avr.21
L'homme dans la guerre
dans la catégorie Première
L'homme organisé en société a toujours fait la guerre et il continue aujourd'hui encore à en parler : sujet central, thème , ou parfois simple toile du fond d'un nombre incalculable de récits, romans, poèmes, pièces de théâtre, la guerre ne cesse de faire couler beaucoup de sang et d'encre . Chants de guerre, épopées, souvenirs romancés , témoignages , poèmes de combats, célébrations de victoires ou amertume de la défaite : la guerre peut être évoquée de multiples façons. La Peinture de batailles a été longtemps un genre noble. Nous vous proposons un petit tour d'horizon de quelques guerres survenues entre le siècle des Lumières et celle qui devait être la "der des der " et qui ne fut que la première des Deux grandes guerres mondiales qui ensanglantèrent le siècle passé .
Dans nos extraits de romans, nous nous intéresserons essentiellement aux effets que la guerre produit sur le personnage lorsqu'il se trouve sous le feu, au coeur de la mêlée. Beaucoup de romanciers , en effet, montrent l'homme au coeur de la tempête de feu et dans nos extraits, le regard porté sur la guerre , est le plus souvent, un regard critique . Le roman, peu à peu et en commençant par le conte philosophique inventé épar Voltaire en 1759, devient l'objet d'une désacralisation de la guerre .Voltaire, dans le troisième chapitre de Candide consacre une réflexion à la guerre en imaginant son héros, un jeune et naïf apprenti philosophe, témoin d'un horrible massacre entre deux peuples voisins : les avares et les bulgares. L' oxymore en traduit toute l'ambiguïté : la guerre est soudain présentée comme une "boucherie héroïque " sans panache et sans véritable héros.
Les multiples évolutions technologiques de la guerre modifient sensiblement le rapport du guerrier au combat ; en effet, les chevaliers démontraient leur bravoure dans l'affrontement individuel et méprisaient les armes de jet qui permettaient de tuer à distance sans qu'on puisse voir son ennemi . Courageux ou couard, le soldat au vingtième siècle reçoit les mêmes obus et les mêmes bombes sur le champ de bataille. Dans l'enfer du front et des tranchées, le soldat moderne ressent sa nudité face aux machines;
Au coeur des grands affrontements, quand les lignes de front se comptent sur des centaines de kilomètres, la valeur individuelle des combattants s'estompe au profit de l'effort collectif et la vision même du combattant s'en trouve modifiée. Les exploits individuels des héros d'autrefois s'incarnent désormais au cours de certaines missions périlleuses, dans les troupes d'élite, les commandos ou les aviateurs. La littérature a longtemps négligé les hommes de troupe pour ne retenir que les exploits des chefs de guerre mais au cours du vingtième siècle, le simple soldat va peu à peu conquérir ses galons et paraître au premier plan des romans: c'est la victoire des humbles, des jeunes officiers parfois qui vivent avec leurs hommes et de tous ceux qui sont sous le feu .Jusqu'au milieu du dix-neuvième siècle environ, disons jusqu'à la défaite de Waterloo, les romans montraient surtout la bravoure et les hauts faits des combattants et mourir au champ d'honneur pouvait apparaître comme la plus belle des morts. Au siècle précédent ,quelques voix déjà comme celle de Voltaire, par exemple, s'étaient élevées pour dénoncer les horreurs des guerres de succession mais il faudra attendre l'époque moderne pour enregistrer le déclin du personnage du glorieux guerrier. Les soldats qui reviennent vaincus ou vainqueurs ont connu le froid, la faim, la peur et garderont des séquelles de leurs années de guerre. Les cadavres sont souvent montrés avec force détails: odeur, aspect, position, pour nous inspirer l'horreur. Les cris des blessés, des mourants, le travail des médecins se retrouvent constamment dans les romans actuels. Quant aux sentiments les plus mentionnés, citons la fraternité et son contraire la haine, la peur et la compassion. La guerre demeure une aventure humaine fascinante : expérience dangereuse, elle est un pari avec la mort et continue à en fasciner certains parce qu'elle nous fait toucher aux limites de notre condition humaine.