible tant les éléments se déchaînaient. Quand j'ouvris la porte d'entrée, un cri effroyable se fit entendre et je sentis chaque poil de mon corps se hérisser, tant j'étais au bord de la crise cardiaque. Mes pas se faisaient hésitants et j'avais l'impression que mes pieds pesaient une tonne, mais les policiers derrière moi me pressaient. Quand nous arrivons au salon, le vase posé sur la table basse vient éclater contre le mur en me frôlant, puis une lumière jaillit du plafond et deux spectres ensanglantés apparaissent devant nous. Nous n'avons pas eu le temps de réfléchir que nous sommes déjà dans le jardin et que la porte d'entrée se referme derrière nous dans un grincement sonore à vous glacer le sang. Ma respiration était saccadée et je me sentais vidé d'énergie, pleurant comme jamais je n'avais pleuré auparavant.

En fin de journée, quand les policiers à peu près remis de leur émotions avaient rendu leur rapport, je signais les papiers d'accord avec le maire.

Une semaine plus tard, je m'en vais enfin, loin de cette villa hantée. Et tandis que j'entrais dans la foule des voitures et des camions, entre les hauts murs des immeubles il me semblait que j'entendais très loin les cris sauvages des hommes de main de la ville, qui étaient en train de faire tomber l'une après l'autre les portes de la villa Aurore.

H.Hladky