La tribu dans les arts: au théâtre ( Pourquoi j'ai mangé mon père" de Laval ) et en danse ("Yvan Vaffan" de Gallotta) Où est l'homme?

yvan vaffan de Gallotta
yvan vaffan de Gallotta, nov. 2013

Au théâtre (« Pourquoi j’ai mangé mon père »  de Patrick Laval d’après le roman de Roy Lewis), en danse avec la chorégraphie de Gallotta: «Yvan Vaffan" et en littérature (textes de Lewis Strauss…) on analysera comment ces œuvres questionnent l'humanité dans rapport au corps et au langage et en quoi l'art est le lieu privilégié pour exprimer ces tensions de réalisation de soi.

Théâtre avec le comédien: Damien Ricour

LE CORPS à soi-même:
Damien Ricour a mis en scène l'accès à la verticalité, entre désir d'évolution et de régression. Sa gestuelle tribale évolue dans une lutte acharnée entre la nature et la culture. L’homme primitif ne peut être réprimé, les forces archaïques n’ont de cesse de dynamiser son évolution dans l’espace scénique.
Le corps dans sa relation à autrui induit des places dans le groupe. Si le comédien est seul sur scène, il joue sa femme et ses enfants, incarnant dès lors plusieurs personnages. La place et le rôle de la femme correspondent à nos préjugés archaïques selon lesquels elle est soumise, cantonnée aux tâches domestiques, dotée d’un corps attirant et aguicheur... Cette pièce interroge donc les places de tout un chacun dans la tribu, et par extension dans la famille.
LE LANGAGE:
Le jeu des onomatopées est exploité comme une source de plaisir et de communication jusqu'à la création de mots... Le langage verbal se tisse peu à peu et chemine vers une évolution. Le comique procède de tous les bruits, des grimaces et de la gesticulation excessive du comédien, exprimant ainsi la part d’animalité dans l’homme, mettant au grand jour le côté sauvage de l’homme, bien enfoui dans l’homme civilisé.

Le même questionnement présidera à la lecture des autres arts: la chorégraphie de Gallotta et les textes littéraires.

EN DANSE/ « Yvan Vaffan » de Gallotta    http://theatre-chaillot.fr/danse/jean-claude-gallotta/yvan-vaffan

On y découvre une tribu de danseurs venus d'on ne sait quelle contrée, avec une gestuelle fougueuse, un engagement aux confins du théâtre.

Cette chorégraphie, contrairement à la pièce de théâtre, ne met pas en scène des corps en tension entre la nature et la culture mais réunit l’aspect tribal aux mœurs contemporaines, réalisant une sorte de fusion entre la nature et la culture.

TRIBU, ANIMALITE, NATURE :

-Onomatopées rythmées ou chantées, -Rapport au sol fort, ancrage  ancestral, -gestuelle tribale, (actions: frotter, secouer les machoires, mordre, taper les pieds...) corps très charnels exprimant des pulsions sexuelles, (leitmotif des jambes écartées, attirance des corps entre eux -costume tribal (sous la veste de costar)

CULTURE, MŒURS CONTEMPORAINES

La présence de la veste de costar, -Gestuelle savante, -écoute collective connotant la grande sociabilité du groupe, accord collectif, jeux des groupes maîtrisés, -maîtrise de l’axe, maîtrise gravitaire: équilibre, portés, arrêts. Gestion du poids entre relâché et retenue.

La chorégraphie ne crée donc pas une lutte entre les deux instances de l’homme (animale et humaine) mais joue avec cette dualité présente en nous. La verticalité contrôlée laisse ainsi place aux décalages et à la prise de risque : « est-ce-que ça tient ? » nous dit un danseur.

Maud Bédiée

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