Oralité

 

 

 

Je me souviens d’un chant qui n’a plus de paroles

Qui dit Lalalala sur un air tristounet.

La terre dure de l’hiver accouche de rigoles

Qui craquelle la boue dans un bruit de rouet.

 

 

 

Bien sûr qu’il y a le sang de ceux qu’on égorgea

Mais il s’éteint déjà caché dessous la glace

Bien sûr qu’il y a la laine de celle qui tissa

Pour ne pas voir, au jour, les corps jonchant la place.

 

 

 

Le matin était sale, les cadavres étaient gris

Mais Rosita chantait pour son chat Mistigri

Pour son enfant à naître, elle disait Lalala.

 

 

 

Elle n’était pas poète, ne s’est jamais servi

De l’immortalité pour avoir un sursis ;

Mais ce soir je suis là, et je vois, Lalala.