Mot-clé - bande dessinée

Fil des billets

07 octobre 2012

Photographe dans une dictature communiste : Charlite Crane

Voici un lien qui vous permettra d'accéder aux photos de Charlie Crane sur la Corée du Nord ... http://www.businessinsider.com/pyongyang-north-korea-2011-5?op=1

Quand il a enfin réussi à pénétrer en Corée du Nord, après un an de démarches administratives, ce photographe a sans cesse été accompagné par deux guides et obligé de faire un parcours obligatoire ; c'est pourquoi il a fait le choix de montrer le pays non pas tel qu’il est mais comme les autorités veulent que les étrangers le voit. Cela donne des photos sont dérangeantes et déroutantes, qui dépeignent un univers froid et aseptisé, où l'homme n'a pas sa place ...

Voici une photo de Charlie Crane trouvée sur le site sité ci-dessus ...

Sur la Corée du Nord, il y a aussi le roman graphique de Guy Delisle, Pyongyang, paru en 2003 et qui est au CDI (il en a écrit d'autres, sur la Birmanie, sur Shenzen en Chine ... aussi au CDI ...). Je vous en mets une planche ci-dessous ... on retrouve la même atmosphère que dans les photos de Charlie Crane, l'homme est écrasé par l'architecture ... 

 

Et du coup ça me fait penser aussi au dictateur de Charlie Chaplin ... là encore l'homme est écrasé par une architecture surdimensionnée ...

 

 On est loin de la maison des Barbapapas ... cf article  http://blog.crdp-versailles.fr/histargeo/index.php/post/06/11/2010/Barbapapa-et-la-critique-de-l-architecture-moderne-..

. 

17 décembre 2011

Une image peut en cacher une autre ... suite

Suite à mon appel dans le billet "une image peut en cacher une autre", Pierre propose de juxtaposer le radeau de la méduse de Géricault avec la bande dessinée d'Astérix ... 

Ca fonctionne très bien, bien sûr ! Ca avait même fait l'objet d'une exposition au musée de Cluny en 2009 (http://www.rmn.fr/Asterix-au-musee-de-Cluny) dans laquelle on voyait les nombreuses citations empruntées par Uderzo et Goscinny à l'art pictural ... ou même à la sculpture, comme par ex cette vignette où on voit un romain dans la posture du penseur de Rodin (dans les lauriers de César, p.16) ...

Et le titre de mon billet reprend le titre d'une exposition qui avait eu lieu en 2009 également, au Grand Palais, où il s'agissait moins de montrer les citations d'un artiste par un autre (comme pouvait le faire l'exposition Picasso et les maîtres, en 2008) que la présence d'une image dans l'image ... par exemple si on regarde un tableau d'Arcimboldo à l'envers, on voit se dessiner une toute autre image ... (http://www.rmn.fr/Une-image-peut-en-cacher-une-autre)

Pour conclure, avez vous remarqué la citation du robot de Métropolis dans Hugo Cabret de Scorcese ?

L'automate dans Hugo Cabret :

 

et le robot dans Métropolis :

 

Et j'allais oublier la publicité sur les mini, qui se vante d'être "minimaliste" comme l'art ... minimaliste ! Je n'ai pas trouvé d'illustration sur internet, si vous avez un lien à me suggérer ...

 

04 décembre 2011

Tintin au Congo

Suite à l'étude en classe de Tintin au Congo : le procès contre la bande-dessinée "Tintin au Congo" jugée comme raciste par certains, représentés par un étudiant congolais. Mais n'oublions pas que cette oeuvre a été rédigée en 1930, sous l'influence des pensées de l'époque. C'est pourquoi le procès a d'abord été repoussé suivi par deux ans de silence juridique. Pour plus d'explications, vous trouverez des articles et reportages sur cette affaire ci-dessous :

http://www.afrik.com/article12251.html (article)

http://www.youtube.com/watch?v=VYROmQaEpd8 (débat TV)

http://www.youtube.com/watch?v=pqxy7PppkE4 (Jour J, le procès)

Lire la suite...

24 novembre 2011

Représenter Auschwitz ... bande dessinée et photographie ...

Nous avons étudié lors du dernier cours Maus de Spiegelman, avec cette question : comment parler de la Shoah, peut-on en parler en bande dessinée, comment la représentée ... Ninon s'est alors souvenue d'une bande dessinée qu'elle avait lu sur ce sujet ... L'envolée Sauvage, Galandon et Molin, T2, parue en 2007, aux éditions angles de vue ... Ci dessous un extrait de la page 24, on y voit l'entrée d'Auswitch ...

A comparer avec cet extrait de Maus :

Et voici enfin la photo prise par Léna, qui est allée à Auswitch :

Cette photo est intéressante, parce qu'on peut la comparer avec les deux versions dessinées, et ainsi voir que les deux dessinateurs ont fait un travail de documentation pour réaliser leur bande dessinée ... mais on voit aussi que c'est encore aujourd'hui un lieu actif, devenu lieu de commémoration et de mémoire, qui accueille des visiteurs quotidiennement. En me donnant la photo, Léna s'est excusée de sa mauvaise qualité, mais a rajouté que cela s'expliquait par la difficulté de prendre de belles photos dans un lieu pareil ... je trouve cette remarque intéressante, ça rejoint notre interrogation sur la difficulté de faire une bande dessinée sur Auschwitz, de faire quelque chose de divertissant ou de beau sur Auschwitz ... bref, de représenter Auschwitz.

 

 

10 octobre 2011

Blast de Manu Larcenet, et le paysage ... quel rapport ?

Mélanie nous propose ici une étude de la bande dessinée de Manu Larcenet, Blast ... sa mission était de choisir une oeuvre d'art et de la mettre en relation avec la problématique de cette année, le paysage ... c'était donc un difficile exercice de style (et ce qui est bien : Mélanie cite sa source à la fin de l'article ...), voici le résultat :

 

BLAST, Tome 1, Grasse carcasse, Manu Larcenet, coll. Dargaud, 2009

 

 

Résumé, tiré de la 4ème de couverture : « Je pèse lourd. Des tonnes. Alliage écrasant de lard et           d'espoirs défaits, je bute sur chaque pierre du chemin. Je tombe et me relève, et tombe encore. Je pèse lourd, ancré au sol, écrasé de pesanteur. Atlas aberrant, je traîne le monde derrière moi. Je pèse lourd. Pire qu'un cheval de trait. Pire qu'un char d'assaut. Je pèse lourd et pourtant, parfois, je vole. »

 

L’auteur : Manu Larcenet est un auteur de bande dessiné, d’origine française. Ses bandes dessinées décrivent un univers assez banal et emprunt d'une touche de maturité. On retrouve à de nombreuses reprises ses réflexions personnelles à travers ses planches. Le Combat ordinaire, décrit ainsi l'évolution d'un photographe, de ses passions, de sa vie en générale. Jouant d'humour absurde, mais aussi de tristesse, voilà un auteur dont plus rien n'est à redire. Il a d'ailleurs reçu, en 2004, le prix du meilleur album pour son œuvre le combat ordinaire.

 

L’histoire : quant à BLAST... Ce roman graphique reprend le fils d'autres de ses BD. Il se sert ici d'un personnage en parti banal, sans pouvoirs, sans envies particulières – au début tout du moins. Ce personnage, il l'appelle Polza Mancini, un homme d'origine Russe. C'est un écrivain. C'est symbolique d'être écrivain, paraît-il. Ouais, mais non. Polza, lui, écrit des livres de recettes de cuisine.

Il est mystérieux, obèse, dégoûtant... Mais surtout en prison. C'est comme ça que commence BLAST. Avec Polza en prison. Pourquoi ? On ne sait pas trop. Il aurait commis un grave crime, un meurtre. Mais c'est juste là un prétexte pour qu'il puisse raconter sa vie, sa démarche.

Et sa démarche, quelle est-elle ? C'est le Blast. Littéralement un traumatisme causé par l'effet de souffle d'une explosion. Il l'a vécut cherche à le revivre encore et encore. Ces brefs moments sont dès lors propices à insérer quelques couleurs dans ces 200 pages aux nuances de noir et de blanc.

 

Un peu de couleur dans une BD en noir et blanc ...

 

Racontant alors son histoire, Polza nous entraîne à travers sa rétrospection, mêlant des scènes urbaines, à d'autres plus mystiques en passant par des décors foisonnant de végétation. Le tout étant de savoir, sur quelles mesures ces paysages sont importants ?

 

Blast et les paysages ...

 

I] Un air cinématographique 

 

Une unique planche pour démarrer la première page du livre. Un décor. Un paysage en fait.

 

La première page de Blast

 

 C'est comme cela que l'on entre dans l'univers de BLAST. Dans un style monochrome, à l'encre de chine, on trouve un premier paysage, type portrait. Un décor tout à fait urbain, par sa lignée de grattes-ciel, qui parvient ridiculement à remplir un douzième de la page. Le trait est ondulé, esquissé, donnant un aspect rachitique à ces immeubles. Le ciel lui, n'est qu'un amas nuageux, épongé et formant une large nuance de gris, semblant tristement représenter la pollution urbaine. On remarquera très vite, l'essence défaitiste des décors urbains. Toujours surplombés d'un ciel sombre, ils sont tout à fait représentatifs du négativisme de Polza.

Mais plus que des représentations mentales de notre protagoniste, ces paysages sont des prétextes transitifs. C'est une page, un plan, pour marquer le passage entre le présent, où Polza est en prison, et celui qui suit, où se déroule l'histoire qu'il conte. On pourrait dès lors faire une sorte de parallélisme entre ce roman graphique et les rushs d'un film : chaque plan semble alors avoir été travaillé, comme un story-board, dont les planches collées l'une aux autres, donneraient la trame générales de l'histoire.

Plan général ou plan d'ensemble, on a de plus, par ces paysages, des rappels des photographies monochromatiques de Michel Cesconetto …


Voilà une photo de Michel Cesconetto

 


et voilà une planche de Blast

 

 

II] L'inspiration à la réflexion :

 Transitifs, ces paysages ont également un autre rôle. Ils marquent l'avancée de Polza. Ainsi, on démarre tout d'abord par des décors urbains, puis très vite l'on fait face à des lieux plus purs, car plus naturels. Ce sont des plaines baignées de soleil, l'orée d'une forêt, en début de soirée, le cœur de cette même forêt, dans la nuit profonde.

Tout cela inscrit notre protagoniste dans la solitude, car « le silence comme la solitude sont des inventions poétiques... Il suffit d'une nuit allongée sur le sol de la forêt pour s'en convaincre ! », dit-il même, au cour d'une nuit à la belle étoile.

De larges planches de végétation nous apparaissent de nouveau. Dessus découlent les airs intemporels, d'une nature qui ne se modifie pas. Elles contrastent avec la profonde forêt, dont la noirceur nous suggère la densité. C'est là, une longue marche invitant à la réflexion. Le décor végétal s'y prête tout à faire, comme la ballade champêtre de Rousseau.

 

Dans un second temps, on a une autre sorte de ''décor'' : les imposantes statues, venues droit de l'île de Pâques (comme le montre la couverture de la BD, cf photo ci-dessus). Elles sont naturellement entourées de mystères et de mythes. Leur apparition dans BLAST, renforce ainsi l'aspect mystique des choses, tout en continuant à faire jouer l'esprit du lecteur, par la massivité qu'elles prennent dans les pages.

Elles ne sont pas anodines en effet, dévorant la quasi-totalité de la page où elles se dessinent. Un effet de contraste vient renforcer leur présence, par la teinte saturée dont elles sont imprégnées et le décor grisé qui les entourent.

 

C'est de cette manière que l'on voit la touche personnelle de Larcenet. Dans ses BD, il crée un monde à part, s'ancrant pourtant dans un décor tout à faire réel et simple. Les lieux peuvent facilement se mêler à d'autres de notre connaissance.

De plus, par la réalisation rappelant le story-board d'un film, on ne peut que se figurer la probabilité qu'une telle histoire arrive près de chez nous. Le « et si... » nous vient sans problème à l'esprit. Et c'est peut-être ça, le plus prenant dans BLAST.

 

Avis :BLAST est catalogué comme ma BD ou roman graphique préféré. Le style monochromatique m'a très vite charmé, au même titre que les personnages, dont le physique est loin d'être sublimé. L'histoire, prenant un meurtre comme prétexte pour une immersion dans le mental de Polza, est si bien manié, qu'on finit par s'attacher à  cet obèse recherchant le Blast. Son histoire nous fascine, sa drôle de morale aussi et l'on dévore sans perdre de temps, les 200 pages composant la BD.

Je ne saurais que trop vous conseiller de jeter également un œil à une autre de ses BD : Le combat ordinaire, au style graphique, certes, différent, mais dont l'histoire se rapproche de BLAST, par son travail sur la vision de l'Homme.

 

Blast : 4 tomes prévus. Le second, déjà sorti, a pour sous-titre L'apocalypse selon Saint Jacky

Possible adaptation de BLAST au cinéma … à suivre …

 

Source : Site de Manu Larcenet : www.manularcenet.com