Résistance.

Voici trois récits authentiques de résistance. Ils permettent de constater les risques qui côtoient une sorte de banalité (d'évidence en fait) des actions à faire. Le personnage principal et narrateur est un fermier de Seine Maritime (région du Pays de Caux en Normandie). Les questions posées vous permettent de voir si vous avez compris!

Voici trois récits authentiques de résistance. Ils permettent de constater les risques qui côtoient une sorte de banalité (d'évidence en fait) des actions à faire. Le personnage principal et narrateur est un fermier de Seine Maritime (région du Pays de Caux en Normandie). Les questions posées vous permettent de voir si vous avez compris!

__''La résistance : un témoin raconte. (Récit d’un agriculteur normand à son fils. Le témoin est le maire d’un petit village, Le Mont de l’If, à environ trente kilomètres de Rouen.)'' __

I) La vie du village renaissait et puis en 1943 il y a eu un maquis et les cartes d’alimentation. Dès qu’un gars arrivait au maquis, Maurice B. nous l’envoyait. Je ne les connaissais pas. Je leur faisais une carte d’alimentation* et une carte d’identité. Le contrôleur était un gars de Rouen, il passait tous les mois. Il y avait chaque mois des cartes en moins. Un jour il me manquait 50 cartes. Il me dit : « Il y a quelqu’un qui vous vole… » Alors je luis dis : « Ecoutez ! Alors là on y est ! Je vais voir si vous êtes Français ou pas. J’ai un maquis, là, auprès, et je suis bien obligé de leur donner des cartes d’alimentation. » Il me dit : « Vous pouviez pas le dire ? A partir de maintenant vous irez à Rouen, rue Thiers, vous demanderez Madame Untel, vous direz que vous venez comme maire du Mont-de-l’If et vous aurez toutes les cartes d’alimentation que vous voudrez. Mais il fallait faire le plongeon car ce jour-là, s’il m’avait dénoncé, c’était fait…

1) Qu’est ce qu’un maquis ?

2) Expliquer les deux expressions soulignées.

3) De quelle manière résiste-t-on ici ?

II) (…) Ces choses-là sont arrivées comme cela ; il fallait choisir : ou dénoncer ou y aller. Par exemple, un jour, on arrive à la messe de 7 heures 30 à Croixmare ; on était en train d’attacher le cheval, il y a un gars qui arrive à moto, qui me donne un billet de 10 francs. Sur le coup on lui demande : « Qu’est-ce que c’est que ça ? » - Il répond : « Il faut qu’il soit à Paris ce soir ». Sur le billet il y avait des choses écrites. Pendant toute la messe on a médité avec ta mère. Il nous est venu l’idée que le Juge d’instruction d’Yvetot qui habitait la petite maison de Malandain, avait une grosse moto et on le savait plutôt gaulliste. Je vais le trouver, je lui dis : « Dites-donc, vous avez une grosse moto, et bien voilà un billet de 10 Francs, il faut qu’il soit ce soir avant 5 heures à telle adresse à Paris. » Et bien il m’a dit d’accord et il a foutu le camp en moto immédiatement. Et à 5 heures du soir il est revenu me dire : « Monsieur le Maire, mission accomplie ». Le lendemain, il n’y avait plus de ferme Delacroix* à Tôtes. Il y avait une rampe de lancement* dans sa ferme, il n’en est rien resté. Elle a été bombardée pendant la nuit.(…)

1) Faire la liste des résistants dans cet épisode en respectant leur ordre chronologique d’intervention.

2) Les résistants de cette action se connaissaient-ils et savaient-ils exactement ce qu’ils faisaient ?

III) (…) Un jour un officier de Paris vient nous donner le texte d’un message personnel : « La gloire est un carcan, mais c’est une auréole » qui devait passer à la radio* (à ce moment-là on écoutait tous les soirs la radio) et ce jour-là, quatre ou cinq tonnes d’armes devaient être parachutées sur la ferme. (…) Pour ces armes-là, j’étais tout seul : j’ai demandé à Jean R.. Les armes devaient tomber sur la ferme, on devait les cacher dans le bois, puis les porter à Touffreville. Mais à ce moment-là, Jacques F. qui avait de faux papiers de moi a été pris dans une rafle. Par l’intermédiaire de son patron, F. fait dire qu’il a été obligé de me dénoncer. Enfin on ne faisait pas les malins et pendant 48 heures il y a eu un circuit de motos allemandes autour de la ferme. Alors j’ai fait dire à Maurice B. de prévenir Londres de tout arrêter, qu’il n’y avait plus moyen, que les Allemands nous pistaient : la même chose était arrivée à Bouville : quand il y a eu le maquis à Bouville, le cultivateur qui recevait les armes a été déporté ; il n’est jamais revenu. Le maquis a été démembré. Un résistant, le lendemain, est venu me dire que les Allemands n’avaient pas trouvé leurs mitraillettes, qu’il fallait aller les chercher avec ma voiture et les conduire à Touffreville. J’aime autant te dire que c’est une journée qui m’a paru sacrément longue.

1) Quels sont les risques encourus par les résistants ici ? Quelle est leur action ?

2) Comment la résistance intérieure et la résistance extérieure parviennent-elle à communiquer ?

- vocabulaire et explications • Carte d’alimentation : carte destinée à organiser le rationnement nécessaire. Elle autorise à une quantité limitée d’aliments par personne. Les contrôleurs sont des fonctionnaires chargés de vérifier la distribution des cartes. • Ferme Delacroix = ferme d’un dénommé Delacroix. • rampe de lancement d’obus allemands pour bombarder l’Angleterre. • Il s’agit de la BBC, radio anglaise.