Charleville - Le récit de Tess Sadowski, 1re L1
Par 1ereL 2017 le 21 octobre 2017, 16:04 - Lien permanent
Ce matin-là, pas un bruit, une parole ou un rire pour rompre le silence glacé de la place Ducale. Les bords de la Meuse et les ruelles étaient à peine réchauffés par les premiers rayons du soleil venus caresser les toits.
Le groupe avançait ; des questions et exclamations fusaient. Je regardais autour de moi en imaginant ARTHUR RIMBAUD de l'autre côté de la rue, assis, dans la brume de l'aube, cherchant la force de s'enfuir. Certaines fois, je pouvais même entendre son pas vigoureux résonner sur les pavés. Je sentais presque de la liberté dans l'air. Charleville, cette petite ville triste, abandonnée et rejetée par ce grand poète : personne ne pouvait s'empêcher de le nier, nous aurions tous fait la même chose.
La brume s'était atténuée, le soleil s'était enfin dévoilé : les couleurs automnales se mariaient avec le brun de l'architecture, le fleuve étincelait de mille lumières, le vent chantait entre les feuilles, nous commencions tous à sourire devant ce spectacle. Jusqu’au coucher du soleil, Rimbaud était dans toutes les bouches et toutes les têtes.
Je pense que nous nous identifions tous à Arthur pour une raison différente : ce désir de liberté jamais assouvi, la recherche constante du frisson, cette fragilité qui le guide en permanence...
Ce court passage à Charleville a engendré chez moi une question :
Comment quelqu'un que nous n'avons jamais connu peut-il nous manquer à ce point ?
TESS SADOWSKI