Entrainez -vous à remodeler vos notes à partir de cet extrait du site Prépabac consacré au texte de Montaigne, dans une traduction qui diffère quelque peu de celle du texte original; Apprenez à réutiliser les documents et les plans pour traiter différentes questions sur une lecture analytique. N'oubliez pas que l'essentiel consiste à parler du texte, de ce que l'auteur entend démontrer et de la manière qu'il utilise pour le faire. Concentrez vous sur la question de l'examinateur et donnez des réponses claires, structures et qui prennent appui sur les lignes et citations du texte.

Extraits du site Prépabac T 1 Montaigne

Trois d’entre eux, ignorant combien coûtera un jour à leur repos et à leur bonheur la connaissance

des corruptions de deçà, et que de ce commerce naîtra leur ruine, comme je présuppose qu’elle soit déjà avancée, bien misérables de s’être laissé piper au désir de la nouvelleté et avoir quitté la douceur de leur ciel pour venir voir le nôtre, furent à Rouen, du temps que le feu roi Charles neuvième y était. Le Roi parla à eux longtemps; on leur fit voir notre façon, notre pompe, la forme d’une belle ville. Après cela, quelqu’un en demanda leur avis, et voulut savoir d’eux ce qu’ils y avaient trouvé de plus admirable; ils répondirent trois choses, d’où j’ai perdu la troisième, et en suis bien marri; mais j’en ai encore deux enmémoire. Ils dirent qu’ils trouvaient en premierlieu fort étrange que tant de grands hommes, portant barbe, forts et armés, qui étaient autour du Roi (il est vraisemblable qu’ils parlaient des Suisses de sa garde), se soumissent à obéir à un enfant, et qu’on ne choisisse plutôt quelqu’un d’entre eux pour commander; secondement (ils ont une façon de leur langage telle, qu’ils nomment les hommes moitié les uns des autres) qu’ils avaient aperçu qu’il y avait parmi nous des hommes pleins et gorgés de toutes sortes de commodités, et que leurs moitiés étaient mendiants à leurs portes, décharnés de faim et de pauvreté; et trouvaient étrange comme ces moitiés ici nécessiteuses pouvaient souffrir une telle injustice, qu’ils ne prissent les autres à la gorge, ou missent le feu à leurs maisons.

Je parlai à l’un d’eux fort longtemps; mais j’avais un truchement qui me suivait si mal et qui était si empêché à recevoir mesimaginations par sa bêtise, que je n’en pus tirer guère de plaisir.

Sur ce que je lui demandai quel fruit il recevait de la supériorité qu’il avait parmi les siens (car c’était un capitaine, et nos matelots le nommaient roi), il me dit que c’était marcher le premier à la guerre; de combien d’hommes il était suivi, il me montra une espace de lieu, pour signifier que c’était autant qu’il en pourrait en une telle espace, ce pouvait, être quatre ou cinq mille hommes; si, hors la guerre, toute son autorité était expirée, il dit qu’il lui en restait cela que, quand il visitait les villages qui dépendaient de lui, on lui dressait des sentiers au travers des haies de leurs bois, par où il pût passer bien à l’aise.

Tout cela ne va pas trop mal: mais quoi, ils ne portent point de hauts-de-chausses!

A quels éléments du plan correspondent les couleurs du texte  ?

Le témoignage : récit d'une expérience

La dimension critique

L' ethnocentrisme des français

Le regard des Brésiliens

Nous allons étudier un extrait des Essais, I.31 de Montaigne, Michel de Montaigne est né en 1533-1592, intitulé des cannibales. Les Essais forment un ensemble de 107 chapitres répartis en 3 livres. Montaigne écrit cet ouvrage afin de mieux se connaître, en mettant son jugement à l’épreuve sur toutes sortes de sujets.

A la lecture du chapitre 31 du livre I, nous comprenons que les hommes rejettent facilement ce qui ne correspond pas à leurs mœurs. On a ainsi appelé «Barbares Cannibales» les habitants du Brésil, qui ne connaissent ni lettres, ni sciences mais qui ignorent aussi les vices. La fin du chapitre inverse cette perspective en présentant 3 brésiliens venus visiter la France et qui ont été choqués par l’inégalité des conditions entre les hommes. D’où la question à laquelle nous répondrons:

Prob: Comment Montaigne parvient-il grâce à la vision du barbare à critiquer sa propre société?

 

I - Une argumentation presque scientifique

A - Déconsidération de la France

Montaigne s’interroge sur les mœurs des indiens et des Européens

Particulièrement sur la culture : civilisation européenne

- Une modernité représentée par le vice et la corruption

- La civilisation barbare : simple, naturelle et heureuse

Montaigne présente le vrai visage de la France et critique sa propre culture

La France est peu tolérante envers les autres cultures.

B - Un texte démonstratif ou une démonstration 

Il observe, il est témoin de la venue des indigènes.

Cet essai ressemble à une expérience.

Le raisonnement est vigoureux : on le voit à travers la typographie, la disposition des paragraphes.

Présence de connecteurs logiques, ce qui témoigne d’une progression dans la réflexion, cette dernière se fait par étapes successives.

La présence du dialogue (paroles rapportées) sonne comme une preuve scientifique car il s’appuie sur des faits réels.On peut presque l’associer à un scientifique.

 

II - La valorisation des chefs cannibales.

 A - Un système de vie positif

- Les indiens sont courageux. Ils marchent les premiers à la guerre.

Ils sont simples, respectueux.Leur organisation politique fonctionne, elle n’est pas centrée sur elle-même ou sur un individu.Ils sont justes, n’aiment pas l’inégalité.

 B - C’est un peuple de raison qui a un jugement raisonné

Ils font preuve de raison car ils sont capables de porter un jugement sur la politique européenne.

Enfant : cela n’est pas normal qu’un enfant soit au pouvoirIls sont la capacité de nuancer leurs propos.

 

III - Montaigne critique sa propre culture

 A - L’opposition entre deux civilisations

 Il oppose l’orgueil des chefs européens à la simplicité des chefs cannibales.Il oppose l’intelligence des indiens à la bêtise des européens qui sont trop superficiels et cherchent trop l’apparence et les richesses.Il oppose un monde paradisiaque à un monde de vices.

 B - Une critique des exagérations de la culture des Européens

 Montaigne en réalité critique le principe de la monarchie qui se fonde sur l’hérédité à travers ses Essais. Le fait que le fils du roi soit obligatoirement le futur roi.

Il critique la société fondée sur le paraître.

 

Conclusion et ouverture :

Montaigne a réussi à nous convaincre et à nous persuader. Il semble sceptique sur sa propre culture et prend le parti des Indiens. Sa réflexion se retrouvera plus tard au 18ème siècle. Ce n’est pas tant pour valoriser la culture indienne mais pour véhiculer un message à dimension philosophique de tolérance.Il dénonce l’ethnocentrisme, c'est-à-dire, la croyance que le peuple dont nous faisons partie possède la vérité, la justice et les bonnes mœurs

On peut rapprocher ce texte de «supplément au voyage de Bougainville» de Diderot. Il s’agit de déplacer la vision ethnocentriste.Montaigne s’intéresse avec curiosité à la découverte de l’Amérique. Il se passionne pour les récits des colons ou des missionnaires et les témoignages directs: inaugurant un discours d’anthropologue, il décrit la vie des sauvages en s’efforçant de dépasser les préjugés. Non seulement leur civilisation soutient la comparaison avec la nôtre, mais elle remet en question la notion même de civilisation: les plus barbares ne sont pas ceux que l’on croit! L’examen de la vie de l’autre permet de relativiser ses opinions et autorise ainsi une satire de la société du temps.