Les Muses de Racine

                                                                                                                                                                                                                                           Cela me projeta dans un autre monde, tout blanc, effrayant et oppressant. J’entendis alors des voix résonner dans ma tête; elles me disaient toutes : « ce n’est pas bien de mentir !!! Ce n’est pas bien de mentir !!! ». Ces voix horribles répétaient cette phrase de menace. Puis, je vis les visages au regard étrange, oui étrange et menaçant de toute ma famille qui se transformèrent peu à peu en d’horribles créatures ! Cela me fit si peur, que je sentis comme une décharge électrique dans mon dos. Ces monstres démoniaques semblaient me faire des grimaces atroces,et ils riaient méchamment ! Puis, au moment où les créatures paraissaient prêtes à me sauter dessus, je passai dans un autre monde encore plus effrayant que le précédent, qui ressemblait étrangement au Grand Canyon.

         J’étais sur un grand pilier qui semblait flotter dans l’air; or j’avais le vertige. Depuis le jour de mes sept ans où j’étais tombé d’une grande échelle en bois . Je fus si terrifié que je me retrouvai tétanisé. A tel point que je ne me rendis pas compte, qu’il me suffisait juste de sauter pour atteindre le bord du grand Canyon! C’est à ce moment que je réentendis ces voix horribles de plus en plus agressives ! L’une me disait : " Ton heure est venue de nous quitter" avec une intonation qui ressemblait étrangement à celle de mon père; elle était caverneuse. Et une autre encore me rappela que mentir était un grave défaut. Je sentis mon sang se glacer. C’était à ce moment que je m’aperçus que le pilier était en train de s’effriter. Oui, vraiment de disparaitre ! Alors, je compris que ma vie était finie ! Le pilier disparut comme par magie. Je commençai ma chute vers le sol où je vis le diable en personne. Il avait une peau rouge sang avec, des cornes immenses de taureau avec du sang au bout et une faux d’un noir obscur ! Je vis le sol se rapprocher à une vitesse incroyable ! J’eus juste le temps de penser à ma famille qui m’avait tant chéri que je touchai violemment le sol. Alors, je sentis dans ma bouche ce goût qui ressemblait à du sang !

            Je pensais en avoir fini avec ce monde infernal, mais malheureusement, je réapparus en position fœtale sur une plaque de verre, au milieu d’un océan infesté de requins ! Ils étaient d’un gris si clair que j’en fus ébloui. Ils avaient des mufles de bisons, et des queues de taureaux. Ils étaient d’une dimension à couper le souffle! Les requins avaient leurs gueules ouvertes, et on y apercevait des dents acérées, comme des couteaux de boucher. J’aperçus au loin ce qui ressemblait étrangement à la plage de Deauville, où j’étais allé en vacances. Je me rendis compte trop tard, que je me trouvais sur un verre ultra fin qui faisait environ 5mm d’épaisseur ; il se brisa sous mon poids ! J’en fus saisi d’une stupeur effroyable qui me paralysa au sol! Cette eau était si froide que je fus incapable de nager vers la surface qui disparut à jamais, à jamais! Puis ces horribles requins me happèrent dans les abysses. Je me trouvai propulsé vers une autre dimension ! Oui, encore une autre dimension !

         Cette autre dimension était une épaisse jungle. Elle ressemblait fortement à celle d’Amazonie. J’apparus dans un enchevêtrement de lianes, et de hautes herbes. Elles semblaient vouloir m’écarteler et en même temps d’autres me serraient si fort que j’étouffai comme si un anaconda m’attaquait! Je ressentais une terreur inhumaine. Quand soudain, toute cette végétation luxuriante me laissa tomber brutalement après de terribles souffrances ! J’eus juste le temps de reprendre mon souffle, lorsque j’aperçus une créature aux dimensions effrayantes. La plus gigantesque et horrible créature ne m’eût causé plus d’épouvante que ce monstre que je surnommai Godzilla Junior. Représentez-vous un géant de sept mètres, chétif mais avec une tête de la taille d’une roue d’un Monster truck ; aplatie du côté droit et proéminente de l’autre côté ! Son visage rouge, congestionné, percé de deux yeux, sans pupille, énormes et globuleux n’ayant ni sourcil ni paupière suscitaient l’épouvante. Un nez épaté qui descendait sur des lèvres boursouflées, retroussées, livides et laissant apparaitre des dents noires, cassées ou parfois des vides, complétait un visage repoussant, sous une chevelure touffue, abondante et hirsute à faire pâlir un homme des cavernes; les cheveux gris descendaient, d’un côté jusqu’à son épaule droite décharnée et, du côté opposé, s’arrêtaient à une oreille gigantesque, coupée. Godzilla junior avait pour seul habit un pagne sale et déchiré et portait à ses pieds des morceaux de chiffon en lambeaux laissant apparaitre des ongles noirs et jaunes de 10 cm.  Quand tout à coup, il sortit ses mains démesurées de derrière son dos. Elles étaient toutes velues avec des doigts crochus et recroquevillés qui se terminaient par des griffes en acier. Il les projeta vers moi d’un mouvement plein de haine. En me touchant, il me blessa gravement et déchira mon sweat préféré, puis il bougea ses énormes jambes squelettiques et poilues pour m’écraser. Soudain au moment où il paraissait prêt à me sauter dessus, le monde se figea !

           Je me retrouvai tout à coup dans ma chambre, dans mon lit où mes parents m’avaient envoyé sans manger ! Je ne compris pas comment ce cauchemar pouvait paraître à ce point réel. Il rassemblait toutes mes pire frayeurs : le vide pour le grand canyon, les grands requins pour l’océan et enfin le troisième monde, la forêt dense ! Je décidai de me rendormir. Je racontai ce cauchemar à mes amis. Il se passa deux semaines.

         Un week-end en rangeant ma chambre (ce qui arrivait rarement), je trouvais mon sweat préféré sous une pile de vêtements et je m’aperçus qu’il était déchiré; pourtant il me semblait qu’il ne l’était pas auparavant. Et si mon cauchemar s'était effectivement réalisé? Soudain, je vis Peau de paille, mon chat, entrer dans ma chambre, en déchiquetant mon chausson ! C'était certainement lui le coupable! Mais si le sweat était déchirée qu’en était-il de ma peau ? Alors je retroussai ma manche et découvris qu'une griffure était bien présente! Mais dans mon périple elle paraissait beaucoup plus grande. Que penser de tout cela?

D'Etienne Ferrand et de Nicolas De Barros