LA PEDAGOGIE DU CONCRET: AMAZING! BRILLIANT ! FANTASTIC, ....

"Keep calm and join us !".

Cette phrase résume très bien un grand moment de solitude  !! Je m'interroge : "La culture Britannique va - t - elle déteindre sur moi ?".

Pour cet épisode, j'ai besoin d'acteurs, les étudiants. En effet, je vais me focaliser sur les Level 2. Il y a 3 classes de ce type au NewVIc, ce qui correspond à 60 "students" au total. Retenez ce chiffre car il est intéressant pour la suite de mon récit ! Au lycée, pour désigner cette catégorie d'apprenants, la communauté éducative utilise le terme "student" et/ou non "learners" et non "pupils" qui est attribué aux collégiens. Petite précision de la part de mes collègues. 

Level 2 ! Small but you can become great ! Revenons sur les Level 2, ce sont les primo - arrivants au lycée mais dans la filière professionnelle, vous l'avez compris, ce niveau correspond à nos secondes professionnelles. La majorité des étudiants ont en moyenne 15 ans. Je vous laisse imaginer la situation en terme de gestion de classe .... Et ben non ! J'ai connu pire ! Certes, ils sont immatures mais cet aspect peut être gommé par leur comportement positif sur certains points. Et de temps en temps, ils ne pensent qu'à jouer, ce qui ne facilite pas leur concentration. Mais, je ne vais pas généraliser car dans ces classes comme en France, de bons élèves se révèlent et ils sont rapidement identifiés lors des activités de groupe (working by pair, for example), qui sont quasi légions ici.  Pour beaucoup, ils n'ont pas le G.C.S.E (General Certificate of Secondary Education), l'équivalent de notre Brevet des Collèges. Ce diplôme est important car il atteste d'un niveau minimum requis pour pouvoir suivre avec succès sa scolarité au lycée. Les étudiants qui ne l'ont pas réussis, peuvent le repasser cette année. A ce propos, ils ont quelques heures de cours dans leur EdT pour le préparer. Par exemple, ma collègue de F.L.E les prend en charge durant 1h30 (soit une période) pour renforcer leurs compétences en Anglais !

Je travaille depuis le début de l'année avec deux collègues du Département Business. Et ici, on ne se formalise pas. Tout le monde, sans exception s'appelle par son prénom. Au début, cette situation peut surprendre mais on s'y habitue rapidement. Néanmoins, la barrière qui sépare l'adulte et l'étudiant est naturellement maintenue. Pour ma part, j'interviens en Business les Mardis et Jeudis matin auprès de 24 élèves sur 60 ! Numériquement parlant, c'est le plus grand groupe. Soit en autonomie lors des ateliers (workshops) soit en tant qu'assistant lors des cours (lessons). Je les aide à structurer leur travail lors des restitutions orales et écrites puis je distribue la prise de parole lorsqu'ils sont interrogés par l'enseignant (e). Un soupçon de discipline est nécessaire dans ce joyeux bazar !

En effet, depuis le début de l'année, nous travaillons avec les trois classes sur un projet de création d'entreprise qui va prendre toute l'année scolaire. Ce qui veut dire qu'une grande partie du programme (curriculum) va être rattachée à ce projet.

Keep calm and love business ! Penchons - nous maintenant sur le fonctionnement intrinsèque de ce projet de création d'entreprise. Lors de ces ateliers, les élèves travaillent par groupe de 4 à 6. Un groupe correspond à une organisation ou une entreprise. Le travail s'est appuyé sur plusieurs problématiques, constituer les groupes, choisir les produits à vendre, créer le logo, le nom de l'entreprise. Durant ces ateliers, j'ai vu une classe bruyante, mobile, agitée mais très active et surtout très impliquée dans ce projet. Cela ressemble à une foire ! Mais comme disent mes collègues, "don't worry Hassan". Effectivement, c'est pour la bonne cause : leur business ! Normalement, ce type d'activité pédagogique requiert le calme mais pas ici. Et ce qui est encore plus surprenant, c'est que la mise au travail est rapide. Les 1h30 de cour sont utilisées dans leur totalité !!! Pour ne pas ralentir cet élan, l'appel est toujours fait lorsque les élèves sont en activité. Dès qu'ils ont mis le pieds dans leur "classroom", chaque étudiant connait son rôle. Et toute cette agitation vue de l'extérieur, ressemblait à un bazar ... Mais un bazar enveloppé d'une bonne humeur !

Pour ma part, j'ai apporté une pierre à l'édifice. En effet, j'ai longuement travaillé de manière autonome, sur les parties prenantes (stakeholders) de leur business. Chapitre difficile pour les élèves, c'est ce qui explique l'emploi du mot "longuement". D'ailleurs au passage, je remercie ma collègue de m'avoir donné carte blanche sur le contenu de ce cour. Je leur ai expliqué ce qu'était une partie prenante, son rôle, son importance, les différentes parties prenantes (externes/internes) en lien avec leur business, pourquoi et comment communiquer avec tous ces partenaires ? Tout cela, bien évidement dans une agitation que vous pouvez aisément imaginer. Mais ce qui me conforte, c'est que l'on arrive à communiquer car ils se sont réellement accaparés leurs outils. Ce qui leur plait, c'est de travailler autour d'un projet concret où ils sont acteurs. Des potentialités se révèlent, certains/certaines deviennent des leaders positifs qui tirent tout le groupe vers le haut !

Amazing ! Brilliant ! Excellent ! Fantastic ! Great ! Welldone ! Vocabulaire à absolument maitriser dans une classe. Tous ces petits encouragements sont comme des pièces que l'on assemble pour construire un moteur, à savoir "la motivation". Cela les rassure et les stimule. Ce qui n'est pas grand chose en soi. Même si leurs productions sont moyennes et pas toujours à la hauteur des attentes et des exigences des professeurs, ce n'est pas grave. On les encourage. Cependant, certains étudiants vont au delà de nos attentes. Mais en tout état de cause, ils sont toujours encouragés à faire mieux.

Sixty students ! It is Madness ! Nous arrivons maintenant à la concrétisation de leur projet d'entreprise. C'est à dire, l'application sur le terrain. A ce propos, trois sorties sont programmées afin de matérialiser leur création. La première consistait à observer les différentes techniques de vente lorsque l'on anime un stand dans un marché (elle a eu lieu mi - Octobre). La seconde a eu lieu le Samedi 07 Novembre 2015, à Stratford, au pieds du site Olympique, Queen Elisabeth. Cette visite a permis aux élèves de vendre leurs produits. Quant au troisième événement commercial, il aura lieu le Samedi 05  Décembre 2015 dans les locaux du NewVIc. Effectivement, le lycée est ouvert certains Samedis pour laisser place aux nombreuses activités sportives et culturelles. C'est une nouvelle opportunité commerciale qui est offerte aux lycéens.

Pour ce billet, je m'attarderai seulement sur la première sortie. Nous avions donc rendez - vous mi - Octobre avec les Inspecteurs du très populaire Hoxton Market, sur Hoxton Street et le Oldspitalfield Market. Les étudiants avaient préparé des questions sur le fonctionnement du marché. Tout au long de cette visite, les lycéens ont bénéficié de conseils pour la commercialisation de leurs produits. Le département Business avait prévu seulement 3 accompagnateurs !!! Chaque professeur devait encadrer sa classe. Ce qui m'a surpris sachant qu'il fallait gérer 60 étudiants !!! Et des premières années !!! Je ne devais pas faire cette première escapade car j'avais, ce jour là, des sessions de F.L.E en one to one (des heures de soutien avec mes gentils francophones). Sauf qu'une collègue a eu un empêchement de dernière minute (la veille) ! Panique à bord, le Manager qui me cherche dans tout le campus. Hassan, nous avons besoin de toi, il faut accompagner les deux collègues car ce sont des premières années ! Je lui dis ok, on y va et à demain. C'est un événement que je ne suis pas prêt d'oublier. C'est la première fois que je vis une telle situation lors d'une sortie pédagogique!

Le jour J aucun absent. Nous prenons le train pour la partie Est de Londres plus précisément en direction de la zone 2 (nous démarrons de la zone 3). Une heure pour faire l'appel car beaucoup d'élèves sont arrivés en retard. Nous prenons chacun en charge un groupe afin de fluidifier la montée et la descente du train. Nous arrivons à destination. Nous regroupons les élèves à la descente du train. Nous effectuons un nouveau comptage. Tout le monde est là. Nous démarrons, je propose aux collègues de fermer le rang vu que je ne connaissais pas l'itinéraire. Et c'est au bout de15 minutes de marche que certains étudiants ont commencés à s'agiter. Sans prévenir, ils rentrent dans une boutique, ressortent, en visitent une autre, et ainsi de suite ; ce manège a duré 30 minutes, je préviens les collègues, nous nous arrêtons. Les coupables se font rappeler à l'ordre. Nous repartons et bizarrement les deux collègues accélèrent la cadence sans se retourner pour voir si tout le monde suivait. Et au fil du temps, des groupes commencent à se détacher. Tant bien que mal, je regroupe les retardataires (ils sont fatigués, ils ont faim, ils ont mal au pieds, etc,...). J'ai un groupe de 14 élèves qui refusent d'avancer. Rien y fait, ils entrent dans un "fast food et ils s'installent". j'appelle les collègues qui me disent, "don't worry Hassan", continue d'avancer, ils nous rejoindrons !!! J'essaye une dernière fois de les raisonner, j'en convainc 5 et nous rattrapons le groupe pour enfin arriver à destination (45 minutes de marche). Entre temps parmi les 9 élèves manquant, 3 ont pris le bus et 1 a loué un vélo pour nous rejoindre !!! 5 élèves ont disparu !!! Nous les reverrons que le lendemain en cour !!!

Les étudiants concernés ont eu un entretien de recadrage avec leur "tuteur" (ici c'est le professeur principal de la classe). J'aborderai ce dernier point ainsi que la deuxième sortie, qui a eu lieu le Samedi 07 Novembre 2015, dans un autre billet.  

Oui, je sais, les photos sont à l'image de ce joyeux bazar !!!