Tout d'abord, il faut distinguer comédie et tragédie. En effet, dans la comédie, l'action est plus rythmée, plus au centre du spectacle alors que la tragédie se nourrit essentiellement de paroles qui font appel à l'imagination . Les auteurs de comédies privilégient un certain nombre de procédés d'écriture qui se déclinent de siècle en siècle comme le quiproquo , l'aparté ou le personnage caché . La dimension comique naît ainsi de la supériorité du spectateur qui a eu accès à des informations cachées à l'un des personnages ; parfois, cependant , le spectateur lui aussi, va être surpris par des révélations inattendues  ou des retournements de situations qu'on nomme coups de théâtre . Voyons comment Molière met en scène le début de Georges Dandin : ce dernier  est un  riche bourgoeois qui a choisi d'épouser une  femme originaire de la noblesse pour posséder son titre ; méprisé par son épouse, il regrette ce mariage et surprend un homme qui sort de chez lui ; cet émissaire , sort d'entremetteur masculin, était porteur d'un message de son maître qui courtise la dame du logis; sans connaître l'identité de son interlocuteur, il lui confie l'objet de sa mission et le public se trouve alors das une position où il peut rire la situation de dupe de Georges Dandin et de l'imprudence du valet, trop bavard . Non seulement  le personnage principal est présent sur scène dès relever du rideau et l'objet de la comédie est connu d'emblée : il va être question du mariage et particulièrement du mariage d'intérêt, souvent au centre de la comédie avec Molière .  Le comique va s'exercer , semble-t-il, aux dépens du héros et le monologue du ce dernier a la valeur d'un prologue " j'aurais bien mieux fait tout riche que je suis de m'allier en bonne et franche paysannerie, que de prendre une femme qui se tient au-dessus de moi." Le spectateur est plongé dans le vif du sujet et la dimension spectaculaire peut tenir aux apartés qui inaugurent la scène de rencontre entre Lubin et Georges. Dans Le Barbier de Séville , Beaumarchais pousse encore plus loin la dimension visuelle et sonore du spectacle en introduisant un personnage de valet-chanteur .

  Les deux entrées en matière se ressemblent d'ailleurs beaucoup : dans les deux cas, un personnage est seul sur scène au lever du rideau et il en rencontre un autre quasi immédiatement après avoir, au moyen d'un monologue, transmis des informations essentielles au public. Le Comte tient à ce que son identité demeure secrète car il souhaite être aimé pour lui -même et il a fui les plaisir faciles . Le public s'attend donc à voir évoluer son histoire d'amour avec Rosine et se demande quel rôle va pouvoir y jouer son ex-valet Figaro. Beaumarchais a ici organisé des retrouvailles entre deux personnages dont les rapports sont transformés car ils n sont plus maître -valet mais vont devenir complices au sien d'une machination contre le vieux docteur Bartolo qui séquestre la jeune Rosine ; La dimension spectaculaire de l'entrée en scène de Figaro est  liée à son activité de compositeur ; il cherche les paroles de sa nouvelle chanson et le dramaturge peut concilier ainsi comique de situation et comique de geste. Figaro est ainsi rattaché au caractère traditionnel du valet amoureux de la bouteille , cliché comique depuis la comédie antique et médiévale. 

L'entrée en scène imaginée par Musset pour  son drame romantique ,On ne badine pas avec l'amour, , emprunte elle aussi des clichés dramaturgiques ; l'auteur s'inspire de la tradition antique et réintroduit le personnage du choeur sur scène comme une sorte de  récitant qui présente le personnages ; Il s'agit de mettre en scène l'entrée rocambolesque de deux serviteurs qui précèdent leurs maîtres, les héros de la pièce , Camille et Perdican. Leur portrait est construit sur des ressemblances et une opposition. Le comique de caractère est très présent .  Cependant la dimension visuelle pourrait ne pas être traduite par la mise en scène comme dans une tragédie ou ce qui est hors scène est pris en charge par les paroles des messagers . En effet, les commentaires du choeur ont une dimension poétique incontestable et Musset prétendait écrire du théâtre sans tenir compte des contraintes scéniques . De plus, le drame romantique mêle des aspect traditionnels empruntés à la comédie avec des éléments qui s'apparentent davantage au spectacle tragique ; On peut évoquer le ton prophétique du choeur qui évoque une menace future   "Puissions -nous retrouver l'enfant dans le coeur de l'homme " ou les prières de dame Pluche . Le dramaturge met en place une annonce spectaculaire qui retrace ainsi l'apparition des héros, annoncée par leurs serviteurs. 

A première vue, rien de spectaculaire dans l'entrée en scène des vagabonds Vladimir et Estragon, créatures imaginées par le dramaturge Samuel Beckett pour figurer l'angoisse de l'homme contemporain confronté à l'absence de Dieu. L'espace scénique est  quasi vide : une route à la campagne avec arbre autant dire n'importe où et les  descriptions des personnages sont réduites à quelques accessoires symboliques: des chaussures trouées , un chapeau , une démarche clownesque " à petits pas raides, les jambes écartées " . Pourtant le dramaturge prend soin de chorégraphies l'échange laconique entre les deux personnages et instaure un espace de contradiction qui ne laissera pas le public insensible; paroles et gestes ne sont plus accordés : Vladimir veut embrasser son ami et lui tend la main ; Estragon feint de donner des précisions sur le fossé où il a passé la nuit mais son geste reste en suspens.  (sans geste ) " par là " Le public assiste à une sorte de ballet  silencieux composé de gestes  du quotidien  : lenver ses chaussures, ôter et nettoyer son chapeau ) et ces petits riens donnent à l'apparition des deux héros une dimension spectaculaire.  De plus la relation être eux est complexe et paraît instable : à la différence de l'amitié solide de Pylade et Oreste présentée comme inamovible dans la scène d'exposition de la  tragédie de Racine , la relation entre Vladimir et Estragon oscille sans cesse de l'affection à l'animosité . Le théâtre de Beckett nous donne ainsi à voir ce que nous sommes : il nous réfléchit en même temps qu'il nous pense .