Par "visite mémoire" je veux dire que nous avons refait l'itinéraire d'un ouvrier, tel qu'il le faisait dans les années 1960. Chaque étape a ainsi permis l'évocation d'un lieu, d'une anecdote. D'une étape à l'autre, nous avons pu mesurer l'emprise de l'usine sur la ville (74 hectares, 10% de la superficie de Boulogne Billancourt), mais aussi l'ampleur des changements depuis la fermeture de l'usine en 1992. Les photographies que nous avait apportées Emmanuelle Dupuy nous ont permis de comparer avant et après. En reconversion, le quartier du Trapèze, toujours en construction, est désormais un écoquartier. L'Ile Seguin, en travaux, s'apprête à devenir un pôle culturel. Quelques friches, qui font désormais considérées comme "patrimoine industriel", permettent néanmoins de se représenter encore le passé industriel du quartier, deux portes, deux ponts, l'entresol de l'usine recouvert de tags ...

Avant, après ... sortie sur le terrain en compagnie d'une ancienne salariée de l'usine

Sur le croquis ci-dessous, on peut mesurer cette emprise : entourés de noir, les anciens terrains Renault. En mauve, la cité du Pont de Sèvres, autrefois des ateliers, cédé en 1970 par l'entreprise à la ville de Boulogne Billancourt pour un euro symbolique et qui a donné lieu à la construction d'une cité, aujourd'hui en réhabilitation. En orange, le quartier du Trapèze, écoquartier en reconstruction. Et en vert, l'Ile Seguin, futur pôle culturel aux portes de Paris....

Voici donc la toute première étape de notre projet réalisée : une première sortie sur le terrain. Comme compte-rendu, les élèves ont pour mission, par deux, de réaliser ... une carte postale. Voici la consigne : sur une feuille au format A5, représenter au verso un parcours. Il peut s'agir de leur parcours pendant la visite, ou ils peuvent imaginer une fiction : par exemple, ils sont un ouvrier immigré des années 1960 (on est en train d'étudier l'histoire de l'immigration en France) qui écrit une lettre à sa femme restée au bled et lui raconte sa journée. Ou encore ils sont un fantôme venu des années 1960 et qui raconte à l'interlocuteur de son choix comme les lieux qu'il arpentait jadis ont bien changés. Ou encore ils sont des élèves d'aujourd'hui qui font un voyage dans le temps et qui là encore décrivent combien le paysage des années 1960 est différent de ce qu'ils connaissent aujourd'hui ... L'essentiel est qu'il y ait un parcours, illustré par des dessins ou des photos. Au verso, un petit texte et une adresse. Le travail peut se faire par groupe de deux. Rendu du travail le 28 septembre.

L'étape suivante, ce sera le cours de géographie sur les territoires de proximité où je vais présenter le projet à la classe. Je n'ai pas encore défini exactement le terrain sur lequel on va travailler. Peut-être la cité du Pont de Sèvres. Je pense aussi leur montrer le travail de Mathias Poisson, celui de Florent Chavouet et celui de Catherine Jourdan  pour définir ce qu'on entend par "carte sensible".