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19 janvier 2012

Les images du Journal Télévisé nous informent-elles ? Une nouvelle enquête menée par la classe de 2de8

A quoi servent les images dans le Journal Télévisé ? Pour le savoir, la classe de 2de 8 a mené l’enquête … Tout d’abord, une partie de la classe a visionné des reportages différents les uns des autres sans le son, pendant que la deuxième en a regardés sans les images. Cette méthode très simple est réalisable chez soi.  Les résultats de ces expériences sont disponibles sur histargeo. Voici la conclusion que nous en avons tirée : visionner un reportage sans le son c’est comme regarder un bocal … sans poisson (C.W.), et écouter un reportage sans les images, c’est comme s’acheter une paire de chaussure sans savoir à quoi elle ressemble (S.K.). Vous l’aurez compris, les images et le son ne font qu’un pour nos enquêteurs. En effet, nous nous sommes rendu compte que les  images apportent un soutien au journal télévisé. Mais bien souvent, celles-ci comportent des textes ou des graphiques, afin d’illustrer le sujet. Ce sont en quelques sortes des «sons écrits». Dans d’autres cas, elles servent de remplissage.

 

Regardez par exemple cette image : c'est une capture d'écran extraite d'un reportage sur la grève diffusé lors d'un journal télévisé de TF1 en 2010 ... en quoi nous informe-t-elle sur la grève ?

 

 

Et regardez à présent cette image, extraite du même reportage : les informations qu'elle nous apporte sont ... du texte ...

 

Cependant, on ne peut pas dire que l’image est inutile, loin de là. Les images sont l’exclusivité des JT et les bonus de l’information car elles ont le don de donner la vie à ce que nous regardons et permettent de faire le lien avec le son et de donner un aperçut plus enrichi du thème abordé. En effet, c’est aussi l’élément qui va marquer notre esprit. Prenons un exemple récent, le bateau de croisière Costa Concordia qui s’est échoué au large des côtes d’une île italienne ...

 

 

... tout le monde voit le monstre de fer haut de 20 étages couché sur le flan. Voilà une image qui remplit une autre fonction que du simple remlissage ou du "son écrit" non ? Un autre exemple : le 11 septembre ... l'image est dans toutes les mémoires ... 

 

 

Si vous voulez en savoir plus sur le lien entre le son et les images, vous pouvez également consulter notre article sur Chris Marker, un réalisateur qui a montré, en 1957, que c’est le son qui donne le sens à l’image. Vous verrez, la méthode qu’il utilise pour le démontrer est pour le moins … originale !

La loi sur le génocide arménien (4) : la suite au Sénat

La commission des lois du Sénat a voté une motion d'irrecevabilité contre le texte sur la négation du génocide arménien, par 23 voix contre 9 et 8 abstentions. La loi doit être votée par le Sénat lundi 23 janvier. Le motif invoqué par le président de la commission des lois, Mr Sueur, est celui d'inconstitutionnalité : il reprend les arguments de Badinter en disant : "le Parlement n'est pas un tribunal". Cette position de la Commission ne signifie cependant pas qu'elle sera suivie en séance ... le suspens reste donc total, la suite lundi ! Pour en savoir plus, vous pouvez consulter l'article du Monde d'aujourd'hui (19 janvier).

L'intérieur du Sénat, photo AFP J.Leguerre

L'intérieur du Sénat, en octobre 2011.

18 janvier 2012

Les nouveaux chiens de garde ... mardi au cinéma pour les 2de8

Nous irons voir les nouveaux chiens de garde au cinéma madi prochain, au 7 Parnassiens, 98 bd du Montparnasse, m° Montparnasse (l1, 4, 6) ou Notre Dame des Champs (l12). Depuis Boulogne je vous recommande de prendre la ligne 9 jusu'à Trocadéro, puis la ligne 6, avec quelques couloirs à l'arrivée... RV à 11h20 devant le cinéma. 

Vous devez apporter l'argent et montrer votre carnet signé vendredi. 

Nous verrons ce film dans le cadre de notre étude du journal télévisé et de la critique des médias, en enseignement d'exploration. La projection devrait être suivie d'une rencontre avec l'un des scénaristes, en mars.

 Ce film a fait lors de sa sortie la semaine dernière l'objet d'une critique dans la presse, cliquez ici pour accéder à une petite revue de presse.

Ce film est l'adaptation d'un livre de Serge Halimi, sorti en 1996 et réactualisé en 2005. Serge Halimi est l'actuel directeur du Monde Diplomatique.  Vous pouvez vous procurer ce livre au CDI

Les nouveaux chiens de garde : petite revue de presse

La presse n’est pas tendre avec ce documentaire qui critique les médias… Voici une petite revue de presse, avec les titres des principaux quotidiens nationaux (Le Monde, Libération, le Figaro, l’Humanité) à la sortie du film, le 11 janvier, les premières lignes de chaque article, et les liens vers les articles, pour ceux qui veulent en savoir plus …

Pour le Figaro, c’est « ball trap dans les médias » ; l’article commence ainsi : « Les Nouveaux Chiens de garde est un procès à charge de la «caste» médiatique. Qui fabrique l'information en France? Une «classe dominante», socialement et politiquement homogène, faisant la promotion d'une pensée unique (celle du «capitalisme triomphant») et usant de «leviers corrupteurs» pour asseoir son pouvoir. Dans leur documentaire, adapté d'un essai de Serge Halimi, les réalisateurs Gilles Balbastre et Yannick Kergoat instruisent le procès de ces «nouveaux chiens de garde» (formule empruntée à l'écrivain Paul Nizan).” Un article signé par Sébastien Le Fol et disponible ici   

Libération titre son article « Toutou sur les médias » « les nouveaux chiens de garde épingle ménages et collusion des jounralistes, mais oublie Sarkosy » : éUn film qui met en colère Jean-Michel Aphatie («réchauffé d’une vieille daube»,«has been TV», peste-il sur Twitter) ne peut pas être totalement mauvais. Et ça risque de japper encore dans le chenil médiatique au spectacle de ces Nouveaux Chiens de garde,adapté du livre de Serge Halimi, écrit en 1997 et revu en 2005, dont les critiques horrifiées de Laurent Joffrin, Alain Duhamel, Edwy Plenel ou Franz-Olivier Giesbert, ponctuent drôlement le générique de fin. Car le film, qui sort ce mercredi dans peu de salles est bel et bien la mise en images du pamphlet d’Halimi, d’ailleurs coscénariste, ni moins ni beaucoup plus ». Article signé Raphaël Garrigos, Isabelle Roberts, que vous pouvez lire en intégralité ici

Dans le Monde, on trouve « les nouveaux chiens de garde : en surveillant les surveillants ? » ; le début de l’article : « Nombre d'arguments, frappés au coin du bon sens ou nourris par la pensée critique du sociologue Pierre Bourdieu, portent. Les exercices évidents d'obséquiosité à l'égard des puissances qui gouvernent les journalistes, la commune origine sociale des journalistes et des politiques, transitant par les mêmes écoles et fréquentant les mêmes cercles, ou encore le nombre relativement restreint d'experts économiques tournant dans les médias sans qu'on précise jamais leur affiliation aux groupes financiers qui les emploient. Voilà des exemples qui méritent, incontestablement, d'être relevés et qui appellent à tout le moins au débat. Si le film, dont le spectre va de TF1 au Monde, se maintenait à cette hauteur-là, on ne pourrait que se féliciter du rôle d'aiguillon qu'il se propose de jouer. Le problème, c'est que les auteurs troquent souvent l'aiguillon contre la massue. ». Article signé Jacques Mandelbaum et consultable ici  

Enfin, l’humanité consacre son éditorial au film : « Des informations si bien gardées ». « Critique radicale des médias, le film Les Nouveaux chiens de garde relance la question du pluralisme de l'information. Qui nous informe et sur quoi? Selon quels critères l'information est-elle ou non diffusée? » Editorial signé Patrick Appel-Muller. A cette adresse, vous retrouverez aussi une interview des réalisateurs du film

 

16 janvier 2012

La loi sur le génocide arménien (2)... pour R.Badinter, "le Parlement n'est pas un tribunal"

Voici ci-dessous un large extrait du texte de R.Badinter publié par le Monde le 15 janvier ; l'intégralité est ici. Pour lundi, vous devez présenter les principales raisons pour lesquelles, selon Badinter, ce texte ne doit pas être voté par les sénateurs. 

R.Badinter est né le 30 mars 1928, il a exercé les fonctions d'avocat à la cour d'appel de Paris (1951-1981). Il a lutté contre la peine de mort dont il a obtenu l'abolition en tant que garde des sceaux, le 9 octobre 1981. Il fut président du Conseil constitutionnel de 1986 à 1995, puis sénateur (PS) des Hauts-de-Seine de 1995 à 2011.

Par expérience personnelle, je sais combien il est douloureux d'entendre dénier la réalité d'un génocide qui a englouti vos proches les plus chers. Je comprends donc la passion qui anime la communauté arménienne pour que soit reconnu par la communauté internationale, et surtout la Turquie, le génocide arménien de 1915. Et cependant, quelle que soit la sympathie que l'on puisse éprouver pour cette cause, elle ne saurait conduire à approuver la proposition de loi votée par l'Assemblée nationale le 22 décembre 2011 et soumise prochainement au Sénat, qui punit d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende ceux qui "contestent ou minimisent de façon outrancière un génocide reconnu comme tel par la loi française".

Certes le génocide des juifs pendant la seconde guerre mondiale a fait l'objet de dispositions législatives en France, et notamment de la loi Gayssot de 1990. Mais le génocide juif par les nazis a été établi et ses auteurs condamnés par le Tribunal militaire international de Nuremberg. A cette juridiction créée par l'Accord de Londres du 8 août 1945, signé par la France, participaient des magistrats français. Les jugements rendus par ce tribunal ont autorité de la chose jugée en France. Rien de tel s'agissant du génocide arménien qui n'a fait l'objet d'aucune décision émanant d'une juridiction internationale ou nationale dont l'autorité s'imposerait à la France. Le législateur français peut-il suppléer à cette absence de décision judiciaire ayant autorité de la chose jugée en proclamant l'existence du génocide arménien commis en 1915 ? Le Parlement français peut-il se constituer en tribunal de l'histoire mondiale et proclamer la commission d'un crime de génocide par les autorités de l'Empire ottoman il y a un siècle de cela, sans qu'aucun Français n'y ait été partie soit comme victime, soit comme bourreau ? Le Parlement français n'a pas reçu de la Constitution compétence pour dire l'histoire. C'est aux historiens et à eux seuls qu'il appartient de le faire.

Cette évidence, la Constitution l'a faite sienne. La compétence du Parlement sous la Ve République a ses limites fixées par la Constitution. Le Parlement ne peut décider de tout. Notamment, au regard du principe de la séparation des pouvoirs, il ne peut se substituer à une juridiction nationale ou internationale pour décider qu'un crime de génocide a été commis à telle époque, en tel lieu. Pareille affirmation ne peut relever que de l'autorité judiciaire. La loi de 2001 déclarant "la France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915", aussi généreuse soit-elle dans son inspiration, est ainsi entachée d'inconstitutionnalité. Je renvoie à ce sujet les lecteurs au dernier article publié par le doyen Vedel, analysant la loi de 2001 ("Les questions de constitutionnalités posées par la loi du 29 janvier 2001", in François Luchaire, un républicain au service de la République, textes réunis par Didier Maus et Jeannette Bougrab, Publications de la Sorbonne, 2005).

Ni les plus hautes autorités de l'Etat, ni soixante députés ou soixante sénateurs n'ont jugé bon de déférer cette loi au Conseil constitutionnel. Les considérations politiques ne sont pas toujours absentes de la décision de saisir - ou non - le Conseil constitutionnel... Mais depuis 2008, une innovation importante est intervenue. Tout justiciable peut, dans un procès, soulever une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) dénonçant l'inconstitutionnalité de la loi qu'on entend lui appliquer au motif qu'elle méconnaît ses droits fondamentaux : dans le cas de la négation du génocide, la liberté d'opinion et d'expression.

Et selon la jurisprudence constante du Conseil constitutionnel, si une loi qui lui est soumise repose sur une loi antérieure qui ne lui a pas été déférée, la question de la constitutionnalité de cette loi antérieure peut être soulevée devant le Conseil constitutionnel. La discussion portera donc en premier lieu sur la constitutionnalité de la loi de 2001. Dès lors, la déclaration d'inconstitutionnalité de cette loi entraînerait celle de la loi nouvelle punissant la négation du génocide reconnu par la loi. Rien de plus logique. Comment concevoir qu'une loi française puisse punir la négation d'une loi inconstitutionnelle ? Ainsi, la proposition de loi soumise au Sénat, si elle est votée, aboutirait dès son application à un résultat contraire à celui recherché par les défenseurs de la cause arménienne.

Dans cette situation, il appartient au Sénat de maintenir sa position antérieure, en refusant d'examiner un texte inconstitutionnel. Les sénateurs ne doivent pas se laisserabuser par les déclarations de ceux qui, comme le ministre de l'intérieur, déclarent qu'il ne s'agit dans la nouvelle proposition de loi que d'instaurer un délit général de négationnisme des génocides, en application d'une décision-cadre de l'Union européenne de 2008. Celle-ci incite sans doute les Etats membres à inscrire dans leur loi la répression "de l'apologie, la négation, ou la banalisation grossière publique des crimes de génocide... lorsque ce comportement est exercé d'une manière qui risque d'inciter à la violence ou à la haine d'un groupe de personnes ou de membres de tels groupes".

Or, la proposition de loi votée par l'Assemblée ne mentionne pas cet élément essentiel : l'incitation à la haine que doit comporter la négation du génocide contre une communauté ou ses membres. Il ne s'agit donc pas de la mise en oeuvre alléguée de la décision-cadre européenne. Il n'en est d'ailleurs nul besoin, la loi française punissant déjà toute forme d'incitation publique à la haine à l'égard d'un groupe de personnes. Les promoteurs de la proposition de loi votée par l'Assemblée nationale n'ont en vérité qu'un seul objectif : passer outre le refus du Sénat de mai 2011 et fairevoter un texte réprimant la négation du génocide arménien de 1915.

Une réaction violente des autorités turques au vote d'une telle loi est inévitable. Tout publiciste, tout responsable turc qui serait interrogé en France sur les événements tragiques de 1915 et adopterait la position officielle du gouvernement turc pourrait être condamné de ce chef par la justice française. La proposition de loi aboutit ainsi à proclamer une vérité historique "officielle" sous peine de sanction pénale. Pareille conception de l'histoire ne saurait être la nôtre. […]


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