Sous un affreux masque

          En cette après-midi de brouillard oppressant, nous regardions, remplis de chagrin, la tombe de notre père décédé, un an auparavant, d’un accident de voiture.

« Tim, dis-je, il est désormais temps que tu saches ce qui est arrivé à notre frère. »

Il fit un signe de tête d’un air impatient. Je commençai à lui raconter.

« C’était un soir de décembre. Christian avait vingt ans quand cela s’est produit. Il faisait si sombre qu’on ne voyait pas ses yeux bleus. Ses cheveux bruns volaient dans ce vent glacial. Il rentrait de son travail comme tous les jours. Alors qu’il marchait dans les sinistres ruelles de sa vieille ville en sifflant, il fut arrêté par un sifflement qui était presque identique au sien. Il se retourna, mais personne n’était présent.

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          Cela faisait maintenant quinze minutes qu’il marchait en repensant tristement à la mort de notre tendre père. Le sifflement recommença. Il eut très peur et se retourna, terrifié mais il n’y avait toujours personne. Il demanda alors :

« Qui siffle ?! Qui est là ?

-C’est moi, répondit une voix calme et posée, ton père.

-Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas possible ! Tu… tu… es mort !

-Je dois te prévenir : ne rentre pas chez toi !

-Mais pourquoi ?!, lui demanda Christian, inquiet. Je dois rentrer chez moi !

-Je sais, mais il faut que tu m’écoutes : si tu rentres, tu n’en ressortiras sûrement pas vivant…

-Mais pourquoi ? Pourquoi ?! »

          Il n’eut aucune réponse. Il siffla, mais il n’entendit aucun sifflement en retour : son père n’était plus là. Il continua sa route et rentra chez lui, sans écouter les conseils de son père, peu rassuré.

          Il prépara son dîner et mit la table. Il se dirigea vers sa cave pour aller chercher du vin. Alors qu’il descendait, des craquements retentirent de la cave. Il hésita un fragment de seconde en se rappelant de la mise en garde de son père. Il descendit et s’avança vers les tonneaux de vin. Il vit une ombre sur le mur et soudain, tous les tonneaux de vins se renversèrent sur lui! Il courut et remonta aussitôt. Il était terrifié et ne comprenait pas ce qu’il venait de se passer étant donné que les tonneaux étaient bien empilés !

          Il s’enferma dans la cuisine tellement la peur le hantait! Il cria alors :

« Qui est là ?! Qui est là ?! Que… que me voulez-vous ?! dit-il en tremblant. Sortez de chez moi ! Laissez-moi tranquille !

-Christian, quelqu’un est chez toi ! Prends ton courage à deux mains et cours ! Cours ! Cours de toutes tes forces avant qu’il ne soit trop tard !

-Qui est là ?! Qui ?! Que me veulent-ils ? »

          Il aperçut que son père était un fantôme. Il le regarda avec les larmes aux yeux.

         Christian courut vers la porte et l’ouvrit immédiatement! Il tomba nez à nez avec un homme terrifiant. Il eut alors l'horreur de découvrir cette immense silhouette blême aussi mince qu’un squelette. Il remarqua avec effroi ses cheveux sous forme de tentacules rouge vif. Il était effrayé devant cet affreux masque de clown livide qui recouvrait entièrement son visage. Il découvrit que ses yeux noirs ressemblaient étrangement à ceux de son docteur. Il  pouvait voir la forme de son nez aquilin. Il tremblait en distinguant ses lèvres fines qui laissaient apparaître un rire moqueur. Son long manteau noir démodé et ses chaussures ringardes lui faisaient peur. Son profil osseux faisait fuir les enfants et un rire sardonique apparaissait sur son long visage. Personne ne souhaiterait tomber sur un homme aussi terrifiant.

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          Christian eut très peur et partit se cacher dans la cave. Il ferma la porte à clé. Il était soulagé car il pensait enfin être en sécurité. Cependant, il se méfiait de de ce qui l'attendait dehors. Soudain, il entendit un cri provenant de la chambre mais il savait qu'il n'y avait personne. Il sentit une odeur qui lui rappelait vaguement celle de son docteur. Il se retourna alors pour vérifier qu'il était seul mais il resta pétrifié : le clown était derrière lui ! Rempli de peur et d'angoisse, il cria ! Le clown lui dit alors :

« Christian, il est désormais temps que tu subisse le même sort que ton père !

-Qu'allez-vous me faire ?, lui répondit-il.

-Te tuer, tout simplement !, dit-il avec un rire maléfique.

-Non... non ! Ce n'est pas possible ! Qui êtes-vous ? Laissez-moi tranquille !»

          Le clown sortit un couteau et s'avança lentement vers Christian ! La peur envahit alors Christian ! Il vit son père en fantôme à côté de lui qui pleurait et qui criait en même temps. Il pensa alors que le cri venait de lui. Le clown le regardait avec son rire sardonique. Il eut tellement peur qu'il s'évanouit !

           Quand il se réveilla, il était chez lui. Son docteur était à son chevet. Il lui raconta que sa voisine l'avait contacté suite à un malaise. L'homme terrifiant n'était plus là et le fantôme non plus. Il était soulagé de se savoir en sécurité.

          Il était encore traumatisé par les évènements qu'il était persuadé d'avoir vécu la veille. Il observa avec insistance les yeux de son docteur, ils avaient la même couleur que celui du clown ! Quand il raccompagna son docteur à la sortie, il remarqua une marque sur la porte, qu'aurait pu provoquer une tentacule ! Il essaya de trouver une explication. Il se retourna et vit une éponge sur la table : il était certainement en train de faire la vaisselle avant sa perte de mémoire. Il se demanda alors si tout cela était vrai, et que son docteur était en réalité ce clown au rire sardonique ou si cela n'était qu'un mauvais rêve, suite à son malaise.».

PELUAU Léa

BOUBEE DE GRAMONT Laurène