17 avril 2016

Le 8 mars, journée internationale de la femme en Chine comme ailleurs...

- Quelqu'un a posé des rouleaux de papier pour les  toilettes sur mon bureau...

- Quelqu'un a posé une serviette et de la crème de soin sur mon bureau!

- Oh, venez-voir! Quelqu'un a posé de la lessive sur mon bureau!

     Ainsi célèbre t-on la journée de la femme ici à Pékin... Certaines se sont même vu remplacer par leurs collègues masculins... hommage ou oh rage!?

     De toute façon, ici, on n'a rien vu de tout ça, et bien sûr, on peut pense que cette école ne fait rien pour le bien être des professeures; mais n'est-elle pas tout simplement en avance dans le domaine de l'égalité des sexes ou bien, n'a t-elle, elle, pas renoncé à l'égalité des sexes prônée du temps de Mao, avant les faux ongles et les chaussures à talons?

Faire son cours en public, critique bienveillante ou surveillance générale?

     Depuis cette année, mes collègues sont invités à organiser des séances publiques de cours auxquelles sont priés d’assister les autres professeurs ainsi que le cameraman officiel de l’école. Les collègues prennent des notes et s’inspirent ou disent ce qui va/ne va pas dans le cours pendant que le cameraman filme.

     Cette nouveauté pédagogique est présentée comme une avancée dans le domaine par l’administration, elle doit permettre aux uns et aux autres d’échanger leurs pratiques et de s’amé-liorer. En effet, la pédagogie n’est pas enseignée ici et les échanges de pratique sont rares, il n’y a pas d’inspecteurs ni de méthode canonique, sauf celle qui consiste à suivre le manuel.

     Cependant, on peut douter de la bienveillance du dispositif. En effet,

  • Ici tout est filmé et enregistré; par exemple il y a une caméra dans votre salle, par exemple les réunions sont photographiées pour empêcher les participants d’y dormir, les cours aussi, au débotté, par exemple les téléphones portables sont brouillés lors des réunions plénières, par exemple si vous perdez votre carte de cantine, on vous fera visionner une vidéo sur laquelle vous pourrez voir la personne qui l’utilise…
  • Ici, la bienveillance n’existe pas vraiment, on doit plutot parler de surveillance généralisée; si vous passez un film ou un extrait de film on le saura et on vous le reprochera, si vous ne pointez pas à l’heure (7h20, il faut signer) on vous le reprochera aussi, des surveillants sillonnent les couloirs pour relever les actions non conformes au règlement.

Donc, on peut légitimement se demander si ces séances sont inspirées par un désir d’échange fructueux ou bien sont des succédanés de critique collective…

 

08 février 2016

Guilty or not guilty, that is the question ?

UNE PETITE INTRODUCTION S'IMPOSE ...

Pour démarrer cette nouvelle année, je voulais m'arrêter sur un autre aspect de la société Anglaise : son système judiciaire. Je n'ai pas la prétention de vous décortiquer le mécanisme de la justice Anglaise, mais juste un pan de ce que j'ai vu et vécu avec une classe en tant que spectateur et la discussion que nous avons eu avec l'avocat de la première affaire. 

Ce thème a donné lieu à plusieurs activités pédagogiques sous forme d'ateliers. Lors d'un précédent billet, j'avais évoqué, la pédagogie du concret. Ce billet illustre parfaitement cette notion.

Entrons maintenant, dans une salle d'audience, les prévenus sont toujours sur notre droite ou notre gauche. Cela dépend de l'agencement du prétoire. Le témoin est face aux jurés et tourne le dos au public. Les salles sont toutes carrées. Les jurés sont toujours au fond et face au public afin d'avoir une bonne vue d'ensemble. Au milieu de la salle, il y a plusieurs rangées avec des plans de travail qui servent de bureaux où sont posés des pupitres équipés de micros afin que le procureur et l'avocat puissent s'exprimer de manière audible. Le box des accusés est également équipé d'un micro. Etonnamment, dans certaines salles d'audience, nous avons pu voir, parmi des écrans plats, des télévisions cathodiques. La décoration, le mobilier et les motifs de la moquette datent des années 70.

ET UN PEU D'HISTOIRE ...

"The Common Law": Quand le Roi Harry II arrive au pouvoir en 1154, il comprend qu'il doit opérer de grands changements. En effet, il charge des juges itinérants de relever tous les jugements du Royaume. C'est ainsi qu'il a constaté que tous les juges n'appliquaient pas tous la même loi. Ainsi, il y avait une grande disparité entre les différents jugements dans tout le royaume. Cela rendait la justice Anglaise très arbitraire et peu égalitaire. Aussi, afin d'unifier le droit Anglais, un magistrat Anglais, Randolph Grandville, eu l'idée simple mais efficace de compiler tous les jugements en un seul ouvrage qui deviendra "the Common Law" (la Loi Commune). C'était le vrai premier livre de Droit Anglais, l'équivalent de nos Codes. C'est sur ce livre que repose tout le système judiciaire Britannique. Contrairement à notre système judiciaire, qui lui s'appuie sur des textes de lois créés par le gouvernement ou le Parlement. En Angleterre, ils appliquent des jugements antérieurs qui ont été rendus sur des cas similaires à leur affaire en cours. Ces jugements antérieurs sont ce que nous, Français, appelons la "jurisprudence". Durant les différents ateliers auxquels j'ai participé, et suite à cette journée passée au Tribunal de Snaresbrook puis surtout après avoir échangé avec ma collègue, il s'avère que les Anglais accordent de l'importance aux faits concrets d'une affaire, tandis qu'en France, nous nous appuyons sur des règles générales et abstraites qu'on pourrait appliquer à n'importe quel fait concret d'une affaire. 

"The Crown Court of Snaresbrook": Dans cet arrondissement du Grand Londres, à savoir, le Nord - Est, au fil des arrestations et suite à l'immense variété des crimes et délits, les forces de l'ordre ont constaté une importante augmentation d'actes criminels entre 1950 et 1965. A l'époque, un seul juge épaulé par une équipe de 12 personnes (des administratifs) devaient faire face à cette situation. Le Juge a donc exigé plus de moyens pour lutter contre une criminalité grandissante. Et progressivement, d'autres juges sont arrivés pour l'aider.

Pour la petite histoire, le Tribunal de Snaresbrook a ouvert ses portes le 26 Novembre 1974 pour devenir aujourd'hui, l'un des plus grands du Pays et surtout du Grand Londres en termes de volume concernant les affaires jugées. A tel point, qu'en 1988, il a fallu agrandir les locaux et plusieurs annexes au Tribunal ont vu progressivement le jour en 1976 et 1979. J'ai donc accompagné, un groupe d'élèves et une collègue en charge de l'enseignement juridique, les A' Level Law, à Snaresbrook. Et nous avons observé deux affaires judiciaires : la première concernait le démantèlement par la Police, d'un réseau de faux passeports entre l'Angleterre et le Bengladesh ; la deuxième affaire concernait deux présumés trafiquants de stupéfiants, un couple, un homme et une femme. La Police a découvert lors d'un contrôle routier, deux grands sacs de Cannabis dans le coffre de leur voiture. Les élèves ont travaillé sur ces deux cas (les sanctions encourus par les prévenus, la présomption d'innocence, etc, ...). Vous remarquerez que j'utilise le terme "présumé", lorsque je parle des prévenus. Effectivement, il est écrit dans la constitution Britannique que : "une personne incriminée dans une affaire judiciaire est innocente jusqu'à la preuve du contraire, donc jusqu'au verdict final". L'affichage visible dans l'enceinte du Tribunal, rappelle ce principe fondamental de toutes les démocraties. Vous noterez également, tout au long de ce billet, certaines similitudes  avec notre système judiciaire.

PUIS LES PARTIES PRENANTES DANS UN PROCES ...

Les officiels, c'est à,dire, le procureur, le juge et l'avocat doivent obligatoirement revêtir la célèbre perruque Anglaise ("The wig"). Seules les femmes en sont dispensées. 

"Le juge (or my Lord)" : De part sa position hiérarchique et surélevée dans la salle d'audience, il domine tout le Tribunal. En général, il est seul, il n'hésite pas à recadrer les débats et les intervenants si nécessaires. il prend énormément de notes par rapport au différents échanges entre l'avocat, le procureur et le témoin. Et derrière lui, est accroché un imposant blason, celui de la justice royale accompagnée d'une citation en Français : "Dieu et mon Droit". Il est le seul habilité à interrompre les différents intervenants (témoin, avocat et procureur).

"Le procureur" : C'est le premier qui annonce les faits en détail et de manière minutieuse et le vocabulaire est toujours bien choisi. Il interroge tous les témoins et toujours avant l'avocat. Il intervient également à tout moment dans les débats soit pour apporter une objection, soit pour compléter ou faire préciser les dires des témoins. Il lit aussi le contenu des interrogatoires des accusés par la Police. Il n'hésite pas à solliciter les témoins. En effet, lors du second procès, il a demandé à un témoin de jouer son rôle (celui de policier) et le procureur s'est mis dans la peau de l'accusé. le but était de communiquer à la cour tout le contenu de cet interrogatoire. L'échange a duré plus de 30 minutes et c'est surprenant, car par moment, nous avions l'impression d'assister à une pièce de théâtre malgré une atmosphère pesante.

"L'avocat" : Il laisse d'abord le procureur s'exprimer, prend des notes afin de pouvoir rebondir sur les affirmations ou lectures du procureur. Il transmets les pièces à conviction à son client si nécessaire. Ces échanges sont souvent de sacrés joutes verbales. Ce qui a été le cas avec les interventions d'un des avocats lors de la seconde affaire. Le couple comparaissait avec deux avocats. Ce dernier n'a cessé de contredire le procureur, il s'est adressé aux jurés, au juge, au procureur' à son client et au public lors de toutes ses interventions. Nous avons assisté à un vrai show malgré la gravité de cette affaire !!! Ce cas, nous a énormément captivé tant dans son fond que dans sa forme. Le client était derrière l'avocat dans un grand box qui prend toute la largeur de la salle d'audience, et équipé d'une grande vitre blindée. La présence ou non d'une telle protection est justifiée par la dangerosité des prévenus et l'importance de l'affaire. Comme en France, les audiences sont en accès libres saufs pour les affaires sensibles et médiatisées. Nos élèves vont travailler sur cette seconde affaire car il y avait beaucoup de points et de notions à traiter. Donc un bon contenu pédagogique complémentaire à leur séquence. 

"Le prévenu" : Il peut, durant le procès, par le biais de son avocat, consulter les pièces à conviction présentées, les supports papier, photos, écoutes téléphoniques ainsi que tous les éléments pouvant l'incriminer. Ils peuvent comparaitre libres comme pour cette seconde affaire dont les faits dataient de 2014. Ils sont installés dans le box par l'huissier qui donne le relais à un agent de sécurité du Ministère de le Justice. Ce dernier reste avec le prévenu dans le box pendant toute la durée du procès.

"L' huissier (or the Usher) : Il y en a en général, deux, un fait office de greffier, il reste à sa à son bureau, juste en dessous du bureau surélevé du juge, il note sur son ordinateur, tout ce qui se dit dans le prétoire. Il peut, discrètement et à tout moment, s'adresser au juge en cas de besoin. Le second huissier transmet tous les documents nécessaires à l'instruction de l'affaire à toutes les parties prenantes, il gère les allers et venus du public, des témoins et des accusés qui comparaissent libres, il diffuse, si nécessaire et à la demande de l'avocat/du procureur/du juge des enregistrements vidéos et sonores. Il est aussi en charge de la transmission des pièces à conviction (exhibits) entre les parties prenantes. C'est d'ailleurs ce dernier qui nous a placé dans les deux salles d'audience en arrivant.  

"Le témoin" : Il sont convoqué et placé dans une salle proche du prétoire jusqu'à son intervention. Il attend que l'huissier vient le chercher pour témoigner. Il n'entend pas les débats. Tout témoin doit décliner son identité et profession dès son arrivée en regardant uniquement le juge. Afin de témoigner sous serment, le témoin est libre de choisir une bible (cette question rituelle, lui ait posé par l'huissier). S'il décide de le faire, il tient dans sa main gauche la bible et il lève sa main droite pour jurer et déclarer la traditionnelle et néanmoins célèbre phrase : "je jure de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité". Le choix d'une bible n'est pas imposé.

"Les jurés" : Ils sont toujours au nombre de 12. Ils sont escortés à chaque sortie (pauses et déjeuner) par un agent de sécurité car ils ne doivent communiquer avec personne. Un juré principal est nommé, et c'est lui qui transmet au juge, via l'huissier, des éventuelles questions suite aux interventions des différentes parties prenantes. Pour cette journée bien chargée en affaires, le restaurant du Tribunal a été réquisitionné pour les jurés afin de les isoler davantage. Donc, ce jour là, le restaurant n'était pas accessible au public. Afin de faire face à cette situation, un petit espace supplémentaire pour se restaurer a été mis dans le hall et il est accessible en permanence et pour tout le monde. Un important affichage mural était également présent concernant les jurés. Il était très explicite car c'est une mise en garde à leur encontre : "Pour votre sécurité, vous ne devez pas déjeuners avec le public".

"Le public" : Nous étions libres d'aller et venir pendant les audiences mais il fallait respecter certaines règles. En effet, à notre arrivée, nous avions été accueillis par un cadre du Tribunal pour nous communiquer les règles d'usage dans l'enceinte d'un Tribunal : "ne pas parler, ne pas manger et boire, ne pas faire de bruit et interdiction de prendre des photos, des  notes, ...". Le non - respect de ces règles peut entrainer, à tout moment, une réprimande du juge suivi d'une exclusion de la salle et sanctionnée par une amende.

17 décembre 2015

Open day, Training day and Christmas break !!!

Bonjour,

Juste un petit billet intermédiaire pour finir l'année 2015, ...

Ce dernier billet sera consacré à l'organisation de l'année scolaire au NewVIc. En effet, les principaux événements sont planifiés bien à l'avance, fin d'année précédente pour l'année suivante. Vous trouverez ci - après un extrait du planning annuel qui m'avait été remis au mois de Juin 2015 par le Principal lors de mon entretien. Ce qui est pratique, car vous avez une vision globale de ce qui vous attend et vous pouvez également plannifier vos voyages en France. 

Le NewVIc Term Dates 2015/2016:

Monday 31 August 2015

Summer Bank Holiday (Jour férié)

Saturday 10 October 2015

Open day (Portes ouvertes)

Monday 26 to Friday 30 October 2015

Half Term Break (Vacances d’Automne)

Monday  02 November 2015

Training day 1

Tuesday  01 December 2015

Training day 2

Thursday  17 December 2015 to Friday 01 January 2016

Christmas Break

Friday  05 February 2016

Training day 3

Saturday 06 February 2016

Open day (Portes ouvertes)

Monday 15 to Friday 19 February 2016

Half term break (Vacances d’hiver)

Thursday 24 March to Friday 08 April 2016

Spring break

(It sounds good)

Monday 02 May 2016

Bank Holiday

Monday 30 May to Friday 03 June 2016

Half term break (Vacances)

Wednesday 29 June 2016

Training day 4

Thursday 30 June 2016

Training day 5

I/Open Day:

Les portes ouvertes ont lieu deux fois dans l'année, juste après la rentrée (en octobre) et en Février, au moment où les futurs entrants (les collégiens) expriment leurs voeux pour la rentrée prochaine. Le principe reste identique à celui que l'on connaît en France. Sauf qu'en Angleterre, les portes ouvertes sont une des nombreuses occasions de communiquer auprès des familles, des collectivités et des entreprises locales, sources de financement. Les établissements scolaires évoluent dans un contexte fortement concurrentiel. En effet, les établissements communiquent tout au long de l'année. Les nombreux affichages publicitaires tout au long de l'année dans les bus et les couloirs de "l'underground Londonien" vous le rappelle. Chaque établissement scolaire public et privé revendiquent un enseignement de qualité. Ce sont toutes ces raisons qui poussent les établissements scolaires à fournir un accueil de qualité aux familles lors de cette événement.

Durant cet accueil, chaque Département ouvre ses portes, prépare son "kit de communication" en interne (affichage mural, prospectus à distribuer et des formulaires d'inscription). Effectivement, sur ce dernier point et durant la première porte ouverte, il reste encore des places donc une possibilité d'inscrire des élèves qui n'auraient pas encore trouvés un lycée. Et il ne faut pas oublier les nombreux ateliers ludiques à savoir, des jeux de logique et d'adresse puis de nombreux quizz pour entretenir la culture générale. Cela permet de créer une atmosphère conviviale. Deux collègues du Département Business sont de grands adeptes de ses ateliers, qu'ils n'hésitent pas à intégrer durant leurs séquences. Et autre aspect pratique, durant cette manifestation, la cantine était ouverte afin de permettre à tout le staff et leurs enfants de déjeuner. Tout le staff affecté à la restauration était présent ce jour là.

Pourquoi, j'évoque les enfants ?

Comme pour les inscriptions de début d'année, tout le staff, sans exception était de nouveau réquisitionné. Les enfants étaient accueillis dans les classes transformées en crèches et en aires de jeu. Très pratique pour les professeurs ayant des enfants. Beaucoup d'élèves de Terminale Générale, Technologique et Professionnelle étaient  également appelés en renfort pour l'accueil et l'orientation des familles au sein du campus et puis surtout pour parler de leur expérience au NewVIc. Ce sont les meilleurs ambassadeurs pour la direction de l'établissement. Et toute l'organisation devait être parfaite afin que les familles repartent avec un apriori positif et une bonne image de l'établissement. Le but est aussi de faire fonctionner le "bouche à oreilles".

Pour ma part, la Manager de la A'Level Team (Yes Miss) m'avait demandé d'aménager un espace pour l'accueil et l'orientation des visiteurs du Département Business (mise en place d'un stand avec tout le kit que j'ai indiqué précédemment). J'y suis resté une partie de la matinée et l'autre partie, j'ai rejoins mes collègues linguistes au Département "Humanities", qui je le rappelle regroupe l'Allemand, l'Espagnol et le Français. J'ai participé à l'accueil des familles dans une salle classique avec des PC. Malheureusement, le NewVIc ne possède pas une salle équipée comme un vrai laboratoire de langue (les PC reliés en réseau et équipés de casques, ...). En termes d'investissement, ce département n'est pas une priorité contrairement aux Mathématiques, l'Anglais et surtout les Sciences. Cette dernière discipline donne une image de prestige !

Néanmoins, j'ai pu constater un certain engouement pour la langue Française de la part de nos voisins Anglais. Effectivement, ma collègue de Français a été énormément sollicitée. Les parents/citoyens Anglais que l'on a rencontré n'avaient pas en tête le "French bashing". Le baromètre de leur enthousiasme indiquait un réel attrait pour la langue de Molière. Shakespeare et Molière peuvent reposer en paix ! 

II/Training Day:

Au total, dans l'année scolaire, cinq journées sont banalisées et consacrées à la formation des enseignants. Les élèves n'ont pas cour. L'établissement devient l'espace d'une journée, un grand centre de formation. A ce calendrier, vous ajoutez les réunions d'information sur le déroulement des épreuves au Baccalauréat qui auront lieu à l'extérieur de l'établissement. Revenons au NewVIc, Les sessions sont animées par des intervenants externes et par certains collègues. Le travail par "team (Département, dans la mesure du possible) " est incontournable. Et toutes les sessions sont organisées ainsi. Chaque thème est dispensé deux fois dans la journée afin qu'un maximum de professeurs puissent y participer. Un roulement est instauré et la machine est bien rodée car chaque équipe sait exactement où elle doit se rendre. Tout le monde émarge car ses ateliers sont obligatoires et à la fin tous les participants évaluent sur un document la qualité de la formation. Le procédé est identique à ce qui se fait en France.

Lors de la première journée (Training Day 1), j'ai participé dans un premier temps, à un atelier ayant pour thème les  "Fundamental British values", animé par un professeur d'un autre Département. Les membres de la direction y ont également participé. Tout le monde se sent concerné par cette cause nationale. Un bel exemple de patriotisme ! Etant moi - même confronté à cet élan patriotique et afin de compléter mon propos, je vous rappelle, juste, à titre d'information, ces " Fundamental British values" :

Democracy/Rule of Law (la Primauté du Droit)/ Individual Liberty/ Mutual Respect/Tolerance of those with different Faiths and Beliefs (la Tolérance envers les différentes Croyances et Religions).

La second atelier auquel, j'ai participé, avait plus un contenu pédagogique, à savoir "adapter son enseignement au niveau de connaissance des élèves". C'est un intervenant externe qui a animé cette formation. La configuration de la salle, nous a permis de travailler par groupes de 8/10 personnes. Des scénarios, nous étaient proposés et il fallait élaborer des pistes de réflexion. Puis dans un second temps, il fallait confronter nos travaux.

Lors de la deuxième journée (Training Day 2), j'ai participé à deux formations. La première était animée par un collègue du Département Business. La salle était également configurée pour un travail en groupe (8/10 personnes). La thématique était, le comportement à adopter face aux élèves et aux classes difficiles. Toutefois, au terme de ce module, certains enseignants avaient ressentis une certaine frustration. En effet, ces derniers sont confrontés à des élèves dit "à besoins spécifiques". Ces professeurs recherchaient des réponses concernant l'accompagnement d'étudiants souffrant de déficit mental léger, handicap physique avec fauteuil roulant, dyslexie et des élèves arrivant avec un suivi psychologique, et tout type de problématiques necessitant une pédagogie spécifique. Pourtant dès leur inscription au lycée, ces élèves sont pris en charge par des enseignants spécialisés et travaillant au sein du "Skill Center" mais il arrive que lors de l'inscription, l'information "passe au travers". C'est ce qui explique l'inquiétude de ces enseignants lorsqu'ils sont confrontés à des profils bien particuliers.

Le second atelier était dispensé par un intervenant extérieur et la thématique était la suivante : comprendre le fonctionnement du cerveau pour mieux enseigner. Le contenu de cette formation s'est appuyé sur les nombreuses recherches internationales sur les neuro - sciences. L'intervenant nous a expliqué qu'il y avait plusieurs choses à retenir concernant le cerveau si l'on voulait que nos élèves apprennent mieux a l'école. Comme par exemple, que l'intelligence n'est pas figée à la naissance, que le cerveau fait un tri des informations pour ne garder que celles qui étaient utiles pour le futur proche, que le cerveau n'était pas multitâche et puis que le cerveau se reconfigure sans cesse. Il a parlé de la notion de "plasticité cérébrale". Donc beaucoup de théories sur le fonctionnement du cerveau au service de l'éducation. Quelques exercices de mémoires nous ont été proposés pour agrémenter cet échange avec le formateur.

III/Christmas break:

Sur ce, je vous souhaite d'excellentes vacances de fin d'année ! Au NewVIc, les cours se terminent le Jeudi 17 Décembre 2015 donc aujourd'hui ! En effet, les élèves passent leurs A'level intermédiaires du 14 au 17 Décembre 2015 inclus. Seuls les élèves du professionnel sont en cours (Level 2 et 3). Pour ma part et pour cette semaine, j'avais cours durant les premières périodes de Mardi et de Jeudi (09h00-10h30) !!!

Je me dépêche car avant de rejoindre ma famille, je suis convié aux Staff Awrds et au Christmas lunch ! Tradition Britannique oblige ! 

16 décembre 2015

Hiérarchie et surveillance en Chine

La connaissance la plus utile à acquérir quand on travaille en Chine, c’est la connaissance de la hiérarchie et de « qui fait quoi » sinon, on ne parvient jamais à rien et on reste isolé et désœuvré…

En effet, les tâches sont très compartimentées, et sans doute un étranger en dirait-il autant dans une école en France mais, en France, je n’ai pas l’impression d’être aveugle…

Ainsi donc si vous demandez un renseignement concernant un domaine particulier (intendance, pédagogie, date de vacances, ressources…) à une personne qui n’est pas qualifiée, comme elle ne vous dira jamais qu’elle n’est pas qualifiée, votre requête restera lettre morte. Ce qu’il y a d’embarrassant, c’est que si, par contre, vous ne respectez pas la « chaîne de commandement », vous risquez de froisser et de vous mettre à dos tous ceux dont vous aurez ignoré l’existence sans le savoir.

Et puis il y a la contrainte du nombre et la conception de l’espace mental et géographique. Chaque salarié ne s’occupe que de son secteur d’activité et du temps présent donc, si vous cherchez quelqu’un qui n’est pas dans la sphère de la personne à qui vous demandez, les recherches risquent d’être longues ou fastidieuses, de même si la personne travaille dans un autre bâtiment, chaque « unité de travail » étant considérée comme un univers à part entière avec sa propre hiérarchie et ses propres coutumes, son propre calendrier…

Un autre argument récurrent est celui du temps, en effet mes collègues adorent paraître débordés, c’est très valorisant (comme envoyer des messages professionnels à minuit en France ?) et donc, que répondre à quelqu’un à qui vous demandez un « service » professionnel ou personnel et qui vous répond qu’il n’a pas le temps alors que c’est visiblement une fable ?

La méconnaissance du milieu d’accueil peut aussi rendre légèrement paranoïaque. En effet il y a parmi le personnel de l’école des personnes chargées de surveiller et de rendre compte. On dirait que ça ne dérange personne, mais il est troublant de voir débarquer dans votre classe une personne dont vous ne connaissez ni l’identité ni la fonction, qui « fait un tour », pose quelques questions, et repart… L’enquête sérieuse que vous mènerez par la suite vous apprendra que son rôle est de surveiller élèves et professeurs afin qu’ils ne dérogent pas aux règles (ne pas porter de tenue dénudée, ne pas montrer de film en classe, arriver en avance…). De la même façon, les cours que vous ferez seront supervisés par un(e) collègue chinois(e), et vous aurez la surprise de le/la voir venir assister à votre cours si vous lui avez annoncé que vous allez prononcer le mot « politique » en classe…

J’entends beaucoup de gens parler de la restriction des libertés publiques en France, c’est assez angoissant ; les chinois sont-ils trop nombreux pour qu’on leur permette des « fantaisies », ou bien les considère-t-on comme des enfants ?

26 novembre 2015

« La pensée We chat et Powerpoint ».

Chloé Faucillon, Pékin.

Bonjour,

Je suis à Pékin depuis deux mois maintenant, passée la gestion d’une certaine déception concernant mes conditions d’hébergement et de travail, je peux commencer à réfléchir et à penser pédagogie…

La première chose dont j’ai envie de parler, au risque « d’enfoncer des portes ouvertes » c’est de ce que j’appelle « la pensée We chat et Powerpoint ». We chat est le logiciel implanté sur tous les téléphones portables en Chine grâce auquel on communique presque exclusivement (entre collègues notamment), c’est l’équivalent de Whatsapp en France, et vous connaissez tous Powerpoint, « ce logiciel qui rend stupide » selon Franck Frommer (« La pensée PowerPoint : ce logiciel qui rend stupide », octobre 2010) que tous les professeurs chinois utilisent pour faire leurs cours.

  1. Cette application (et ce logiciel) contraignent la pensée. En effet sur Wechat il est si fastidieux de procéder à toutes les étapes précédant l’ouverture du message et d’y répondre en toutes circonstances qu’on finit par éviter d’exprimer des choses trop compliquées. Quant à Powerpoint, avez-vous essayé de faire un Powerpoint avec un logiciel en chinois ?

  2. Cette application et ce logiciel réduisent la réflexion à sa plus simple expression. En effet le temps manque souvent et la place est limitée. On évite la subordination et la coordination, les mots de liaison. Quand on écrit dans une langue étrangère, c’est pire. Enfin, quand on fait un Powerpoint, on fait du méta internet en allant piocher çà et là des images « volées ».

  3. Cette application et ce logiciel n’ont un but qu’utilitaire. On n’échange que des informations nécessaires à notre survie. Pas de beauté, pas de complexité, pas d’ambition.

  4. Cette application (et ce logiciel) ne fonctionnent que dans l’immédiateté. On ne réfléchit pas, on répond « du tac au tac ».

  5. Cette application et ce logiciel sont « chronophages ». Le téléphone sonne sans cesse pour transmettre des messages sans contenu et qui parfois sont adressés collectivement donc ne nous concernent/intéressent pas, ça devient insupportable. Les professeurs passent des heures à « faire » des Powerpoints qui hypnotiseront leurs élèves au lieu de les éveiller.

  6. Cette application (et ce logiciel) banalisent les échanges. Le langage est réduit à une fonction purement phatique ou alors la communication est tronquée et passe mal.

  7. Cette application et ce logiciel sont publics. On ne peut dire/écrire que ce que le commun des mortels peut recevoir donc ça limite et la réflexion et son expression. Toute iconoclastie est bannie. Toute remarque potentiellement politiquement incorrecte aussi car ça risquerait de ne pas être compris et d’engendrer des conflits.

  8. Les élèves n’écrivent pas, ils regardent le Powerpoint du professeur. Ils ne réfléchissent pas, ne se posent pas de problème pour y trouver une solution, ils regardent. Ils sont « hypnotisés » comme par le serpent dans « Le livre de la jungle ».

  9. Le professeur passe tout son temps à essayer de simplifier sa pensée et son cours au lieu de chercher à les développer et à les dérouler.

  10. Conclusion :

  • Ces deux outils informatiques sont les outils d’une conception exclusivement utilitaire de la langue et d’une gestion « capitalistique » (rentable) du temps, des informations, du langage, de l’enseignement.

  • Ils ne peuvent en aucun cas servir d’outil pédagogique car ils sont le contraire même de toute recherche d’innovation intellectuelle et l’ennemi de toute pensée élaborée.

  • Ces deux outils nuisent à la transmission de savoirs et de compétences et transforment le professeur en outil, en machine.

(Déjà posté: La délation considérée comme un outil pédagogique et l’autorité questionnée; « vérité en deçà, erreur au-delà » !)

Les professeurs déblaient la neige


25 novembre 2015

" L’impact de la conception du temps sur la pédagogie" ,


 Bonjour,

 

Personne ne sera étonné(e) du fait que “les chinois” (pour autant que je puisse en juger) n’ont pas la même conception du temps que nous (en France?, en occident?, dans les pays de tradition judéo-chrétienne?); il me semble que nous allons vers “la fin du temps” (d’où angoisse) alors qu’ici, c’est plus circulaire, rien ne s’arrête vraiment.

J’ai déjà eu l’occasion de parler de l’apparente “désorganisation” qui règne ici, ou en tout cas du fait que rien n’est planifié comme nous aimons le faire. Les dates des vacances sont connues au dernier moment, les horaires des cours varient en fonction de tout un tas d’impératifs notamment admistratifs…

En conséquence de quoi la pédagogie s’en trouve affectée, je ne sais si c’est en bien ou en mal…

  • Le cours ne s’inscrit pas dans une continuité temporelle, on ne demande pas ce qu’on a fait la dernière fois par exemple.

  • Je pense que les jeunes n’anticipent pas les cours qu’ils auront, ils se contentent de sortir le cahier qui correspond en fonction du professeur qui arrive dans leur classe (comme dans mon lycée en France d’ailleurs).

  • Ils n’ont pas d’agenda, pas de calendrier, ils attendent que les choses surviennent.

  • Le temps, et l’espace aussi d’ailleurs, est circonscrit a l’instant présent, rythmé par des musiques différentes qui poussent les jeunes comme le joueur de flute vers le stade, la cantine, la salle d’ étude…

  • L’impact sur la pédagogie est foudroyant, car, comme nous ne jurons que par les objectifs, les progressions et l’acquisition progressive de compétences, ici les éves ne savent même pas quelle compétence on veut leur faire acquérir ni où ils en sont dans l’acquisition de celle ci, c’est su ou pas, c’est tout, et de toute facon on passe à la suite. En conséquence de quoi dans une classe de 20 élèves de “4eme” seuls 4 enfants ont acquis la compétence “savoir reconnaitre et conjuguer le passé composé”, ce qui ne nous empêche pas d’avancer…

24 novembre 2015

LA PEDAGOGIE DU CONCRET: AMAZING! BRILLIANT ! FANTASTIC, ....

"Keep calm and join us !".

Cette phrase résume très bien un grand moment de solitude  !! Je m'interroge : "La culture Britannique va - t - elle déteindre sur moi ?".

Pour cet épisode, j'ai besoin d'acteurs, les étudiants. En effet, je vais me focaliser sur les Level 2. Il y a 3 classes de ce type au NewVIc, ce qui correspond à 60 "students" au total. Retenez ce chiffre car il est intéressant pour la suite de mon récit ! Au lycée, pour désigner cette catégorie d'apprenants, la communauté éducative utilise le terme "student" et/ou non "learners" et non "pupils" qui est attribué aux collégiens. Petite précision de la part de mes collègues. 

Level 2 ! Small but you can become great ! Revenons sur les Level 2, ce sont les primo - arrivants au lycée mais dans la filière professionnelle, vous l'avez compris, ce niveau correspond à nos secondes professionnelles. La majorité des étudiants ont en moyenne 15 ans. Je vous laisse imaginer la situation en terme de gestion de classe .... Et ben non ! J'ai connu pire ! Certes, ils sont immatures mais cet aspect peut être gommé par leur comportement positif sur certains points. Et de temps en temps, ils ne pensent qu'à jouer, ce qui ne facilite pas leur concentration. Mais, je ne vais pas généraliser car dans ces classes comme en France, de bons élèves se révèlent et ils sont rapidement identifiés lors des activités de groupe (working by pair, for example), qui sont quasi légions ici.  Pour beaucoup, ils n'ont pas le G.C.S.E (General Certificate of Secondary Education), l'équivalent de notre Brevet des Collèges. Ce diplôme est important car il atteste d'un niveau minimum requis pour pouvoir suivre avec succès sa scolarité au lycée. Les étudiants qui ne l'ont pas réussis, peuvent le repasser cette année. A ce propos, ils ont quelques heures de cours dans leur EdT pour le préparer. Par exemple, ma collègue de F.L.E les prend en charge durant 1h30 (soit une période) pour renforcer leurs compétences en Anglais !

Je travaille depuis le début de l'année avec deux collègues du Département Business. Et ici, on ne se formalise pas. Tout le monde, sans exception s'appelle par son prénom. Au début, cette situation peut surprendre mais on s'y habitue rapidement. Néanmoins, la barrière qui sépare l'adulte et l'étudiant est naturellement maintenue. Pour ma part, j'interviens en Business les Mardis et Jeudis matin auprès de 24 élèves sur 60 ! Numériquement parlant, c'est le plus grand groupe. Soit en autonomie lors des ateliers (workshops) soit en tant qu'assistant lors des cours (lessons). Je les aide à structurer leur travail lors des restitutions orales et écrites puis je distribue la prise de parole lorsqu'ils sont interrogés par l'enseignant (e). Un soupçon de discipline est nécessaire dans ce joyeux bazar !

En effet, depuis le début de l'année, nous travaillons avec les trois classes sur un projet de création d'entreprise qui va prendre toute l'année scolaire. Ce qui veut dire qu'une grande partie du programme (curriculum) va être rattachée à ce projet.

Keep calm and love business ! Penchons - nous maintenant sur le fonctionnement intrinsèque de ce projet de création d'entreprise. Lors de ces ateliers, les élèves travaillent par groupe de 4 à 6. Un groupe correspond à une organisation ou une entreprise. Le travail s'est appuyé sur plusieurs problématiques, constituer les groupes, choisir les produits à vendre, créer le logo, le nom de l'entreprise. Durant ces ateliers, j'ai vu une classe bruyante, mobile, agitée mais très active et surtout très impliquée dans ce projet. Cela ressemble à une foire ! Mais comme disent mes collègues, "don't worry Hassan". Effectivement, c'est pour la bonne cause : leur business ! Normalement, ce type d'activité pédagogique requiert le calme mais pas ici. Et ce qui est encore plus surprenant, c'est que la mise au travail est rapide. Les 1h30 de cour sont utilisées dans leur totalité !!! Pour ne pas ralentir cet élan, l'appel est toujours fait lorsque les élèves sont en activité. Dès qu'ils ont mis le pieds dans leur "classroom", chaque étudiant connait son rôle. Et toute cette agitation vue de l'extérieur, ressemblait à un bazar ... Mais un bazar enveloppé d'une bonne humeur !

Pour ma part, j'ai apporté une pierre à l'édifice. En effet, j'ai longuement travaillé de manière autonome, sur les parties prenantes (stakeholders) de leur business. Chapitre difficile pour les élèves, c'est ce qui explique l'emploi du mot "longuement". D'ailleurs au passage, je remercie ma collègue de m'avoir donné carte blanche sur le contenu de ce cour. Je leur ai expliqué ce qu'était une partie prenante, son rôle, son importance, les différentes parties prenantes (externes/internes) en lien avec leur business, pourquoi et comment communiquer avec tous ces partenaires ? Tout cela, bien évidement dans une agitation que vous pouvez aisément imaginer. Mais ce qui me conforte, c'est que l'on arrive à communiquer car ils se sont réellement accaparés leurs outils. Ce qui leur plait, c'est de travailler autour d'un projet concret où ils sont acteurs. Des potentialités se révèlent, certains/certaines deviennent des leaders positifs qui tirent tout le groupe vers le haut !

Amazing ! Brilliant ! Excellent ! Fantastic ! Great ! Welldone ! Vocabulaire à absolument maitriser dans une classe. Tous ces petits encouragements sont comme des pièces que l'on assemble pour construire un moteur, à savoir "la motivation". Cela les rassure et les stimule. Ce qui n'est pas grand chose en soi. Même si leurs productions sont moyennes et pas toujours à la hauteur des attentes et des exigences des professeurs, ce n'est pas grave. On les encourage. Cependant, certains étudiants vont au delà de nos attentes. Mais en tout état de cause, ils sont toujours encouragés à faire mieux.

Sixty students ! It is Madness ! Nous arrivons maintenant à la concrétisation de leur projet d'entreprise. C'est à dire, l'application sur le terrain. A ce propos, trois sorties sont programmées afin de matérialiser leur création. La première consistait à observer les différentes techniques de vente lorsque l'on anime un stand dans un marché (elle a eu lieu mi - Octobre). La seconde a eu lieu le Samedi 07 Novembre 2015, à Stratford, au pieds du site Olympique, Queen Elisabeth. Cette visite a permis aux élèves de vendre leurs produits. Quant au troisième événement commercial, il aura lieu le Samedi 05  Décembre 2015 dans les locaux du NewVIc. Effectivement, le lycée est ouvert certains Samedis pour laisser place aux nombreuses activités sportives et culturelles. C'est une nouvelle opportunité commerciale qui est offerte aux lycéens.

Pour ce billet, je m'attarderai seulement sur la première sortie. Nous avions donc rendez - vous mi - Octobre avec les Inspecteurs du très populaire Hoxton Market, sur Hoxton Street et le Oldspitalfield Market. Les étudiants avaient préparé des questions sur le fonctionnement du marché. Tout au long de cette visite, les lycéens ont bénéficié de conseils pour la commercialisation de leurs produits. Le département Business avait prévu seulement 3 accompagnateurs !!! Chaque professeur devait encadrer sa classe. Ce qui m'a surpris sachant qu'il fallait gérer 60 étudiants !!! Et des premières années !!! Je ne devais pas faire cette première escapade car j'avais, ce jour là, des sessions de F.L.E en one to one (des heures de soutien avec mes gentils francophones). Sauf qu'une collègue a eu un empêchement de dernière minute (la veille) ! Panique à bord, le Manager qui me cherche dans tout le campus. Hassan, nous avons besoin de toi, il faut accompagner les deux collègues car ce sont des premières années ! Je lui dis ok, on y va et à demain. C'est un événement que je ne suis pas prêt d'oublier. C'est la première fois que je vis une telle situation lors d'une sortie pédagogique!

Le jour J aucun absent. Nous prenons le train pour la partie Est de Londres plus précisément en direction de la zone 2 (nous démarrons de la zone 3). Une heure pour faire l'appel car beaucoup d'élèves sont arrivés en retard. Nous prenons chacun en charge un groupe afin de fluidifier la montée et la descente du train. Nous arrivons à destination. Nous regroupons les élèves à la descente du train. Nous effectuons un nouveau comptage. Tout le monde est là. Nous démarrons, je propose aux collègues de fermer le rang vu que je ne connaissais pas l'itinéraire. Et c'est au bout de15 minutes de marche que certains étudiants ont commencés à s'agiter. Sans prévenir, ils rentrent dans une boutique, ressortent, en visitent une autre, et ainsi de suite ; ce manège a duré 30 minutes, je préviens les collègues, nous nous arrêtons. Les coupables se font rappeler à l'ordre. Nous repartons et bizarrement les deux collègues accélèrent la cadence sans se retourner pour voir si tout le monde suivait. Et au fil du temps, des groupes commencent à se détacher. Tant bien que mal, je regroupe les retardataires (ils sont fatigués, ils ont faim, ils ont mal au pieds, etc,...). J'ai un groupe de 14 élèves qui refusent d'avancer. Rien y fait, ils entrent dans un "fast food et ils s'installent". j'appelle les collègues qui me disent, "don't worry Hassan", continue d'avancer, ils nous rejoindrons !!! J'essaye une dernière fois de les raisonner, j'en convainc 5 et nous rattrapons le groupe pour enfin arriver à destination (45 minutes de marche). Entre temps parmi les 9 élèves manquant, 3 ont pris le bus et 1 a loué un vélo pour nous rejoindre !!! 5 élèves ont disparu !!! Nous les reverrons que le lendemain en cour !!!

Les étudiants concernés ont eu un entretien de recadrage avec leur "tuteur" (ici c'est le professeur principal de la classe). J'aborderai ce dernier point ainsi que la deuxième sortie, qui a eu lieu le Samedi 07 Novembre 2015, dans un autre billet.  

Oui, je sais, les photos sont à l'image de ce joyeux bazar !!!

10 novembre 2015

Welcome to Dulwich

A mon tour donc de présenter mon établissement pour cette année 2015-2016 du programme Jules Verne.

Le Dulwich College est un établissement dit "indépendant" c'est-à-dire privé de 1 500 garçons de la maternelle à la Terminale; il se situe à Dulwich, une banlieue cossue du sud-est de Londres. Fondé en 1619 par Edward Alleyn, acteur et propriétaire de théâtre, le collège se compose de bâtiments anciens, visibles sur la photo, mais également d'éléments plus récents comme le bâtiment de sciences.

La journée de cours se décompose en 8 périodes de 35 mn (oui, 35 mn seulement!): 6 le matin et 2 l'après-midi. Le reste du temps est consacré aux nombreux clubs et aux activités sportives (aviron, cricket, rugby...). Les classes sont peu chargées (20 à 25 élèves), les élèves sont très autonomes et se mettent rapidement au travail. 

Après des débuts un peu lents (les collègues ayant été très occupés lors de la période de la rentrée), j'ai maintenant trouvé ma place au sein de l'équipe éducative. Mon emploi du temps est constitué de cours de Français avec les year 6 (équivalent CM2) pour 4 périodes par semaine, de groupes de soutien pour les French Native Speakers afin d'améliorer leur compétence rédactionnelle (4 périodes par semaine), j'anime également 2 groupes d'Histoire en français pour les élèves préparant le GCSE (DNB) et le A-level (Bac) et je co-anime le Geography Club et la Geography Society. Les semaines sont donc bien remplies!

Nous avons la chance de disposer de bureaux pour travailler et de ressources quasi-illimitées, ce qui s'explique par le fait que l'établissement est privé et qu'il reçoit de nombreuses donations d'entreprises et d'anciens élèves. Je suis bien consciente qu'il ne s'agit pas là d'un établissement type au Royaume-Uni et que l'on est très loin de principes fondamentaux tels que l'égalité des chances ou une éducation de qualité pour tous!

Il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une expérience unique et exotique!

08 novembre 2015

Conférence Institut français de Madrid "La maison d'Izieu mémorial des enfants juifs exterminés"

Le 9 octobre dernier, nous sommes allées avec nos élèves de Bachibac respectifs (de l’IES Beatriz Galindo de Madrid et de l’IES Juan de Mairena de San Sebastian de los Reyes) assister à la conférence « La Maison d’Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés » organisée par l’Institut français de Madrid. 

Cette rencontre donnait la parole à Hélène Waysbord  fille de parents juifs communistes polonais déportés pendant la Seconde guerre mondiale. Alors qu’elle n’avait pas encore six ans, elle fut recueillie et élevée dans un petit village de Mayenne par un « Juste parmi la nation » qui la fit passer pour une petite catholique pendant toute la durée de la guerre. C’est avec beaucoup d’émotion que Madame Waysbord nous a fait partager son histoire et nous a lu quelques passages de son livre L’amour sans visage (roman autobiographique), véritable exutoire comme elle a elle-même tenu à le préciser, soulignant également le rôle fondamental de l’écriture pour la récupération de la mémoire. Elle est aujourd’hui la présidente de l’Association de la Maison d’Izieu. Elle était accompagnée d’Alexandre Halaubrenner, qui a inspiré son dernier livre Alex ou le porte-drapeau.

Le père et le frère d’Alexandre Halaubrenner furent tués pendant la Seconde guerre mondiale après avoir été arrêtés près de Lyon par celui que l’on a depuis surnommé « le bourreau de Lyon » : Klaus Barbie. Deux des sœurs de Monsieur Halaubrenner furent raflées, sur les ordres du chef de la gestapo lyonnaise, à la maison d’Izieu le 6 avril 1944. Avec sa mère et sa plus jeune sœur, ils furent sollicités par les époux Klarsfeld au début des années 1970 pour retrouver et participer au jugement de Klaus Barbie. Sa mère a participé à sa traque jusqu’en Bolivie et tous les trois ont témoigné lors de son procès à Lyon en 1987. Alexandre Halaubrenner nous a fait partager son expérience à travers une intéressante discussion interactive avec le public composé d’élèves de terminales Bachibac de Madrid et de Tolède. Cette conférence nous a offert un témoignage riche et émouvant tout en nous proposant une réflexion intéressante sur l’évolution des mémoires de la Seconde guerre mondiale. Histoire, témoignage, mémoires et historiographie se sont alors mêlés pendant cette matinée qui a captivé les élèves et a constitué le point de départ d’une réflexion en classe.

Mathilde Jamin et Marion Chariol

05 novembre 2015

« Vérité en deçà, erreur au-delà »

Avant de démarrer mon billet, voici la même vue de jour à deux moments différents ...




















"Les questions de l’intérêt pédagogique de dénoncer et de l’autorité".

Bonjour,

Si il est bien deux choses dont nous sommes certains en ce moment dans notre éducation nationale en France, c’est que la délation est une chose horrible et que l’autorité doit être restaurée…

En Chine, au moins ici dans mon quartier à Pékin, c’est tout le contraire ! L’école dans laquelle je travaille se pique d’être à l’avant-garde des méthodes éducatives, les parents payent très cher pour inscrire leur enfant dans un système alternatif au système traditionnel chinois, très axé sur l’élitisme et la compétition. Du coup, on sent sourdre ici l’influence confucéenne traditionnelle, cependant elle est mâtinée de théories sur lesquelles nous sommes revenus, ils viennent de « tomber dedans »… On verra ce que ça donnera.

Donc, ce que nous appelons la délation et ne pouvons supporter pour une part à cause des dénonciations qui ont eu lieu pendant la seconde guerre mondiale est ici considérée comme une pratique saine et courante. Par exemple, les élèves ont un cahier officiel dans lequel ils consignent les heures d’arrivée des professeurs (combien de minutes de retard ou d’avance, il faut préciser qu’après plus de trois retards on peut être renvoyé(e) précise notre contrat). Ils consignent également qui a fait l’andouille et a été puni. Il y a aussi un cahier dans lequel un élève est chargé de noter qui ne fait pas bien ses exercices de relaxation… C’est très perturbant de constater que même une valeur aussi cardinale peut n’être pas reconnue comme universelle et cela pose la question de la morale individuelle par rapport à l’intérêt collectif. C’est pas beau de dénoncer cependant qui en France dans nos collèges et nos lycées n’a pas été confronté(e) à un genre d’omerta suite à un vol ou une agression et ne s’en est pas trouvé exaspéré ? L’horreur de la délation l’emporte sur toute autre considération et l’intérêt personnel ou du micro groupe sur l’intérêt général.

Mais j’ai aussi promis d’aborder de la question d’envisager l’autorité…

Donc nous pensons tous que l’école en Chine est un long chemin de croix et que les jeunes y sont traités comme dans nos collèges au moyen-âge. Et bien ici, il n’en est rien ! J’ai déjà eu l’occasion de raconter les collégiens qui courent et braillent dans les couloirs, envahissent les bureaux collectifs déjà bruyants des professeurs avec lesquels ils sont très familiers, utilisent leurs ordinateurs et leur téléphone… Je n’ai pas encore raconté ma collègue qui me tance car je demande aux 6èmes d’écouter et de se taire (ça pourrait les traumatiser, sic), ni le fait que quand on leur fait une remarque elle glisse sur leurs plumes. J’ai omis de dire la façon grossière dont ils traitent une jeune assistante en lui touchant le corps et les fesses et en insistant sur son embonpoint. Il faut aussi que je raconte que j’ai dû me fâcher car ils arrivent en retard en classe et entrent sans frapper. J’ai aussi déplacé plusieurs fois un élève dans un cours (en quatrième) car il bavardait sans cesse, forcé un autre à prendre un stylo…

Une jeune femme qui est ici assistante de direction et a placé son enfant dans cette école, quand je lui ai posé des questions sur ce sujet, m’a répondu qu’elle souhaite que son enfant soit épanoui, libre et heureux. J’ai rencontré cet enfant, je ne sais pas comment il se comporte en classe mais, à cinq ans, il se comporte déjà en société comme le centre du monde…

Je ne sais pas ce que tout cela signifie….

  • Que je suis perturbée par l’ébranlement de mes certitudes et de mes valeurs sans doute.

  • Que je me pose la question des critères d’adoption d’un point de vue comme moral certainement.

  • Que j’ai l’impression d’assister à ce que j’imagine qu’il a dû se passer en France dans les années 70, avant que nous ne perdions le contrôle dans nos classes (voir l’article de Philippe Meyrieu où il parle de « pédagogie de garçon de café ») et ne nous mettions sérieusement à réfléchir sur la question de l’autorité, sûrement.

On verra bien.

Le séminaire.

J’aurais pu passer deux jours et deux nuits à lire le dernier livre de Maylis de Kerangal, ou à préparer de Powerpoints pour montrer des images de la belle France à mes élèves assoupis, j’aurais pu aller visiter le palais d’été (très joli) ou retourner voir l’installation d’Ai Weiwei au 798 (très émouvante), mais je suis allée à un séminaire (de semen, graine…) et on peut dire que nous avons bourgeonné !

Participer à un séminaire, c’est comme passer deux jours dans un sous-marin ou à un repas de famille...même si, depuis l’avènement des téléphones portables, on peut s’échapper virtuellement voire communiquer avec les autres « séminaristes » dont nous sommes éloignés par le hasard du plan de table.

Première chose à savoir : il faut être initié ; car il y a des codes à ne pas enfreindre si l'on ne veut pas se sentir en pays étranger, doublement étranger donc. Il faut s’arrêter de parler de temps à autre pour laisser le pauvre traducteur traduire par exemple, ce que l’on dit compte moins que le fait d’être là pour vérifier sa position dans l'assemblée…

Il y a un décor aussi, un peu comme pour un mariage ; les serveurs comme à l’hôtel de Balbec, chorégraphie impeccable, un maître de cérémonie, la table en U, la nappe blanche, les noms sur les tables, le petit sachet de dragées et la bouteille d’eau, les petits cadeaux à la gloire de la francophonie...

Les accessoires ? Un vidéo projecteur (jaloux!), un micro qu'on promène d’une bouche à une autre comme dans les émissions télévisées…

Et puis on mange… mais pas pour le plaisir, non, c’est un petit déjeuner/ déjeuner/ dîner (12 plats quand même) de TRAVAIL , donc on travaille : « on pourrait faire un atelier théâtre ? », « que pensez-vous de notre école ? » (Je dîne à côté de la vice proviseure), « je vais vous présenter l’inspecteur/ DAREIC/ IG/ IPR/ attaché de ceci ou cela… ». Bref : vous avez la tête qui tourne, vous souriez bêtement, vous collectez les cartes de visite avec un drapeau bleu, blanc, rouge dans le coin …

…Quand l’apnée cesse retour à la réalité. Vous laissez l’envolée d’inspecteurs… prendre son bus et vous vous dirigez vers le métro en vous ébrouant, vous avez des cours à préparer.

                                                                                     L'œuvre de Ai Weiwei...

                                                              Mon école sous la neige ...

- page 1 de 2