Voici un traduction du poème Al Altlal, du poète égyptien Ibrahim Nagi, que Sawda et Nawal chantent dans la pièce de Wajdi Mouawad :

Ruines 
Ne cherche pas, mon âme, à savoir qu'est devenu l'amour 
 C'était une citadelle imaginaire qui s'est effondrée 
Abreuve-moi et trinquons à ses ruines 
Conte en mon nom l'histoire 
Maintenant que mes larmes ont coulé 
Raconte comment cet amour s'est transformé en passé et pourquoi il m'est devenu un sujet de douleur 
Je ne parviens pas à t'oublier 
Toi qui m'avais séduite par tes discours si doux et raffinés 
Tendant ta main vers moi 
 Comme celle que l'on tend 
 Par dessus l'onde, à celui qui se noie 
 Et comme la lumière que recherche un errant 
 Mais où est donc passé cet éclat dans tes yeux 
 Mon amour, j'avais eu un jour la joie de visiter ton nid 
 Me voici aujourd'hui oiseau solitaire, roucoulant ma douleur 
 Tu es devenu suffisant comme un être capricieux et gâté 
 Tu pratiques l'injustice comme un puissant tyrannique 
 Mon désir de toi me brûle l'âme et le temps de ton absence n'est que braises cuisantes 
 Donne-moi ma liberté et brise mes chaînes Je t'ai tout donné ; il ne me reste plus rien 
 Ah! Tu m'avais saigné les poignets par tes chaînes 
 Pourquoi les garderai-je alors qu'elles n'ont plus d'effet sur moi 
 Pourquoi croire à des promesses que tu n'as pas tenues 
 Je n'accepte plus ta prison 
 Maintenant que le Monde est à moi 
 Il est loin mon bien-aimé séduisant, tout de fierté, de majesté, et de pudeur 
 Si sûr de lui, comme un roi de beauté et avide de gloire 
 Exhalant le charme, comme la brise des vallées, agréable à vivre comme les songes de la nuit 
 J'ai perdu à jamais ta douce compagnie dont le charme rayonnait de splendeur pour moi 
 Je n'étais qu'un amour à la dérive, un papillon perdu qui s'était approché de toi 
 Entre nous, la passion était notre messager et l'ami qui avait fait déborder notre coupe 
 Y a-t-il jamais eu plus enivrés d'amour que nous? 
 Nous nous étions entourés de tant d'espoir 
 Nous avions emprunté un chemin au clair de lune, précédés que nous étions par la joie 
 Nous avons ri comme seuls deux enfants savent le faire et nous avons couru encore plus vite que notre ombre 
 C'est quand l'ivresse nous quitta que la lucidité revint et que nous nous sommes réveillés 
 Mais le réveil fut sans illusion 
 Finis les rêves d'un monde imaginé, voici venir la nuit, ma seule compagne 
 Et puis voici la lumière qui annonce le jour et l'aube dont le ciel s'embrase 
 Voilà la vie réelle, telle que nous la connaissons, avec ces amants qui reprennent chacun leur chemin 
 Toi qui veilles en oubliant les promesses, et te réveilles en t'en souvenant 
 Sache que lorsqu'une blessure se referme, le souvenir en fait saigner une autre 
 Il faut apprendre à oublier Il faut apprendre à effacer les souvenirs 
 Mon bien-aimé, tout est fatalité 
 Ce n'est pas nous qui faisons notre malheur 
 Un jour peut-être nos destins se croiseront, lorsque notre désir de nous rencontrer sera assez fort 
 S'il arrive alors qu'un de nous renie son amant et que notre rencontre soit celle de deux étrangers 
 Et si chacun de nous poursuit un chemin différent, ne crois pas qu'il s'agira alors de notre choix mais plutôt de celui du destin.

Le poème a été interprété par Oum Kakthoum. Lien vers la vidéo si vous ne la lisez pas ci-dessous :