Dans notre premier extrait situé à l'acte III, scène 1 , le spectateur assiste à la mise à sac du royaume d'Espagne déliquescent par une bande de conseillers malhonnêtes qui ne songent qu'à comploter, qu'à s'enrichir à titre personnel, à profiter des avantages liés à leur fonction sans jamais se soucier du bien public ou des intérêts collectifs; Hugo fait donc la satire d'un mode de gouvernance fondé sur l'ambition . Les Grands y sont dépeint issu un jour critique : ils complotent, se déchirent et se jalousent les uns les autres. Leurs marchandages nous paraissent abjects et leur âme vile. le plan d'étude peut se fonder sur la dimension critique avec une question du type : quelle est la visée critique de cette scène ? il s'agit alors de répondre en proposant une organisation qui montre les différents aspects de la critique : critique des courtisans, leurs complots, leurs marchandages, leur appât du gain et leur pouvoir de nuisance sur le royaume : découpé, affaibli et qui leur appartient totalement : ils sont présentés comme des prédateurs avides et la scène se termine par une querelle qui les divise ; 

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C'est alors qu'intervient le héros et son entrée en scène constitue l'un des sommets du drame : sa longue tirade fustige les Grands et se présente comme un réquisitoire (acte d'accusation) contre leur vilenie; Le héros , sous l'habit de Don César de Bazan, fustige les vices dépeint et dresse un tableau pathétique du déclin du pays moribond, sous les coups portés par les ministres; Hugo y dévoile également sa critique du gouvernement de la Restauration. le plan d'étude de l'extrait qui va du début jusqu'à "L'Espagne est un égout où vient l'impureté de tout nation "  peut se fonder sur les différents aspects de la critique ; Voilà quelques titres possibles de parties : une accusation véhémente ou éloquente avec le relevé des procédés oratoires et de la violence des accusations proférées par Ruy Blas , un tableau pathétique de la situation avec la diminution du territoire, son affaiblissement provoqué par les décisions politiques les guerres incessantes (L'Etat est épuisé de troupes et d'argent ou notre église en ruines est pleine de couleuvres" et les risques encourus notamment pour le peuple ( le peuple misérable et qu'on pressure, suant sang et eau ) ; Une troisième partie peut porter sur la décadence , l'idée d'une dégenérescence et reprendre les thèses historiques en vogue (rois incompétents et monarchie héréditaire condamnable ).

Notre troisième lecture analytique reprend la fin de cette tirade éloquente et peut être étudiée selon les mêmes axes d'étude : des accusations véhémentes, des critiques ciblées, un royaume sur le déclin ou en danger . Le héros s'y adresse sous la forme d'une prosopopée à l'ancien chef légendaire de l'Espagne glorieuse , le roi Charles -Quint,  et il prend à témoin les Espagnols présentés comme les anciens vainqueurs du monde . L'extrait commence d'ailleurs par cette adresse aux Espagnols, procédé oratoire qui consiste à s'allier son auditoire. Le héros poursuit par une série de questions oratoires dites questions rhétoriques , procédé qui permet justement la réflexion ou qui la suscite artificiellement . Le tableau de la situation présente se dresse en opposition avec la grandeur passée ; ce contraste est résumé , par exemple, avec la double métonymie "Ce pays qui fut pourpre n'est plus que haillon. " La pourpre est le symbole de la gloire et le haillon décrit l'état actuel de délabrement du pay qui est ainsi personnifié avec cette image. Les descriptions de la décrépitude actuelle du pays se basent sur des constats historiques comme la diminution du nombre de soldats et leur transformation en bandits de grand chemin (soldat douteux- vont pieds nus) ; Hugo insiste sur la ruine  du pays et ses causes : "siècle funeste " souvent associées à des défaites militaires ou à des guerres de conquêtes coûteuses et inutiles. Le champ lexical de la mort est très présent. L'Etat prend alors l'apparence d'un lion agonisant; Ici le dramaturge emprunte l'image et le symbole du lion qui représente la royauté pour rendre concret le déclin de l'Espagne: ce lion 'couché dans l'ombre " "expire dans cet antre où son sort se termine "; Par analogie, dans ce système comparatif, les conseillers devient la "vermine " qui le dévore . Pour donner de la force à ses accusations, le personnage s'exprime au moyen d'images et de répétitions : l'Espagne se meurt, l'Espagne s'éteint et multiplie les exclamations "hélas,(deux fois )  O géant, Oh lève toi, Voilà ; la fin de la tirade est saisissante avec la transformation ridicule de l'aigle impérial, symbole de la gloire passée et étendard de Napoléon Premier, grand chef de guerre admiré par Hugo,  en "pauvre oiseau plumé"; La dislocation de l'alexandrin permet également de donner au discours une force oratoire peu commune :  Penche est rejeté au début du vers suivant provoquant ainsi un effet d'enjambement ; ainsi que On les souille . qui répond au terme splendeurs du vers précédent; Tout ce qui peut rappeler ou évoquer la gloire de la grande Espagne est ridiculisé, mis à sac: ainsi le manteau royal est découpé par "des nains difformes "  et le "soleil éblouissant " autre symbole qu'on retrouve pour désigner l'éclat du pouvoir absolu est devenu un "astre mort, une lune aux trois quart rongée et qui décroît " ; Cette tirade est donc construite pour avoir un effet sur le public, susciter la réflexion grâce au tableau du déclin de l'Espagne et faire du personnage de Ruy Blas , un justicier vertueux prêt à agir au nom de l'intérêt collectif ; on imagine bien l'acteur indigné prononcer sur un ton grave les accusations contre les Grands et émouvoir aussi avec ses accents pathétiques .

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Notre quatrième extrait se situe un peu plu loin au cours de ce troisième acte (III, 5 de D'ailleurs regarde-t-on le profil d'un valet ...fait sortir tout le vent de ces billevesées ) : il ne s'agit plus cette fois d'une tirade mais plutôt d'un face à face entre Salluste et son ancien valet qu'il va chercher à humilier ; au cours de ce duel , Hugo reprend les thèmes abordés dans les scènes précédentes ; Ruy Blas continue à dresser les listes d'accusations contre les Grands   (Monsieur de Priego a grand tort d'aggraver les charges..et propose des solutions politiques ( mettre une armée en campagne..probités ) mais , en face de lui, son maître cherche à le faire sortir de ce rôle pour lui faire comprendre qu'il demeure un valet . Ce qu'il est intéressant d'étudier dans cet affrontement c'est la manière dont le dramaturge illustre l'oppression du maître sur le valet ; on peut par exemple expliquer dans une première partie comment Salluste cherche à humilier Ruy  Blas en étudiant les demandes du Marquis de Finlas , les didascalies mises en place par le dramaturge et surtout la visée politique de la tirade de Salluste qui raille les prétentions de son valet , sur un ton sarcastique . En effet, il semble considérer que toutes les accusations légitimes proférées par Ruy Blas à l'encontre des Grands d'Espagne, ne valent rien et se moque des prétentions de ce dernier à vouloir sauver le Peuple; On retrouve bien ici, mis en scène par Hugo, l'affrontement symbolique entr elle Peuple te les Grands qui le méprisent et ne le considèrent pas encore comme un acteur politique.  Salluste fait ici de l'humour au détriment de son valet qu'il cherche à ridiculiser : "pousser des cris sinistres..bouffi d'orgueil et rouge de colère ..gaillard populaire " Il multiplie les attaques contre sa personne et dresse de lui un portrait extrêmement dévalorisant . La morgue du personnage le rend ici détestable aux yeux du public qui prend le parti du héros, malmené au cours de cette scène et qui se soumet encore à son ancien maître. De plus son discours idéologique en fait le méchant de l'Histoire : "vertu ? foi ? probité ? c'est du clinquant déteint. " Il semble se placer au-dessus des valeurs  communes admises comme des qualités incontestables ; Le public prend fait et cause pour Ruy Blas et condamne à l'avance Salluste; Ce qui permet à Hugo de préparer le meurtre de ce dernier qui va, ainsi, aux yeux du spectateur,paraître justifié et vraisemblable. 

Ces quatre extraits explosent donc sur scène des affrontements politiques et idéologiques qui font du valet un héros populaire et du maître un méchant homme, l'homme à abattre pour restaurer la justice.