la classe entre en résistance

Blog réalisé dans le cadre du concours national de la résistance

Journal d'Apoorvaa, juin 44

22juin

Le 22 juin 1944

Cher journal,

Depuis le début de l’année il y a eu de nombreux évènements à te raconter.

Premièrement Gaston, le cousin, a été déporté en Allemagne le 27 avril 1944 dans le convoi 1.206. De même que les autres déportés, il fut transféré à Auschwitz avant d'être expédié à Buchenwald où son numéro de matricule était 53 066. Finalement, il fut transféré au camp de Flossenbürg avec le numéro de matricule 9948.

Secondement Marcel Paul fut tout d’abord livré en février 1944 aux Allemands. Il trouva un moyen d’évasion mais malheureusement celui-ci n’aboutit pas. En conséquence, il fut déporté à Auschwitz où un matricule lui est tatoué. J’ai appris récemment qu’il fut transféré à Buchenwald le 14 mai avec les hommes de son convoi.

Dernièrement je voulais te dire que le 21 mai 1944, Henri Spysschaert avait été déporté par le convoi 1.214 et immatriculé 31 905 au camp de concentration de Neuengamme.

Apoorvaa T

Le journal de Emma W, Janvier 44

10janvier

Le 10/01/44 à Conflans-Sainte-Honorine

Le 7 janvier 1944, Cécile fait partie d’un petit groupe de dix détenues désignées par le commandant d’Auschwitz pour être transféré vers un autre camp. Cela ne doit pas être amusant de voyager de camps en camps. D'ailleurs deux fiévreuses resteront sur place. Elles sont d’abord conduites, en carriole, au Block de quarantaine de Birkenau où elles retrouvent les autres “31000”.

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Cela fait un petit moment que nous n'avions pas eu de nouvelle de Cécile cela m’inquiète et inquiète tout autant sa cousine qui a de plus en plus peur qu'elle n'ait pas survécu aux camps. Elle est peut-être tombée sous la fatigue mais je garde espoir. Tous les soirs, je pense a elle, je prie et espère …

Garde espoir Cécile tu es la fille la plus forte que je connaisse je veux devenir aussi forte que toi plus tard. (Sans affronter tout ce que tu affrontes évidemment)

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Elles sont conduites à la gare. Le commandant du camp des femmes range lui-même leurs valises restituées dans les filets à bagages. Elles arrivent à Berlin, leur groupe emprunte le métro aérien pour passer d’une gare à une autre. Une heure après elles descendent du train pour marcher jusqu’à la porte du camp de femmes de Ravensbrück.

Après la période de quarantaine, elles décident de devenir des Verfügbar. La cousine de Cécile nous a expliqué qu'elles étaient devenues des concentrationnaires sans affectation dans un Kommando de travail. Elles vont déployer un maximum de ruses pour éviter de travailler.

Cependant, 2 anciennes amies à Cécile veulent éviter d’être prises dans des transports vers des Kommandos de travail extérieur. Grâce à des camarades tchèques qui s’occupent de l’embauche, elles se font engager dans l’usine Siemens intégrée au camp. Cécile a marqué dans sa lettre qu'elles vont lui manquer et je la comprends.

EmmaW.

Le journal de Emma W, Août 43

6août

Le 07/08/43 à Conflans-Sainte-Honorine

Le 12 février, les “31000” sont assignées au Block 26, entassées avec des Polonaises. Ils commencent à partir dans les Kommandos de travail. Cécile est affectée à de nombreux Kommandos comme marais, terrassement, jardinage, démolitions, wagonnets, bûcheronnage. Cette femme est tellement courageuse je ne sais pas comment elle fait pour survivre !!

Elle fait partie d’un groupe de six “31000” survivantes qui ont réussi à se maintenir ensemble depuis leur arrivée. Aux cours du mois de mai, elles sont affectées comme jardinières au Kommando agricole de Raïsko avec un groupe de polonaises. Comme elles dorment à Birkenau, elles font le trajet matin et soir, ce qui les amène à traverser les voies ferrées. Un jour, après avoir quitté le camp des femmes, leur marche est interrompue et elles assistent à l’arrivée d’un convoi de familles juives sur le quai de débarquement de la gare de marchandises. En effet, je me dis les pauvres familles entassées dans les convois pendant plusieurs jours sans nourriture, ne pouvant pas se rendre aux toilettes. Je me suis d’ailleurs demandée comment ils faisaient et ma mère m'a répondu, qu’il se faisait dessus, je trouvais cela dégoûtant.

La Résistance parvient à les faire admettre dans les bâtiments de Raïsko, où les conditions de survie sont meilleures : douches, châlits individuels, pas de coups. Le soir du 1er juillet 1943, après y être allées travailler, elles peuvent rester. Cela changeaient des mauvaises conditions de leurs ancien bâtiment. Elles n’avaient plus non plus à marcher pour travailler.

Emma W.

Le journal de Emma W, Août 43

5août

Le 05/08/43 à Conflans-Sainte-Honorine

Toutes passent la nuit du 23 janvier à Royallieu, probablement dans un bâtiment du secteur C du camp. J’essaye de m’imaginer ce qu’elles peuvent penser à des moments comme celui-là mais cela est impossible. Ce qu’elles doivent endurer est juste effroyable. Courage les filles, je pense fort à vous !!!!

Le matin suivant, 24 janvier, les deux-cent-trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne, sur la commune de Margny. Elles montent dans les quatre derniers wagons à bestiaux d’un convoi dans lequel il y a 1450 détenus hommes entassés la veille. Comme les autres déportés, la plupart d’entre elles jettent sur les voies des messages à destination de leurs proches, rédigés la veille ou à la hâte. Elles espéraient peut être une réponse, malheureusement aucune des lettres n’a pu être reçues.

Le train se divise, les garçons partent d’un côté pendant que les filles sont envoyées à la gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir. Le matin après avoir chanté la Marseillaise elles seront enregistrées d’un numéro, celui de Cécile est le 31714. Pendant les deux semaines qui suivent, elles sont restées en quarantaine.

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Cela faisait un moment que la fille de Cécile ne nous avait pas donné de nouvelle. Voici ce qu'elle nous raconta ce soir-là :

Le 3 février, la plupart des “31000” sont amenées à pied, par rangs de cinq, à Auschwitz-I, le camp-souche où se trouve l’administration. Après avoir marché pendant un long moment, elles sont arrivées au camp. Elles y sont photographiées selon les principes de l’anthropométrie : vues de trois-quarts, de face et de profil.

EmmaW.

Le journal de Emma W, Août 43

4août

Le 04/08/43 à Conflans-Sainte-Honorine 

Le 22 janvier 1943, les cent premières femmes otages dont Cécile sont transférées en camion au camp de Royallieu à Compiègne. Le lendemain, cent-vingt-deux détenues du Fort les y rejoignent, auquel s’ajoutent huit prisonnières extraites d’autres lieux de détention.

Emma W.

Le journal de Emma W, Août 43

3août

Le 03/08/43 à Conflans-Sainte-Honorine

Le 20 août, je sais que Cécile faisait partie d’un grand groupe de détenues et ils furent tous transférées au camp allemand du Fort de Romainville. Cécile y est enregistrée sous le matricule n° 643. A ce moment-là je serai dévastée à l’idée de ne plus jamais revoir ma famille mes amies.

Emma W.

Le journal de Emma W, Août 43

2août

Le 02/08/43 a Conflans-Sainte-Honorine

Le 7 juillet 1942 Cécile fut reconnue par un inspecteur qui la suivait. Elle fut conduite dans les bureaux des renseignements généraux de la préfecture de police, puis envoyée au dépôt à la Conciergerie, sous le Palais de Justice.

Emma W.

Le journal de Emma W, Août 43

1août

Le 01/08/43 A Conflans-Saint-Honorine

Ma voisine, dite Cécile, est née dans le Pas-De-Calais et est venue avec ses parent se réfugier à Conflans après 1917. Sa mère faisait plusieurs métiers, elle rentrait tard.

Cécile et son frère faisaient tout tout seul. Cécile, elle, est sortie de l’école à treize ans pour travailler. A Dix-sept ans, elle se maria et à dix-neuf ans, elle eut une fille et à vingt-et-un ans, elle divorça.

En 1941, elle entra dans la résistance communiste. Elle a participé à des activités de propagandes comme le stockage et le transport de matériel. D’ailleurs, le soir je la voyais se promener avec des valises. Moi, je savais ce qu’il y avait dedans : du plomb pour l’imprimerie mais il fallait qu’elle fasse mine que ce n’était pas lourd.

Le 18 juin 1942, tous les imprimeurs sont arrêtés. Désormais elle fournit des tickets d’alimentation aux camarades clandestins de la banlieue parisienne.

Ce qui arrive ensuite, c'est sa cousine qui nous l'a raconté grâce aux lettres qu'elle a reçu pendant l'incarcération de Cécile. Elle  en a reçu après août 1943 lorsque Cécile était placée dans la baraque de quarantaine. Elle pouvait donc envoyer des lettres et recevoir des colis par la croix rouge. Cette histoire m’ayant fasciné, je l’inscris à l’arrière de mon bloc servant à raconter les histoires !!

Emma W.

Le journal de Emma W, Février 43

28février

Le 28/02/1943 à Conflans-Sainte-Honorine

 

En janvier 43 J'ai assisté à l'arrestation de Gaston Le Cousin. C'était un agent SNCF qui habitait à une rue de chez moi. Je le connaissais un peu, il était sympa. Je savais que c'était un agent de liaison car je le voyais donner les carnets de billet femmes de déporté et prisonnier politique. Il a été un an en prison, après cela il a été envoyé dans plusieurs camps comme celui de Romainville. Mais son épouse nous a raconté qu'elle devait une amande de 15,934 €. Celle-ci avait été réclamée après une trahison d'un certain Heroid qui avait été torturé par la Gestapo.

 Emma.W

 

journal d'Apoorvaa T, janvier 1943

24janvier

Le 24 janvier 1943

Cher journal,

environ 1790 personnes dont une dizaine de Conflanais ont été déportées par les allemands vers des camps où ils sont forcés de travailler (STO). Louis Desvignes , lui aussi a été déporté. Je discutais avec lui quand je le croisais. Il me racontait les sabotages dont il faisait partie, sa distribution de tracts et de propagande. Il m'a dit qu'on les appelait "les maquisards". Il me fit jurer de ne rien dire. Il me manque déjà, on venait juste de commencer à devenir ami. Promets moi de ne rien dire.

Apoorvaa T