Tout le monde était à l'heure au rendez-vous à la gare d'Ermont-Eaubonne ..ou presque ; Clément avait malencontreusement oublié son sac chez lui (et on verra plus tard au cours de ce récit l'importance de ce sac ) ; Trajet sans encombre jusqu'à  à la sortie Châtelet même si, pour quelques uns, le trajet souterrain, train de banlieue-RER B, ne semblait pas aller de soi. Heureusement que l'option GPS équipe le smartphone de base.C'est avec un peu d'avance que nous arrivons au théâtre où madame Heniqui nous attendait; Le théâtre de la ville est une salle où la fort déclivité facilite la vue de la scène : pas de poteau, pas de voisins qui pourraient nous gêner, nous prenons place en hauteur , tous côté pair. La pièce contemporaine, raconte , sur fond de Guerre d'Algérie, la vie de Province en France dans les années 60.Au sein de la famille Serpenoise, la tension est à son comble: la fille Mathilde revient avec ses deux enfants, Edouard et Fatima, réclamer la maison familiale, son héritage, Dans cette demeure vivent son frère, la seconde épouse de ce dernier et le fils Mathhieu, un grand benêt qui n'est jamais sorti du jardin et veut s'engager dans l'armée. Le frère et la soeur ne cessent de se disputer : elle est en colère contre leur père qui l'a chassée et humiliée car elle était enceinte ; D'ailleurs Mathilde est en colère contre la terre  entière et en veut à tout le monde de ce qui arrive; les affrontements se succèdent sur scène, entre frère et soeurs, entre cousins, également , entre maîtres et domestiques aussi  car Aziz et madame Queleu sont fatigués des disputes permanentes chez les Serpentine; Catherine Hiegel qui interprète le rôle de Mathilde , crie beaucoup et sa voix n'est pas toujours audible; Didier Bezace, son frère , a un registre de jeu très étendu et son interprétation montre la complexité de ce rôle au sein de la pièce; La mise en scène est sobre : un pavillon avec une baie vitrée représente la maison qui divise les personnages et le jardin symbolise leur univers clos, leur désir de se couper de l'extérieur et de se protéger de la marche du monde. Les  insultes pleuvent, on en vient aux mains à plusieurs reprises et le spectateur peut parfois être affecté par la violence de ce qui est dit contre l'institution familiale  : Mathilde représente en fait l'attitude de révolte permanente , une sorte d'Antigone moderne , une figure du défi "  Eh bien, oui, je te défie, Adrien; et avec toi ton fils, et ce qui te sert de femme. Je vous défie, vous tous, dans cette maison, et je défie le jardin qui l'entoure et l'arbre sous lequel ma fille se damne, et le mur qui entoure le jardin. Je vous défie, l'air que vous respirez, la pluie qui tombe sur vos tètes, la terre sur laquelle vous marchez ; je défie cette ville, chacune de ses rues et chacune de ses maisons, je défie le fleuve qui la traverse, le canal et les péniches sur le canal, je défie le ciel qui est au-dessus de vos tètes, les oiseaux dans le ciel, les morts dans la terre, les morts mélangés à la terre et les enfants dans le ventre de leurs mères.' "
La pièce se termine par le départ du frère et de la soeur pour 
l'Algérie; Koltès a voulu également montrer dans cette pièce jusqu'où pouvait mener la peur de l'Autre , de l'Etranger ; Le parachutiste noir, le père des futurs enfants de Fatima , prononce ces quelques mots sur scène avant de disparaître , amenant la guerre avec lui : 
"On me dit que les frontières bougent comme la crête des vagues, mais meurt-on pour le mouvement des vagues? On me dit qu'une nation existe et puis n'existe plus, qu'un homme trouve sa place et puis la perd, que les noms des villes, et des domaines, et des maisons, et des gens dans les maisons changent dans le cours d'une vie, et alors tout est remis en un autre ordre et plus personne ne sait son nom, ni où est sa maison, ni son pays, ni ses frontières. Il ne sait plus ce qu'il doit garder. Il ne sait plus qui est l'étranger"  Une pièce amère et sans concession  qui nous fait donc réfléchir sur la place de chacun , au sein de sa fratrie, de sa famille, de sa ville, de son pays, de l'univers .
Au retour, nous avons musardé un peu et au lieu de descendre sous terre, nous avons rallié les Halles à 
pied, profitant ainsi de Paris by night. Le dernier train, quelque peu bondé, nous attendait sagement sur le quai et à minuit, tous avaient rejoint leur domicile; Merci à vous pour cette très belle soirée. Mais au fait que contenait le sac de Clément ?  de nombreuses victuailles qui ont permis à leur propriétaire de se sustenter à toute les étapes de notre périple.