Je voulais le passant

Ils s’étaient assoupis dans leur chambre leur nid

Certains dormaient déjà d’autres pensaient rêvaient,

Ce n’étaient pas ceux-là que mon âme recherchait.

Dans la nuit qui marchait, dans le froid, dans Paris

Je voulais le passant qui jamais ne se hâte…

 

 

 

Je savais la froidure des pavés de l’asphalte

Les regards de noyés que l’on jette aux carrés

De lumière suspendus dans les airs mais fermés

Pour dire que la douceur se donne à qui la mate.

Je voulais le passant qui jamais ne se hâte…

 

 

 

J’en ai connu d’autres dont la vie après tout

Se laissait contempler ; se poussant et roulant

Année après année entre stations et bancs

Sur les bouches bien au chaud, bien au froid sur les bouts.

Je voulais le passant qui jamais ne se hâte…

 

 

 

De dehors de dedans de richesse en misère

Sur le sol gelé des hivers parisiens

Sur le parquet ciré d’un intérieur rupin

Les mêmes traces, les mêmes pas, la vie et ses barrières.

Moi je voulais le passant qui jamais ne se hâte…

 

 

 

Mon âme savait bien pendant que j’écrivais

Que quelqu’un quelque part faisait ce que je fais

Son cœur cherchait le mien, c’est sa main qui courait

Sur la feuille bien blanche où j’écris que je sais

Le passant qui jamais ne se hâte.