"Mon sourire est si las..."

Je suis grave, ô ma mère, j’ai la tristesse des grands

Explorateurs qui ont trop voyagé et vu

Trop de cités pillées et ravagées devant

Leur avancée.

                        J’ai la gravité des malvenus.

 

 

Mon sourire est si las que mes cheveux blanchissent.

Mon œil a la sagesse désabusée des vieilles

Edentées qui ont beaucoup donné et glissent

Du regard devant la vanité, vomissant

                                                              Des merveilles.

 

 

Il n’y a guère que mes doigts qui vivent en se nouant.

Je serre un élastique que je roule et déroule

De manière mécanique, sans décider comment

Il deviendra quand je serai trop saoule.