Je prends la pure beauté
Et puis je la modèle
Je la tords, je l’esquinte
Pour la rendre difforme
Et quand elle est bien laide
Je suis surprise de voir
Qu’elle est semblable à celle
Que j’avais au départ.
Par Laure Sorasso le 31 octobre 2023, 17:05
Je prends la pure beauté
Et puis je la modèle
Je la tords, je l’esquinte
Pour la rendre difforme
Et quand elle est bien laide
Je suis surprise de voir
Qu’elle est semblable à celle
Que j’avais au départ.
Par Laure Sorasso le 31 octobre 2023, 16:58
Ils s’étaient assoupis dans leur chambre leur nid
Certains dormaient déjà d’autres pensaient rêvaient,
Ce n’étaient pas ceux-là que mon âme recherchait.
Dans la nuit qui marchait, dans le froid, dans Paris
Je voulais le passant qui jamais ne se hâte…
Je savais la froidure des pavés de l’asphalte
Les regards de noyés que l’on jette aux carrés
De lumière suspendus dans les airs mais fermés
Pour dire que la douceur se donne à qui la mate.
Je voulais le passant qui jamais ne se hâte…
J’en ai connu d’autres dont la vie après tout
Se laissait contempler ; se poussant et roulant
Année après année entre stations et bancs
Sur les bouches bien au chaud, bien au froid sur les bouts.
Je voulais le passant qui jamais ne se hâte…
De dehors de dedans de richesse en misère
Sur le sol gelé des hivers parisiens
Sur le parquet ciré d’un intérieur rupin
Les mêmes traces, les mêmes pas, la vie et ses barrières.
Moi je voulais le passant qui jamais ne se hâte…
Mon âme savait bien pendant que j’écrivais
Que quelqu’un quelque part faisait ce que je fais
Son cœur cherchait le mien, c’est sa main qui courait
Sur la feuille bien blanche où j’écris que je sais
Le passant qui jamais ne se hâte.
Par Laure Sorasso le 31 octobre 2023, 09:35
À deux doigts de l’écrire ce putain d’livre-là
À deux doigts, à deux pieds, à demain, à plein ventre
À deux doigts de m’y mettre, d’y cracher ce que j’dois
Au seuil du Grand Œuvre qui me murmure : Entre !
J’y dépos’rai fissa la somme de mes savoirs
Pour ne plus jamais en oublier un seul
Pour qu’il m’éclaire derrière, pour qu’il m’éclaire devant
Pour qu’il soit le guetteur logé contre mon cœur
Qu’il soit un paravent
Un vrai gilet pare-balles
Mon seul truc abouti
Enfin indispensable
Et j’y mettrai aussi tous mes ravissements
Et ma joie d’exister, d’un jour avoir été
Mes dialogues incessants avec tous ces anciens
Sur les traces desquels j’ai posé mes deux mains ;
Leur répondre enfin que j’ai léché les pierres
Des monuments écrits qu’ils ont esséminés
Et que même si j’en crève de l’oubli qui viendra
Ils furent les sentinelles de mon chemin à moi
J’ai rencontré la vie, j’ai rencontré la Terre
Et j’ai aimé les fleurs, l’herbe drue et les troncs,
J’ai dansé dans la boue qui craquelle la peau
Et je me suis vautrée dans de nouveaux sillons
Qui ne menèrent, final, qu’au plaisir d’exister
Mais tout ce que je sais, que j’ai accumulé
Au fil de cette vie qui devra basculer
Je désire l’amasser dans le livre à venir
Qui s’échappe sans fin et ne fait que partir
Quand j’adoube les textes que je crois achevés
À deux doigts de l’écrire ce putain d’livre-là
À deux doigts, à deux pieds, à demain, à plein ventre
À deux doigts de m’y mettre, d’y cracher ce que j’dois
Au seuil du Grand Œuvre qui me murmure : Entre !
Par Laure Sorasso le 04 août 2013, 19:40
Je me souviens d’un chant qui n’a plus de paroles
Qui dit Lalalala sur un air tristounet.
La terre dure de l’hiver accouche de rigoles
Qui craquelle la boue dans un bruit de rouet.
Bien sûr qu’il y a le sang de ceux qu’on égorgea
Mais il s’éteint déjà caché dessous la glace
Bien sûr qu’il y a la laine de celle qui tissa
Pour ne pas voir, au jour, les corps jonchant la place.
Le matin était sale, les cadavres étaient gris
Mais Rosita chantait pour son chat Mistigri
Pour son enfant à naître, elle disait Lalala.
Elle n’était pas poète, ne s’est jamais servi
De l’immortalité pour avoir un sursis ;
Mais ce soir je suis là, et je vois, Lalala.
Par Laure Sorasso le 04 août 2013, 19:14
Quand le désir parfume la silhouette du vide
Qui se met à danser devant mes yeux éteints
J’ai le cœur qui se serre et l’âme qui se ride
Les papillons d’avant volètent dans tous les coins…
Je rêve d’approcher, de fondre dans l’illusion
Mes pupilles dilatées reflètent la pure beauté
Que la forme blanchâtre se forge à ma façon !
Les papillons d’avant volètent dans la gaieté…
J’ai la lourdeur des corps pétris dans le granit
Mon cerveau hébété enregistre un regret
Aussi lisse et fuyant qu’un bout de bakélite
Les papillons d’avant volètent dans un rai…
Quand le désir habille la silhouette du vide
Qui se met à danser devant mes yeux, en vain
J’ai la main qui sanglote et ma vie qui se vide
Les papillons d’avant se meurent dans le lointain.