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06 décembre 2011

Le discours de Sankara étudié en classe ...

Aujourd'hui nous avons étudié le discours de Sankara prononcé le 29 juillet 1987 (http://blog.crdp-versailles.fr/histargeo/index.php/post/05/12/2011/Apr%C3%A8s-la-colonisation-%3A-le-discours-de-Thomas-Sankara-juillet-1987)

Vous pouvez retrouver l'extrait montré en classe à cette adresse : http://www.dailymotion.com/video/x17idb_discours-de-thomas-sankara-a

Voici ce qu'on pourrait retenir sur ce texte : 

1. Sankara est un pan-africaniste : ce discours est prononcé lors d'un sommet de l'OUA, organisation de l'Union Africaine. L'OUA a été créée en 1963 a à pour but de promouvoir d'une part l'unité et la solidarité des peuples africains, d'autre part d'empêcher les puissances occidentales de porter atteinte à sa ouveraineté, par des ingérences d'ordre économique / politique ou militaire). Sankara entend bien faire vivre l'OUA, comme le montre le premier paragraphe, dans lequel il ironise sur l'absence de certains pays africains. 

2. Sankara est un anti-impérialiste, en rupture avec les autres présidents de l'Afrique de l'Ouest, qui se montrent plus dociles envers la France, leur ancienne métropole. Ces chefs d'Etats voient Sankara comme un jeune révolutionnaire (il a 38 ans quand il prononce ce discours). Cependant, on voit qu'ils sont séduits par son charisme et son discours très libre sur les occidentaux ... il utilise un vocabulaire très imagé comme "baillements" ou "casino". Il utilise pour qualifier les Occidentaux de divers adjectifs peu flatteurs :  "colonisateurs, néocolonisateurs, assassins techniques, impérialistes, rusés, fourbes, tricheurs". 

Ces attaques contre l'impérialisme occidental le situent dans le mouvement des non alignés, mouvement qui a pris naissance en 1955 lors de la Conférence de Bandoung en Indonésie, et à laquelle participent les dirigeants des pays nouvelles décolonisés d'Afrique et d'Asie. Cette conférence est dominée par les interventions du chinois Chou En Laï et du 1er ministre indien Nehru. Les principes exprimés sont : trouver une soldiarité entre tous les pays qu'on appelle désormais le Tiers Monde / Etre neutre entre les deux grands (c'est la guerre froide) / poursuivre la lutte anti-coloniale notamment en Afrique. Cette conférence est suivie en 1961 de la Conférence de Belgarde, sous l'égide de Tito. Le mouvement prend ensuite progressivement de l'ampleur (1964 47 pays membres, 1973, 75 pays membres ...).

3. Sankara est un tiers-mondiste : le tiers mondisme consiste à rendre les Occidentaux responsables des difficultés de développement du Tiers Monde. Pour Sankara, les Africains connaissent ces difficultés car ils sont endettés. Or selon lui, ils n'ont pas voulu cet endettement, il leur a été imposé par les anciennes puissances coloniales. Les africains n'ont donc pas à payer leurs dettes : car sinon ils vont mourir (argument pragmatique) / car ce que les Européens appellent une dett est en réalité un investissement, qui n'a don pas à être remboursé / et car ce sont les Européens qui sont endettés envers eux : la dette du sang (argument moral). L'argument pragmatiqe est aussi utilisé par la ministre de Norvège, qui arrive à une conclusion moins radicale : il faut réduire la dette des africains.

Conclusion : la réception du texte : 

- à court terme les chefs d'Etats semblent séduits : bien que réticents envers Sankara ils sont séduits par son charisme et le ton libre de son discours : on entend rires et longs applaudissements

- quelques mois plus tard il est assassiné, dans des circonstances encore non élucidées. L'assassinat a sans doute été organisé par celui qui était considéré comme son frère, Blaise Compaoré, peut-être avec la complicité de la France, peut-être avec l'aide de Khadafi (oui, Khadafi, d'où ma confusion en cours tout à l'heure ...) ... cela illustrerait alors la division des Africains entre eux, loin du rêve panafricain de Sankara. le mouvement des non alignés connait la même infortune, l'apparente unité du mouvement montre rapidement ses limites. 

- 15 ans après ce discours, il a été décidé un moratoire sur la dette africaine ... Cependant, cela ne résoud pas les difficultés financières de l'Afrique comme le montre le film Bamako, dont nous avons visionné des extraits en classe quand on a fait le cours sur la mondialisation (http://blog.crdp-versailles.fr/histargeo/index.php/post/01/10/2011/Bamako)

-  aujourd'hui, son discours connait une fortune diverse : alors qu'en Afrique, Sankara représente un véritable mythe, en France, son nom est inconnu ou presque ... (en tout cas quand je vous ai posé la question, aucun d'entre vous ne le connaissait) mais ça et là, on assiste sur des blogs à des tentatives pour le faire connaître : par exemple celui-ci :http://www.les-crises.fr/ils-ont-joue-ils-ont-perdu/ (regardez la longueur des commentaires qui témoigne de l'actualité du sujet !) ou celui-ci http://polytricksss.blogspot.com/2008/04/les-discours-politiques-de-t-sankara.html On peut penser que ce regain d'intérêt s'explique en partie sur l'actualité que prend le discours de Sankara aujourd'hui, la dette et son remboursement étant devenu un problème occidental ... (crise des subprimes aux EU en 2008 / crise en Europe aujourd'hui ...) (à ce sujet je vous recommande le documentaire Inside Job ...). Il a également conduit 21 députés français, en août 2011, à demander à « faire le point sur le rôle des services de renseignement français, sur la mise en cause de la responsabilité de l’Etat et de ses services »...

La fiche de révision colonisation / décolonisation

Voici ci-dessous les grands axes du chapitre ...

Je vous joins également des fiches de révision trouvées dans le manuel histoire tale Hatier p. 149 et p.177 que je trouve très bien faites ...

Lire la suite...

Majorité socialiste au Sénat : un blocage institutionnel ? Troisième Partie

A Rebecca, Claire et Camille maintenant de rédiger la synthèse :

1. Camille montre dans une première partie que le fait qu'il y ait une majorité socialiste au Sénat ne crée pas de blocage institutionnel et donne les arguments

2. Rebecca et Claire rédigent la dexuième partie et montrent comment les socialistes peuvent se servir de leur tribune au Sénat pour remettre en cause le bilan de la droite et promouvoir leur programme ... Pour cela donnez des exemples en vous basant sur le travail fait par vos camarades, aux deux adresses ci-dessous

http://blog.crdp-versailles.fr/histargeo/index.php/post/08/11/2011/Le-S%C3%A9nat-%3A-un-basculement-%C3%A0-gauche%2C-une-situation-in%C3%A9dite-...-comment-la-g%C3%A9rer

et http://blog.crdp-versailles.fr/histargeo/index.php/post/25/11/2011/Majorit%C3%A9-socialiste-au-S%C3%A9nat-%3A-un-blocage-institutionnel-2%C3%A8me-partie

Enquête sur le reportage (suite)

Pendant les vacances de Noël, vous devez m'envoyer par mail un article sur le travail qu'on a fait sur le reportage.

Dans cet article, vous devez expliciter la question qu'on s'est posée (qu'apporte les images au Journal télévisé ?) et indiquer l'intérêt de cet question (en faisant le rapport avec les autres médias, presse écrite et radio, qui eux n'ont pas le support de la vidéo).

Puis vous devez indiquer quelle méthode nous avons suivi pour répondre à cette question (visionnage de reportages sans le son, écoute de reportages sans l'image). Vous pouvez citer un extrait des commentaires postés dans le billet précédent (http://blog.crdp-versailles.fr/histargeo/index.php/post/29/11/2011/Le-journal-t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9-%3A-enqu%C3%AAte-sur-le-reportage-...). Indiquez comment on aurait pu améliorer cette méthode (travail plus rigoureux avec dérushage des images et transcription du texte, mi l'un en face de l'atre dans un tableau, comme proposé à cette adresse (http://www2.presse.ac-versailles.fr/Pedago/Tv/Reportage01.htm : voir en bas, cliquer sur le document 2)

Puis vous devez apporter des éléments de réponse : l'image est redondante par rapport au texte, elle propose des graphiqes, des chiffres, des cartes, qui sont en fait .. du texte ; elle est illustrative ; voire elle fait du remplissage ...

Enfin, vous devez conclure, en montrant que vous n'êtes pas les seuls à vous être questionnés sur le rapport entre le texte et l'image : ainsi Chris Marker, dans Lettres de Sibérie (vous pouvez revoir la scène qu'on a vu en classe ici : http://www.dailymotion.com/video/x56z08_extrait-lettres-de-siberie-chris-m_shortfilms), film de 62 mn réalisé en 1957, montre qu'on peut faire dire aux images tout ce qu'on veut (expliquez comment Chris Marker s'y prend pour faire cette démonstration ...).

Voilà ! Le travail est presque déjà fait ... Bon courage et bonnes vacances de Noël ...

PS : en commentaire, Sami nous renvoie vers une vidéo semblable à celle que je vous ai montrée, mais en plus élaborée ...http://www.youtube.com/watch?v=wEdt3_Y8dZk

05 décembre 2011

Après la colonisation : le discours de Thomas Sankara juillet 1987

Voici le texte de Thomas Sankara que vous devez avoir lu pour demain ... N'oubliez pas de faire une recherche sur : qui est Th.Sankara / localisation du Burkina Faso en Afrique / qu'est-ce que l'OUA ...

Extraits du discours de Thomas Sankara à la vingt-cinquième Conférence au sommet des pays membres de l'OUA à Addis-Abeba, le 29 juillet

Je sais que certains ont des raisons valables de ne pas venir. C’est pourquoi je voudrais proposer, Monsieur le président, que nous établissions un barème de sanctions pour les chefs d’Etats qui ne répondent pas présents à l’appel. Faisons en sorte que par un ensemble de points de bonne conduite, ceux qui viennent régulièrement, comme nous par exemple, [Rires] puissent être soutenus dans certains de leurs efforts. Exemple : les projets que nous soumettons à la Banque africaine de développement (BAD) doivent être affectés d’un coefficient d’africanité.[Applaudissements] Les moins africains seront pénalisés. Comme cela tout le monde viendra aux réunions.

Au sujet de la dette des pays africains.

Nous estimons que la dette s’analyse d’abord de par ses origines. Les origines de la dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l’argent, ce sont ceux-là qui nous ont colonisés. Ce sont les mêmes qui géraient les États et les économies. Ce sont les colonisateurs qui endettaient l’Afrique auprès des bailleurs de fonds, leurs frères et cousins.

Nous étions étrangers à cette dette, nous ne pouvons donc pas la payer.

La dette, c’est encore les néocolonialistes ou les colonisateurs qui se sont transformés en assistants techniques. En fait, nous devrions dire qui se sont transformés en assassins techniques. Et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement, des bailleurs de fonds, un terme que l’on emploie chaque jour comme s’il y avait des hommes dont le bâillement suffisait à créer le développement chez d’autres. Ces bailleurs de fonds nous ont été conseillés, recommandés. On nous a présenté des montages financiers alléchants, des dossiers. Nous nous sommes endettés pour cinquante ans, soixante ans et même plus. C’est-à-dire que l’on nous a amenés à compromettre nos peuples pendant cinquante ans et plus.

Mais la dette, sous sa forme actuelle, contrôlée et dominée par l’impérialisme, est une reconquête savamment organisée, pour que l’Afrique, sa croissance et son développement obéissent à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangères, faisant en sorte que chacun de nous devienne l’esclave financier, c’est-à-dire l’esclave tout court, de ceux qui ont eu l’opportunité, la ruse, la fourberie de placer des fonds chez nous avec l’obligation de rembourser. On nous dit de rembourser la dette. Ce n’est pas une question morale, ce n’est point une question de ce prétendu honneur que de rembourser ou de ne pas rembourser.

Monsieur le président, nous avons écouté et applaudi le premier ministre de Norvège lorsqu’elle est intervenue ici même. Elle a dit, elle qui est européenne, que toute la dette ne peut pas être remboursée. Je voudrais simplement la compléter et dire que la dette ne peut pas être remboursée. La dette ne peut pas être remboursée parce que d’abord si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre si nous payons, c’est nous qui allons mourir. Soyons-en sûrs également.

Ceux qui nous ont amenés...ceux qui nous ont conduits à l’endettement ont joué comme dans un casino. Tant qu’ils gagnaient, il n’y avait point de débat. Maintenant qu’ils ont perdu au jeu, ils nous exigent le remboursement. Et on parle de crise. Non, Monsieur le président, ils ont joué, ils ont perdu, c’est la règle du jeu. Et la vie continue. (Applaudissements)

Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous n’avons pas de quoi payer. Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous ne sommes pas responsables de la dette. Nous ne pouvons pas payer la dette parce qu’au contraire les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer, c’est-à-dire la dette de sang. C’est notre sang qui a été versé.

Questions (que nous traiterons en classe, vous n'avez pas à y répondre pour demain !)

1. Présenter le document (contexte, auteur, nature)

2. Th.Sankara dit à plusieurs reprises "nous" ... qui désigne ce "nous" ? Et en quels termes Sankara le caractérise-t-il ? 

2. En quels termes Sankara parle-t-il des Occidentaux ? 

3. Quels sont les arguments utilisés par Th.Sankara pour justifier le fait qu'il ne faut pas rembourser la dette ? En quoi diffèrent-ils des arguments du premier minsitre de Norvège ? 

5. Quelle réception a connu ce discours ? 


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