Composer une introduction

En introduction, parlez du théâtre est certes une bonne idée mais inutile de remonter jusqu'à l'Antiquité  et de détailler chaque période de l'histoire du genre ; les connaissances doivent aider à l'identification des registres, du courant littéraire mais elles ne doivent pas se substituer à l'analyse précise et rigoureuse des scènes données à commenter ; la parenté avec Molière était bienvenue ainsi éventuellement que l'évocation de la critique sociale à travers la satire du Comte . Cependant les élèves qui ont cherché à voir une critique sociale dans ces extraits ont été amenés à forcer le texte et à déformer certaines interprétations ; ainsi Suzanne n'est pas insolent eparce qu'elle conteste l'autorité de la noblesse et envisage une révolution : l'insolence du valet est un motif traditionnel que Beaumarchais emprunte aux comédies de Molière te le but de ce conflit est de faire rire le spectateur

Attention : les règles du théâtre classique, comme l'indique leur nom, ont été définies à l'époque classique (Boileau en établit la théorie ne 1674) et ne s'appliquent que dans la tragédie (or, Beaumarchais écrit plutôt des comédies)

Musset est un auteur du dix-neuvième siècle donc il peut être rattaché au romantisme mais pas Beaumarchais , qui n'a pas connu la révolution française de 1789 ni la préface de Cromwell de Hugo, rédigée en 1827.

Un topos au théâtre est un motif qui est très souvent utilisé : la dispute amoureuse et le soupçon d'adultère sont des topoi (c'est un mot grec donc il a un pluriel en oi )

Ne pas oublier de décrire l'extrait et ce dès l'introduction : Le Comte , jaloux , fait une scène à son épouse qu'il pense surprendre en flagrant délit d'adultère mais lorsqu'il pousse la porte de son cabinet, (un cabinet désigne une petite pièce attenante à la chambre à coucher où les femmes rangeaient leurs bijoux , leurs accessoires de toilette et se changeaient ) ( c'est la femme de chambre de la Comtesse qui apparaît te se moque des soupçons du mari jaloux.

Le choix des axes d'étude : trop larges généralement

A proscrire absolument : quel message veut faire passer l'auteur 0/ 5

Quelle est l'originalité de cet extrait ? 0,5 /5 

Comment Beaumarchais renouvelle-t-il la comédie ? 2/5 : le problème avec cet axe d'étude c'est qu'il ne prend pas en compte la particularité de ces scènes : elles retranscrivent un retournement de situation au sein d'une scène de ménage dictée par la jalousie du Comte

Un peu passe-partout mais efficace  : quels sont les effets comiques de cette scène 3,5 /5

Par exemple , si vous choisissez d'étudier la dimension comique de cette scène, vous devez le faire en prenant en compte uniquement les éléments comiques qui participent à la mise ne scène du conflit et à sa résolution finale.

Il est parfois possible de se fonder sur ce qu'on nomme le mouvement du texte :

L'évolution du conflit : la colère du Comte et la peur de la Comtesse : une dimension tragique ; le retournement de situation opéré grâce à l'intervention de Suzanne et le triomphe de la Comtesse : le jaloux confus .

Certains élèves ont été particulièrement sensibles au mélange des genres et ont aperçu l'influence de la tragédie au début de cette scène ; en effet, les plus perspicaces ont noté la présence d'un champ lexical de la mort et ont montré à quel point la situation semble tragique pour la Comtesse, démasquée et coupable d'adultère ; le Comte furieux menace de tuer son amant ; néanmoins cette ambiance tragique ne va pas durer ; lorsque Suzanne fait son entrée en scène, le spectateur rit de soulagement ; la nature du rire est ici complexe car le public se sent, à la fois complice des deux femmes et se moque de la déconfiture du mari jaloux et repentant (alors même que sa jalousie est fondée ) Ce rire de toute puissance provoque une sorte de contentement du public qui rit aux côtés des deux femmes aux dépens du Comte abusé.

Attention également à ne pas réécrire vos questions de synthèse : le conflit est certes un élément central qui va servir de base à vos commentaires mais il ne faut pas se contenter d'en décrire superficiellement les procédés ; il faut en mesurer les effets sur le public et prendre conscience des enjeux des scènes .

L'étude des effets comiques pouvait reposer sur les types de comique : le comique de situation (incontournable avec l'apparition du personnage de Suzanne, l'effet de surprise, le retournement de situation ) ; le comique de geste exploite les nombreuses didascalies et le comique de langage ou de mots mentionne le vocabulaire injurieux ;

Le mélange des registres pouvait être évoqué au début de la scène avec l'irruption du Comte, sa colère et ses menaces de mort ; les plus observateurs ont noté qu'il parle d'un crime alors qu'il s'agit seulement d'une infidélité et qu'il réagit de manière excessive ; de même que les gestes de désespoir de la Comtesse peuvent faire l'objet de deux interprétations : elle est, soit terrifiée, soit Beaumarchais accentue le côté pathétique afin de déclencher un effet comique pour le spectateur ;

Quant au personnage de Suzanne, confidente dans la tragédie et femme de chambre dans la comédie, elle facilite le passage entre les deux univers avec sa raillerie et son aparté avec la Comtesse à laquelle elle vient de rendre un grand service ; les deux femmes , en effet, se liguent contre le Comte par solidarité féminine ; (Suzanne fiancée à Figaro et qui va se marier avec lui au début de la pièce, souffre de devoir supporter les avances que lui fait le Comte à l'insu de la Comtesse ;

De l'utilité des connaissances : bon nombre d'entre vous ont utilisé leur connaissance de l'auteur ou du genre de pièce pour composer le commentaire , c'est un très bon réflexe.à condition de ne pas déformer le texte de départ ;

Par exemple, vous savez que Beaumarchais a renouvelé le genre de la comédie : comment allez-vous pouvoir utiliser cette information ? En montrant notamment que les caractères varient au cours de la pièce ; en effet, Beaumarchais a étoffé les personnages du mari jaloux ou de la servante rusée et leur a attribué une épaisseur qui les fait ressembler à des personnages romanesques ; une partie du commentaire pourrait s'intituler : les changements des caractères des personnages

a) un Comte en mari jaloux qui devient un mari humilié et repentant

b) une femme apeurée qui reprend , peu à peu, le contrôle de la situation et en profite pour faire la leçon à son époux ;

Attention aussi au vocabulaire : le mot tragi-comédie que beaucoup emploient abusivement désigne une pièce à fin heureuse qui comporte des scènes tragiques ; L'exemple canonique est celui du Cid de Corneille : à la fin de la pièce, Chimène et Rodrigue se marient alors que Rodrigue est le meurtrier du père de Chimène. D'ailleurs les spectateurs ont souvent critiqué ce mélange des genres ; Pourtant, il va finir par s'imposer au théâtre et devenir de plus en plus fréquent à partir du drame romantique et avec le théâtre contemporain .

Les points à revoir

Le théâtre dans le théâtre : c'est une bonne idée d'évoquer la mise en abyme à condition d'en démontrer les effets comiques : Le Comte croit que la Comtesse joue la comédie alors qu'elle est sincèrement surprise ; ce n'est donc pas tout à fait une pièce dans la pièce mais une référence aux mensonges amoureux et à la duplicité des menteurs .

Suzon n'est pas un sobriquet péjoratif mais un diminutif affectueux que la Comtesse emploie dans l'intimité figurée ici par cet aparté entre les deux femmes. Suzanne détourne l'attention du Comte afin de permettre à sa maîtresse de reprendre ses esprits.

La position du spectateur : le paratexte vous informe que Chérubin s'est enfui n grâce à Suzanne mais dans la pièce, cet élément n'est pas à la disposition du public qui sera lui aussi surpris en même temps que le Comte.

La notion d'ironie : vous confondez parfois humour et ironie ; A quel moment de ces scènes peut -on vraiment parler d'ironie ? Lorsque Suzanne imite le Comte et reprend ses menaces de mort, on peut effectivement évoquer une forme d'ironie.

La Comtesse triomphe à la fin de la scène 19 et critique l'attitude de son époux : ce dernier lui fait remarquer la virulence de ses propos : « Ah Madame c'est sans ménagement » .