L’éolienne off-shore, un vent favorable ?
Par Bénédicte Bornier (Collège François Furet) le 03 mai 2018, 17:23 - Lien permanent
La France a de grandes ambitions en termes d’éoliennes off-shore . Mais quel est l’avis de la population envers ces projets ? A quoi cela sert-il ?
L’hexagone a pour ambition d’avoir une production électrique de l’ordre de 6000 MW venant de l’éolien en mer à l’horizon 2020 . C’est pourquoi il a lancé des appels d’offres pour mettre sur pied des sites d’éoliennes off-shore . En effet, ce système de génération d’électricité n’émet pas de CO2 et est plus rentable que l’éolien terrestre : ces éoliennes installées en mer sont plus grandes que leurs consœurs terrestres et placées dans un milieu où le vent est puissant et régulier. De plus, il est possible de les installer près des côtes en les ancrant aux fonds marins ou bien en pleine mer en les plaçant sur des flotteurs reliés au fond par des câbles. En Europe, il y a environ 2500 ( chiffres de 2014 ) éoliennes off-shore, dont la majorité sont installées au Royaume-Uni, au Danemark, en Allemagne et en Belgique : la France est donc en retard par rapport à ses homologues européens.
La France, deuxième gisement éolien d’Europe
La France, avec ses 3427 km de littoral (trait de côte SHOM (Service hydrographique et océanique de la Marine) à l’échelle 1/1000000), a lancé un plan d’investissement de 10 milliards d’euros dans 6 projets de parc éolien off-shore. Cela permettrait de créer plus de 10000 emplois au total. Ces projets ont été partagés entre plusieurs acteurs de l’éolien en mer : l’entreprise espagnole Iberdrola, française Adwen mais aussi EDF Energies Nouvelles, en charge de 3 projets :
- à Fécamp, en Seine-Maritime, d’une puissance de 498 MW, permettant de couvrir la consommation moyenne de 770 000 habitants
- à Courseulles-sur-mer, dans le Calvados, d’une puissance de 450 MW permettant de répondre au besoin d’environ 630 000 personnes
- et enfin à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, d’une puissance de 480 MW, fournissant de l’énergie pour environ 700 000 habitants.
Ces parcs éoliens utilisent des éoliennes de fabrication française sorties des usines d’Alstom, appelées Haliade : elles possèdent une puissance de 6 MW. Enfin, ces éoliennes sont éloignées de 10 à 13 km des côtes.
L’éolien off-shore, source de controverse ?
Vous avez sûrement entendu des discours qui rejetaient l’éolien parce que cela détériorait le paysage.
Il se trouve que l’éolien en mer est également source de débat . Observons de plus près le cas de Courseulles-sur-mer : projet doit voir le jour en 2021 à une dizaine de kilomètres des plages normandes du Débarquement . D’un côté, les opposants, dont 8 associations qui ont chacune déposé un recours au projet, avancent comme argument que l’installation d’éolienne si près des plages du Débarquement pourrait remettre en cause sa présence dans le patrimoine mondial de l’UNESCO . De plus, le risque de rencontrer des mines non explosées datant de la Seconde Guerre mondiale est mentionné . Enfin, d’après certaines associations environnementales, l’installation des ces éoliennes détériorerait les fonds marins sur les 50 kilomètres-carré qu’occuperait le parc, ainsi que l’écosystème qui y vit, dont les oiseaux marins. De l’autre côté, les partisans du projet affirment que cela donnerait un coup de fouet à l’économie de la région, avec des centaines de nouveaux emplois, et décarbonerait la production électrique tout en limitant les contraintes dues à l’éolienne. Le gouvernement français ne lâchera pas l’affaire et compte bien rendre la France compétitive dans ce secteur économique florissant.
Mais ces projets pourront-ils aboutir ? L’éolienne off-shore peut-elle rester compétitive face au nucléaire ? Cela, seule l’histoire nous le dira ...