L'enquête de voisinage recueille les témoignages des proches : ils sont tous là ! Odile, la meilleure amie de Marlène Rivière reprend le rôle d'Oenone et sa parole nous parvient sous la forme de sms et de mails ; son influence est trouble comme dans la tragédie racinienne ; Que veut-elle ? Protèger son amie : on peut en douter; Marlène Rivière, la belle-mère du défunt est présentée comme dépressive : malade, elle ne sort plus, traine en robe de chambre et a perdu toute joie de vivre ; Ce mal mystérieux qui la ronge , nous le connaissons bien.. Epouse de Thierry Rivière, le père d'Hyppolite, elle est au courant de l'impressionnant "tableau de chasse" de son mari  mais semble peu s'en soucier;  elle a pendant très longtemps tenu son beau-fils à l(écart du domicile familial ; On prétend que cet enfant serait né d'une liaison de Thierry avec une "amazone " Au café des sports, les langues se délient et les ragots vont bon train; Hippolyte venait d'arrêter l'équitation et la chasse, ses deux loisirs favoris; on prétend qu'il s'était amouraché d' Amélie Chaillé (alias Aricie ) , la fille d'un concurrent ; Quant à l'étrange absence de Thierry Rivière, notable local,à la tête d'une usine de plasturgie , certains disent qu'il est parti prendre du bon temps dans un palace monégasque; d'autres qu'il aurait été retenu en otage par des syndicalistes lors d'une négociation une "peu chaude" ; Coup de théâtre : le retour du père se fait dans une ambiance glaciale; Hippolyte demande à être envoyé en mission à l'étranger et Marlène reste cloîtrée dans sa chambre. C'est à peine croyable  ! Le jeune homme aurait abusé de sa belle-mère ... la suite , vous la connaissez ; Pour Marlène, ce sera également la fin du voyage; Sa quatrième tentative de suicide sera couronnée de succès .. et  Thierry sera hospitalisé pour soigner une forte dépression .

Au fur et à mesure que l'enquête avance, le personnage de la journaliste , se transforme peu à peu en Phèdre;  L'identification se fait peu à peu ; elle aurait été victime d'un chagrin d'amour . Vêtue d'une robe rouge incandescente, elle fait entendre, vocalement et musicalement, la voix de Phèdre ; Chaque passage de la pièce est orchestré différemment par le compositeur Gilles Montfort : slam, harmonies naturelles , grandes orgues, boîtes à rythme , opéra, chorus nous font vibrer et tentent de transmettre les émotions du personnage ; le final  qui reprend les paroles d'une chanteuse tunisienne, égérie du printemps arabe ,est particulièrement réussi et nous transporte dans l'univers antique; Les élèves d'ailleurs, ont pensé à du grec, et à de l'hébreu; La conclusion de l'enquête laisse différentes pistes d'interprétation : suicide après une dispute violente avec son père, assassinat commandité par le patriarche , sabotage du véhicule,  ou stupide accident lié à une erreur de trajectoire à cause de la pluie. L'alternance du récit et du chant rythme efficacement le spectacle et s'il est préférable de connaître la pièce pour apprécier toutes les subtilités de son adaptation moderne , un public moins averti, appréciera la mise en musique des alexandrins . Un moment de plaisir partagé qui prouve que Racine est toujours d'actualité.

Dans notre époque où on parle beaucoup de libérer la parole, il est intéressant de noter que Racine, en 1677, fonde sa tragédie sur un triple aveu et que ces paroles qui se libèrent vont avoir des conséquences terribles lorsque le mensonge et les fausses accusations  cheminent de concert ; pour découvrir la compagnie et avoir plus d'informations sur leurs spectacles, n'hésitez pas à cliquer sur ce lien :

https://www.ilot-theatre.com/