oct. 31

Accord

Tout au bout du balcon

Il y a ton œil qui tombe

Il roule sur l’herbe sèche

Entre les pissenlits

Qui le font larmoyer

L’élan est suffisant

Pour gravir la margelle

Mais le dernier carreau

Poreux, l’arrête.

 

Tout au bout du balcon

Il y a mon œil qui fonce

Tout droit vers l’horizon

Etre les deux cyprès

Il fend le soir qui tombe

Rompt les rangées d’mouettes

Pour se jeter vivant

Au sommet des Adrets

Les pins, arrêt.

 

Tout au bout du balcon

Nos destins ont chuté

Tu es partie, petite

Au bord d’une piscine

Qui sera refusée

Je suis partie en pompe

Pour rejoindre des cieux

Que je n’atteindrai pas

Désolation, stop.

 

Il nous reste deux yeux

Frangés de cils vieillis

Pour tenter d’accorder

Des rêves plus médiocres

Bâtis d’argile et ocres

Qui se tiendront serrés

Matés et avertis

Murmurant « y a pas mieux »

Tout au bout du balcon.

août 4

Encore

Il y aura d’autres danses, on pourra dire encore,

D’autres matins d’été, de nouvelles moiteurs,

Des odeurs délirantes dans le pli de nos cœurs

Nous feront soupirer et repousser la mort.

 

 

 

Tu verras mon amour qu’on renaîtra encore

Liés à tout jamais par les jambes par les bras

Dans un lit infini il y aura d’autres ébats

Nos rires étincelants repousseront la mort.

 

 

 

Parc’ qu’on est barbouillés de pleurs et de salive

Que nos nez sont bouchés, je pars à la dérive…

Transmets-moi ton odeur pour repousser la mort.

 

 

 

Mets ta main sur ma joue pour manger mon profil

Ton doigt est dans ma bouche, je le dévore, une île

Si je deviens ta plaie je me rends à la mort.

"Il est parti demain..."

Il est parti demain ; il ne reviendra plus.

Quel sera mon futur baignant dans le passé ?

Désormais une vie frangée de « jamais plus »,

Un pas, encore un pas, dans une immensité ?

 

 

 

Demain je suis vivante, je traîne ma sépulture

Dans un désert de blanc où plus rien ne prend feu ;

La couleur s’est éteinte. Ma robe sera de bure,

Elle n’aura plus d’odeur dans cette éternité.

 

 

 

Un présent chancelant qui n’a pas d’avenir

Sa valeur intrinsèque est son poids en passé.

Pourquoi toujours marcher, pourquoi faut-il tenir

La chandelle à l’endroit ? Je la veux renversée.

 

 

 

Puisque je suis pérenne par rapport à sa vie,

J’inverse les étoiles et le cours des planètes

J’ai un pouvoir immense puisqu’à cette heure j’écris

Que demain j’ai dit non ; et j’ai pris ma baguette…