Le procès de l’Âne 

Le procès contre L'Âne commence:
Le Lion et le juge entrent dans la salle et chaque animal se lève. Le juge s'asseoit et proclame:
«  Asseyez-vous!  »
Tout le monde s'asseoit et le juge reprend la parole:
« L'Âne, vous êtes accusé de vol, de mise en danger de la vie d'autrui et de meurtres. Le tribunal a été saisi par le Lynx, avocat du Loup. Maître nous vous écoutons. 
-Le vol est un acte que l'on peut qualifier de vil. L'Âne n'a pas su résister à l'occasion de voler cette herbe sacrée appartenant aux Moines, l'accusé l'a dit lui-même lors de ses aveux.
De plus s'attaquer aux Moines signifie s'en prendre aux Dieux. Le Ciel nous a punis en amenant la Peste sur Terre... »
Devant ce discours certains comme l'Ours ont un sourire aux lèvres, certains comme le Tigre acquiescent et d'autres restent indifférents. La Tortue, avocat de l'Âne prend la parole:
 « Certes le vol est puni, mais mon client n'avait pas le choix, il en allait de sa survie. Ce n'est pas comme le Lion qui, lui, dévora forces moutons et le Berger pour son propre plaisir. Lui a commis des meurtres ! Or le Lion a dit "Que selon toute justice, le plus coupable périsse"...
Ensuite, le Renard n'a point parlé et a choisi de flatter le Lion pour éviter de se dévoiler.
Par ailleurs le Tigre et l'Ours n'ont pas assez approfondi leurs aveux puisque les autres animaux craignaient des représailles venant de ces grandes puissances. »
Le Tigre et l'Ours transpirent tandis que le Lion tente de se rassurer en se disant qu'il n'est pas le seul fautif. La Chouette entend un léger grincement de porte et remarque la disparition du Renard.
Enfin, le juge prononce sa sentence:
« L'Âne sera sacrifié. »

Thomas

 

 

Réquisitoire


    Notre adversaire ici présent est bel et bien coupable, et je possède tout pour vous le prouver.
Monsieur l’Âne, reconnait son caractère fautif « Je n’en n’avais nul droit puisqu’il faut parler net ». Il reconnait sa faute lui-même devant toute l’assemblée, il se dénonce : il est coupable.
Mais ce n’est pas tout, il a volé de l’herbe, et surtout, il a volé des moines. Il a volé des êtres avec une âme si pure… de la largeur de sa langue. Une langue d’âne, est quand même large, ce n’est donc pas une part microscopique. La largeur de sa langue ! Rendez-vous bien compte, de la part que cela fait ! Les vols sont impardonnables, inexcusables ; car en aucun cas la justification de son acte ne peut être acceptée. Rappelons sa justification, si vous le voulez bien :
«La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,».
Non. Je suis désolée, mais cela n’est pas une justification que l’on peut entendre. Il a agi de son plein gré. Par pulsions. Il ne se contrôle donc pas. Donc en plus d’être un voleur, qui a reconnu sa faute, c’est un être,-que dis-je, un coupable !- dangereux, qui se plie à ses  désirs profonds, à ses plus profondes pulsions.
En tant qu’animal coupable d’un vol inexcusable, c’est un animal incontrôlable et dangereux. Il faut protéger nos populations et notre herbe, et le condamner ! Pensez à votre famille et à votre herbe. A votre place, je ne laisserais pas cette bête dangereuse en vie. Je la condamnerais.
De plus, s’il meurt, notre monde animal sera sauvé. Car la peste détruit notre planète, notre population. Il faut agir ! Il faut sacrifier quelqu’un, alors autant sacrifier quelqu’un qui n’a pas à vivre ; il nous sauvera ! Il faut le tuer ! Ne le laissez pas en vie, pour nos jardins, pour nos moines si doux, pour nos familles et nos enfants. Et surtout ne le laissez pas en vie, pour notre peuple et contre la peste.
Ne laissez pas cet Âne en vie. Tuez-le, et maintenant s’il le faut.

    Il faut avant tout « Que le plus coupable périsse », comme l’a dit notre roi.


Plaidoirie

L’Âne, mon client  a, tout d’abord tondu  et  non arraché l’herbe. L’herbe, certes, appartenait à des moines, mais l’herbe repousse. Et ceux-ci ne se sont pas venus se plaindre.
De plus, il tondit de ce pré « la largeur de [sa] langue. Or une largeur de langue, est une très petite portion. Vu que l’herbe, comme on l’a dit plus tôt, repousse, on en déduit qu’aucun crime n’a été commis par mon client herbivore, l’Âne.
Tandis que le Lion, roi des animaux, lui, étale son injustice !
Car notre roi le Lion a commis un bien plus grand crime que le simple vol supposé commis par mon client. Ce roi est un tueur en série ! Il tue et dévore des moutons pour calmer son estomac ! Nous assistons donc à un premier meurtre, comme il l’a déclaré lui-même :
« Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J’ai dévoré force moutons »

Il avoue donc ici avoir commis un premier meurtre, et de plusieurs individus. Et en plus, il tue par gourmandise, PAR GOURMANDISE, le berger, privant ainsi un être de sa famille. Et tout cela PAR GOURMANDISE ! C’est un homicide injustifié, et donc inexcusable.
Mais le Lion n’est pas le seul criminel. Le Renard lui, est un bien malsain manipulateur. Il ne joue même pas le jeu ! Il incite notre tueur à commettre ses crimes,
« Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse,
Et bien, manger moutons, canailles, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non ».
Le Renard est complice de ces meurtres. De plus, le Renard n’avoue aucun péché ! Nous pouvons alors déduire que si aucun de ses péchés n’est exprimé, alors c’est que soit il a commis d’innombrables péchés, d’inexcusables péchés, soit il n’en a commis que peu –mais j’en doute- ; peu, mais de lourds péchés. Ce renard est un coupable de taille.
Mon client, n’a donc effectué qu’une simple tonte, dont personne ne s’est aperçu, alors que notre roi le Lion et maitre Renard, sont bel et bien coupables de crimes aux yeux de cette justice,
« Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse ».
Ne l’oublions pas !

Albane

 

 

Harangue du Loup

Quel pelé ! Nous tenons là la cause de tout notre mal !
    « Tondre » l'herbe « tendre », pour reprendre ses dires, des Moines. Ce n’est rien d’autre qu'un vol ! Et « voler l’herbe d'autrui, quel crime abominable ! » Un crime contre le droit à la propriété ! Un crime contre l’Église !  Et, de facto, un crime contre le Ciel !

   Cet abominable crime ne peut être commis que par un être corrompu ! Un être arrivant à sentir la présence du diable ! Et pire, un être qui ne cherche même pas à lui résister !  Ce galeux déclare lui-même que « quelque diable aussi ]le] pouss[ait] ». Eh bien je vous le dis : cet être doit expier ses péchés dès maintenant !

Qui peut s'étonner du mal qui nous dévore lorsqu'un être ignoble , commettant d’ignobles actes, reste impunii ? Et quel mal ! Combien d’entre nous ont vu un ami, un frère, une mère mourir à cause de la peste ? Combien d’entre nous se lèvent chaque matin, en se disant qu’ils ne reverront peut être jamais le soleil se lever ? Combien de nous subissent pieusement ce châtiment à cause de ce criminel ?

 Sacrifions le ! Sa mort expiera ses crimes ! Sa mort nous libérera de la Peste ! Sa mort nous sauvera !


Défense de l’âne

    Messieurs, Mesdames, je vous en pris, calmons nous ! Notre Roi a bien déclaré qu' « on doit souhaiter, selon toute justice,
Que le plus coupable périsse ».
   
   Est-il réellement le plus fautif ? Après tout il a bien affirmé qu'il avait « faim », et pour satisfaire cette faim, il ne prit d’herbe que « la largeur de [sa] langue ». De plus son repas à lui repousse alors qu'à contrario, ceux qui « dévore[nt] force moutons », envoient de pauvres bêtes dans l’Achéron dans d'atroces souffrances. Notez bien le mot dévorer qui prouve la barbarie de cet acte, alors que ces pauvres victimes ne firent au Lion, pour reprendre ses mots, pas« la moindre offense », ce qui met en avant l’injustice de cet acte. De plus, non satisfait de ce carnage, il mangea manu militari le berger, et par simple gourmandise. Je doute que ces pauvres moutons aient ressenti le moindre « honneur » en étant « croqués » pour reprendre ad litteram les mots de messire Renard.

   Messire Renard dont nous ne connaissons toujours pas les péchés... Aurait-il peur de nous les avouer ? Pour quelles raisons ? Que diriez-vous, mon cher, de nous les confesser maintenant ? Car puisqu'il est à présent plus qu'évident que mon client est innocent, le procès doit continuer.
Votre silence semble cacher « les moins pardonnables offenses »...

Chloé 

 

 

Plaidoirie

Nous sommes aujourd’hui réunis pour parler d’un cas important.
Est-il vraiment juste de condamner mon client, l’Ane ici présent à la mort pour avoir mangé l’herbe ‘un pré ? Certes mon client n’est pas complètement innocent, mais pouvons-nous comparer cet acte à celui de notre roi adoré, le Lion qui, lui, contrairement à mon client a : « dévoré force moutons ».
Et en plus de cela  il a aussi dévoré le berger, comme il le dit lui-même ! Surtout que le Lion n’a pas fait cela par nécessité comme l’Ane, qui d’ailleurs le reconnaît,« la faim le] poussant , mais uniquement  « satisfaisant [s]es appétits gloutons. » . Et surtout mon client a seulement tondu un bout d'herbe de la largeur de sa langue, alors que le lion, lui, a dévoré non seulement des moutons mais en plus les bergers !
Alors je vous le demande est-il vraiment nécessaire de mettre mon client à mort pour cet acte insignifiant ? En plus mon client comparé à l'ensemble des personnes ici présentes a eu l'honnêteté d'avouer son crime pour tous vous sauver de la peste !
 Alors pensez à ce que vous allez faire, parce que mon client lui n'a commis aucun crime, mais vous, en prenant la mauvaise décision, êtes sur le point d'en commettre un grave et lourd de conséquences…

 

Réquisitoire

Mes chers amis, regardons la vérité en face. Allez-vous vraiment vous laisser influencer par ce discours, certes émouvant mais absolument insignifiant. ?
Le coupable est devant vos yeux, le responsable de notre malheur, de la perte d'êtres chers à notre coeur, consumés par la peste à cause de son crime. L’Âne a avoué avoir commis un crime, que vous faut-il de plus ?
Je vous rappelle que ce galeux, ce pelé  a tondu l'herbe d'un pré, comme il le dit lui-même :  « je tondis de ce pré la largeur de ma langue. ».
Et non seulement il ose voler l'herbe d'un pré, mais en plus d'un pré de moine comme il le reconnaît !  Il se permet, lui, être inférieur qu'il est, de déshonorer notre religion sacrée ! En commettant ce crime il provoque la colère des dieux, faisant s'abattre sur nous le pire des fléaux, la peste. Et pour se justifier qu'utilise-t-il ? L'influence du diable comme il le dit lui-même « quelque diable aussi me poussant » !  
Alors vous pouvez toujours chercher le coupable, mais il se trouve devant nos yeux. L’Âne a apporté dans notre royaume la peste, consumant de nombreux habitants, vos amis, votre famille, vos enfants. Pensez à eux... Ne serait-ce pas ce qu'ils voudraient, que justice soit rendue pour leur mort ? Alors exaucez leur souhait en choisissant de donner à L’Âne le châtiment qu'il mérite !  Car « on doit souhaiter selon toute justice que le plus coupable périsse ».

Eva