oct. 31

Albanais ?

 

 

La poussière de diamant sur ses ongles d’enfant

Quelques rêves accrochés dans le creux de sa nuque

Et puis l’odeur du sang qui fait jaillir l’urine

Et puis l’odeur du sang qui a servi de stuc.

 

 

 

Trace de lait maternel aux commissures des lèvres ;

La tiédeur encore chaude des bras qui l’ont tenu

Et puis le cri sans fin de celle qui est lui

Et puis le cri sans fin et la chute amortie

 

 

 

« Je respire on respire et je crie pour qu’on crie »

C’est une belle leçon pour une vie avortée.

Lorsque le nourrisson a cessé de vagir

Il n’avait plus de tête et plus rien pour souffrir.


 

Fausse route

 

Et si je décidais, brusquement, d’arrêter…

Non, je ne suis plus moi et je ne suis plus là

Une simple indifférence, le monde m’est étranger

Je refuse le jeu, il n’y a plus d’ici bas.

 

 

 

Vois, mes yeux sont vides et mes mains crevassées

N’ont plus besoin de crème, j’ai tué l’à venir.

Plus de corps social, mon enveloppe est gercée

Je torture ma carcasse parce qu’il faut en finir.

 

 

 

Je retourne en mon sein, visionne des images

Coupées de ton réel, qui endorment ma rage

Déserts de sable bleu, paysages de pierre…

 

 

 

Courons jusqu’au chemin où coule encore mon sang.

Sur l’autel des ratés, j’ai croisé mon néant.

Ma folie était folle ; je n’ai plus de marche arrière…


 

août 4

"Mais c'était en amie..."

Mais c’était en amie que je venais vous voir

Et j’avais apporté de belles fleurs des champs

J’avais laissé chez moi mon manteau de cafard

Pour être plus légère, plus jolie que le vent.

 

 

 

Je venais raconter ce que j’avais trouvé

L’aurore qui se lève juste derrière le ruisseau

Et qui devient clarté lorsqu’elle court dans le pré.

A travers les feuillages le jour me semblait beau.

 

 

 

Il a fallu pourtant que vous vous enfermiez…

A travers le volet vous m’avez regardée :

J’ai jeté le bouquet aux pieds de la statue.

 

 

 

Vous m’avez fait penser aux hommes de la vallée

Un cauchemar éteint venait de s’allumer…

Il fallait peu de choses, seulement que je vous tue.

"Il y avait trois enfants..."

Il y avait trois enfants sur le bord de son cœur

Trois petits galopins qui respiraient par elle

Qui soutenaient sa traîne, étoiles d’or et dentelle

Tout sérieux dans leur rôle de rédempteurs des peurs.

 

 

 

Un amour de diamant, étincelant et dur

Une neige éternelle perdue sur un glacier

L’étendue d’une plaine qui va être moissonnée.

L’écart de ses deux bras pouvait contenir ça.

 

 

 

Une paroi de granit à l’unique fissure

L’immensité d’un ciel éclairé par la lune

Un océan de forces qui bat et qui rassure.

Elle leur était cela, elle était tout et Une.

 

 

 

Alors quand on m’a dit comment elle avait fait

Pour noyer les petits et étrangler le grand…

Quand on m’a raconté quels étaient ses méfaits

Avec deux autres enfants quelque quinze ans avant…

 

 

 

J’ai lavé les endroits où elle était passée

A la javel pure, jusque dedans la cour

Et puis j’ai secoué ce qu’elle avait touché

Afin que disparaisse toute poussière d’amour.