A Conflans-ste-Honorine, le 31 décembre 1944

Léanne B.

Aujourd'hui, c'est le dernier jour de l'année 1944. Cette année qui, comme les deux autres, a été pleine de rebondissements, plus de mauvais que de bons. J'ai appris avant-hier que Mathéo Esturo, le commerçant qui tient le magasin d'électricité au 38 rue Maurice Berteaux, avait abrité des parachutistes anglais, autrement dit des forces alliées ainsi que deux prisonniers russes. Quelle ne fut pas ma surprise quand on me l'a dit ! Cet homme, qui est en apparence calme et sans problème, est en fait un fervent résistant. L'amie qui m'en a parlé m'a également annoncé qu'il était aidé d'Albert Gilbert, le boucher d'en face, avec qui il s'était engagé dans l'Organisation Civile et Militaire de Conflans, grâce à l'aide du commissaire René Caillou. Tout le monde chuchote leurs noms, à voix basse bien entendu, pour vanter les mérites des héros qu'ils sont dans nos coeurs. La résistance est partout, sous toutes les formes. Et nous, enfants et ados, nous les admirons, ces hommes et ces femmes qui ont le courage de se rebeller. Un jour, j’aimerai être des leurs !