L'introduction : elle se fonde sur des considérations historiques : l'époque , l'histoire du genre, l'histoire de l'auteur ; Le candidat doit faire preuve de culture générale et doit s'efforcer de cibler ses connaissances afin de les mettre en relation immédiate avec le sujet donné

A proscire : les considérations trop générales , la biographie exhaustive (toujours faire le lien entre les événements de la vie d'un homme et une carrière artistique )

 Si le sujet est exprimé au moyen d'une citation : il faut rappeler les éléments essentiels de la  citation : après l'avoir recontextualisée (dire à quelle époque elle appartient , faire le lien avec un courant littéraire et un auteur , il faut la réécrire si elle n'est pas trop longue et impérativement la reformuler .
La problématique peut être annoncée sous forme de phrase interrogative ou d'interrogative indirecte ( pensez dans ce cas à ne pas mettre de ? )

L'annonce du plan termine l'introduction

Voilà un exemple d'introduction rédigé sur l'expression du conflit au théâtre . 

Le XVIIe siècle a marqué un tournant dans l'histoire du théâtre français. C'est en effet à cette époque que les règles du théâtre classique sont fixées, avec la règle des trois unités et les principes de vraisemblance et de bienséance. Surtout, c'est à ce siècle qu'écrivent de grands dramaturges tels que Racine, Corneille et Molière. Cet auteur, né Jean-Baptiste Poquelin, a composé de nombreuses comédies comme L'avare, Le Bourgeois gentilhomme, Tartuffe,Les Fourberies de Scapin, Le Malade imaginaire et bien d'autres encore. Souvent ces pièces mettent en scène des conflits : valets cherchant à tromper leurs maîtres, disputes amoureuses, opinions différentes entre les pères et leurs enfants à propos de leurs mariages. Dans les pièces de Molière en particulier, et au théâtre de manière générale, les situations de conflit ne manquent donc pas. « Moi, je veux me fâcher et ne veux point entendre » dit justement Alceste dans Le Misanthrope de Molière, représenté en 1666. Il semble ainsi affirmer qu'on peut se fâcher sans faire de phrases ni les entendre. Sans doute. Mais n'est-ce pas une vision réductrice de la dimension théâtrale ? Nous nous demanderons donc si l'expression du conflit au théâtre peut réellement se passer de mots. Pour cela, nous verrons dans un premier temps comment on peut donner raison à Alceste et nous envisagerons le théâtre comme une scène sans paroles. Dans un deuxième temps, nous nous appliquerons à voir la dimension littéraire d'une pièce de théâtre, résultat d'un travail d'auteur. Enfin, dans une troisième partie, nous réfléchirons à la spécificité du théâtre, combinant texte et représentation.

  Et pour ceux qui le souhaitent, voilà le corps du devoir rédigé ..

      Le théâtre semble ne pas avoir besoin de mots pour exprimer un conflit. Dans une représentation, ce qui est perçu par les sens prime sur le reste. La gestuelle est donc très importante, de même que les accessoires et les sons.

      Les mimiques des comédiens suffisent en effet à expliquer que deux personnages, sur scène, sont en désaccord. D'ailleurs un spectateur qui verrait une pièce à l'étranger, dans une langue qu'il maîtrise mal, pourrait parfaitement comprendre que deux personnages se détestent ou se disputent, rien qu'en entendant le ton de leur voix ou en voyant leurs regards, leurs poings menaçants. Par exemple, dans la mise en scène de Jérôme Deschamps en 1997 des Précieuses ridicules de Molière, l'acteur qui incarne le seigneur La Grange sort très énervé d'une rencontre qui s'est mal passée. Il souffle comme un boeuf, se montre de profil prêt à charger et agite les mains et les bras comme s'il s'échauffait avant un combat. Toutes ces gesticulations, évidemment comiques, suffisent à faire comprendre au public qu'il est en conflit avec les demoiselles qui l'ont congédié. D'ailleurs, à ce moment-là de la scène d'exposition, aucune parole n'a encore été prononcée. La gestuelle suffit donc bien à exprimer le conflit.

      D'autre part, les accessoires qui accompagnent cette gestuelle aident à montrer la colère ressentie par le personnage. On trouve ainsi des bâtons dans de nombreuses formes théâtrales : des farces jouées sur des théâtres de tréteaux au Moyen-Age, des farces dans la Comedia dell'arte, des pièces du théâtre de Guignol et bien sûr dans certaines comédies courtes de Molière. Par exemple dans Les Fourberies de Scapin de Molière, a lieu la « scène du sac ». A ce moment-là, le serviteur Scapin veut se venger du seigneur Géronte et le fait entrer dans un sac, soi-disant pour le cacher et le mettre à l'abri d'ennemis. Puis, à l'aide d'un bâton, il le roue de coups, faisant croire à Géronte qu'ils sont agressés par des étrangers. Ici, il n'est pas besoin de paroles pour comprendre le conflit. Le sac et le bâton servent la scène et Molière ne l'a pas imaginée autrement, sans ces accessoires. P Gestes et accessoires s'allient donc pour exprimer le conflit sans avoir recours aux mots.

      En outre, la musique et les sons peuvent prendre une place importante dans la représentation théâtrale et exprimer le conflit. C'est par exemple le cas dans les Précieuses ridicules de Molière mises en scène par Jérôme Deschamps. Des notes de piano accompagnent des hurlements de femmes et des cris d'animaux, notamment des cris de poules, pour signifier une grande dispute lorsque les deux seigneurs sont rejetés par les Précieuses.

      Ainsi, spectacle visuel et sonore, le théâtre semble pouvoir se passer de mots pour exprimer un conflit. Pourtant il serait dommage de réduire le théâtre à quelques formes excessives. Le théâtre n'est tout de même pas ni du mime ni seulement de la farce. D'ailleurs les grands dramaturges sont avant tout des écrivains et ont travaillé leurs textes avec soin. Voyons désormais l'aspect purement littéraire du genre théâtral.

      Au théâtre comme dans tout genre littéraire, les sentiments s'expriment avec des mots. Les affrontements doivent se dire avant de se faire et la complexité des disputes peut mieux se comprendre avec des phrases.

      Avant d'en venir à un conflit physique, une bastonnade ou un duel à l'épée, le désaccord entre les personnages doit en effet souvent s'exprimer à voix haute. Prenons par exemple la pièce écrite par Jean Giraudoux en 1935 : La guerre de Troie n'aura pas lieu. A l'acte II scène 9, le Grec Oiax cherche à provoquer la guerre. Il insulte Hector, prince troyen, en le traitant de « beau-frère de pute ». L'offense est donc clairement verbalisée. Ce n'est que dans un deuxième temps qu'Oiax gifle Hector afin de le pousser à bout. De plus, Hector réplique avec ironie en utilisant une antiphrase : « Je vois que la Grèce nous a envoyé des négociateurs. » Les mots traduisent donc la personnalité de chacun et expliquent le conflit. Oiax est impulsif et agressif ; Hector est intelligent et responsable. Le conflit n'est pas seulement lié à leur différence de nationalité mais de tempérament. Toujours dans le même esprit, dans Les Fourberies de Scapin, juste avant la scène du sac, le seigneur Géronte promet à Scapin de le remercier pour sa fidélité en lui donnant l'habit qu'il porte, après qu'il l'aura un peu usé. Cette remarque est évidemment très méprisante et offensante pour Scapin et justifie la rage qu'il a ensuite à taper sur le sac. Le conflit est ici social avant d'être physique. Ainsi, dans ces deux exemples, on constate que les regards et les coups sont plutôt la conséquence d'un conflit plutôt que son expression.

      Par ailleurs, certaines situations sont complexes à rendre et ne peuvent pas se résumer en quelques gestes. Par exemple, comment dire sans mots le conflit intérieur que ressentent les personnages des tragédies de Racine ? Ce n'est que par de longues tirades, provoquées souvent par un confident, que le héros de la pièce peut exprimer à voix haute le terrible dilemme auquel il est confronté. Et ce n'est que par le langage que le spectateur pourra pleinement s'identifier et ressentir par la catharsis « terreur et pitié ». Ainsi Racine développe dans son Andromaque le conflit intérieur qui écartèle la veuve d'Hector, devant choisir entre épouser Pyrrhus fils d'Achille qui a tué son époux, ou bien sacrifier son fils.

      De surcroît, le public ne vient pas seulement voir un conflit ; il veut aussi l'entendre. De même qu'il goûte la maîtrise d'écriture de Racine et peut se laisser bercer par le rythme de l'alexandrin, le spectateur savoure les images poétiques, les métaphores et l'exercice de maîtrise de la langue. Dans La Guerre de Troie n'aura pas lieu, l'affrontement entre Ulysse et Hector à la fin de la pièce devient ainsi une « pesée », un « combat de paroles » où chacun, l'un après l'autre, dit ce qu'il « pèse », c'est-à-dire ce qu'il est. Ulysse relève de l'impalpable. Expérimenté, il dit représenter la chouette et l'olivier. Il bat ainsi Hector qui, plus jeune et plus naïf, se réclame de la terre, du labeur et du courage. Le conflit devient ici poétique et allégorique.  

 

      Nous avons vu que l'expression du conflit au théâtre pouvait se passer de mots dans quelques cas extrêmes mais qu'il supposait, de manière générale, un travail important sur le texte. Toutefois Eugène Ionesco, célèbre dramaturge du XXe siècle, déclarait qu'il faisait « du théâtre et non de la littérature ». Finalement, la caractéristique d'une pièce de théâtre n'est-elle pas d'être à la fois un texte et un spectacle ? Au-delà du travail du comédien et du travail du dramaturge, nous étudierons donc maintenant celui du metteur en scène, qui va interpréter la pièce et mettre en lumière certains conflits.

      Le théâtre est un spectacle total et l'expression du conflit ne peut en vérité se passer ni d'éléments scéniques ni de mots. Le metteur en scène est donc co-auteur de la pièce avec le dramaturge, afin de satisfaire toutes les exigences du spectateur. Lui seul va vraiment permettre aux situations d'exister, notamment les conflits, avec les mots, la scène et son propre regard.

      Lire une pièce ne peut être pleinement satisfaisant. Si le théâtre veut rendre compte de relations humaines, notamment le conflit, il ne peut tout dire, ni dans le texte ni dans les didascalies. C'est donc au metteur en scène d'utiliser le travail du dramaturge pour lui donner une pleine existence. Pr.

      Aussi une représentation est une interprétation de la pièce. Daniel Mesguich considérait d'ailleurs dans L'Eternel Ephémère que le texte appartenait autant au public et au metteur en scène qu'au dramaturge lui-même. N'en déplaise à Ionesco qui voulait qu'on respecte scrupuleusement ses indications, toutes les lectures peuvent donc être possibles sur une pièce.

      Le conflit exprimé sur scène peut également être suivi très fidèlement par le metteur en scène mais mis en valeur grâce à des éléments qu'il a créés. De toute façon, l'auteur ne peut jamais exprimer pleinement sa pensée, même avec de très longues didascalies. Il est obligé de faire confiance au metteur en scène. Pour le spectateur, l'intérêt de voir une pièce alors qu'il la connaît déjà, se trouve justement dans cette création innovante, sans cesse renouvelée. Raymond Gérôme dans sa mise en scène de La guerre de Troie n'aura pas lieu pour la Comédie Française en 1988 choisit par exemple d'accompagner le conflit qui se prépare entre Grecs et Troyens par un décor bicolore. Le mur du fond est donc composé de deux bandes horizontales : l'une ocre, l'autre bleue. Ainsi le théâtre se fait spectacle total. Le conflit s'exprime par le geste avec la gifle d'Oiax, par la parole avec les pesées et par la touche personnelle apportée par le metteur en scène, en collaboration avec le scénographe, grâce à ces bandes de couleur. On peut ajouter que ceci se fait aussi en collaboration avec le spectateur car il va interpréter justement ces bandes de couleur comme significatives du conflit en train de se jouer sous ses yeux. Les mimiques des comédiens et le texte écrit par le dramaturge sont par conséquent portés par le regard du metteur en scène, lui-même prolongé par celui du spectateur.

      En conclusion, le conflit au théâtre peut se comprendre de façon superficielle et immédiate, sans mots, mais il a besoin d'un travail d'écriture pour s'épanouir, se développer et se justifier puis d'un apport créatif de la part du metteur en scène et du public pour pleinement exister. Dans Le théâtre et son double, Antonin Artaud apportait un souffle nouveau au théâtre occidental. Inspiré par le théâtre oriental, il faisait prendre conscience de la dimension physique et concrète, visuelle et sensitive du théâtre. Le théâtre est bel et bien un spectacle total et une oeuvre collective qui implique le comédien, le dramaturge et le metteur en scène, en vue d'être représenté devant un public.

Notez bien que la plupart des paragraphes commencent par un connecteur logique. Il y a autant d'exemples que d'arguments :  5 pièces sont exploitées et certaines sont réutilisées deux fois comme La Guerre de Troie n'aura pas lieu