L'interprétation des comédiens définit en partie l'univers de la pièce. Ici, le jeu n 'est absolument pas réaliste, ils sont dans la caricature. Pour ce faire, ils surjouent tout, de leur manière de parler à leur gestuelle, ils amènent leur personnage dans le monde du grotesque. Cet aspect grotesque est ici bien reçu par les spectateurs, il fait rire.

 

Au niveau de la scénographie, Omar Porras a fait le choix de donner des masques aux acteurs. Leurs visages sont figés, cela déshumanise complètement les personnages. Cette apparence est entièrement en accord avec le sens critique de la pièce, les hommes perdant leur part d'humanité. Les costumes sont soigneusement choisis. Les habitants de Güllen sont vêtus de loques et Claire exprime sa vieillesse et sa puissance en portant des robes majestueuses. De plus leurs couleurs ont une symbolique. Au début de la pièce, elle porte une robe noir qui exprime totalement sa personnalité : la mort et la vengeance. Lors de son énième mariage, elle est vêtue de la même robe en blanc, rappellant le mariage, la joie et l'innocence ; cela provoque un contraste avec son caractère. Lors de la scène d'adieu entre Alfred et elle, le rouge est omniprésent à l'instar de sa robe. Ce rouge exprime la passion amoureuse, la vengeance et la folie.

En ce qui concerne les décors, ils ont été créés de façon à ce qu'ils puissent être facilement transportables et pratiques pour les acteurs. Certains éléments sont représentés par les comédiens eux-mêmes comme le train, le rocher ou l'arbre. Ces décors sont suffisamment simples à mettre en place pour pouvoir faire de belles transitions très fluides. Par exemples, le rocher est créé avec uniquement un drap et l'arbre est cousu sous la robe. Afin de créer une certaine atmosphère, cette mise en scène a eu recours à l'utilisation de la fumée. Cette dernière a permis de créer différents effets intéressants tels que la boule à facettes. Les décors ne sont donc absolument pas réalistes mais les spectateurs les comprennent, ce qui apporte encore une fois un aspect comique.

La musique ajoute du rythme à la pièce et du dynamisme. Elle permet aussi aux spectateurs de se sentir plus libres d’interagir avec la pièce comme lors de la reconstitution du plateau télévisé où le public tape des mains. Les effets sonores permettent quelques fois d'accentuer le côté « fantastique » et comique de certaines scènes. Cela produit un décalage entre le thème de l'histoire et la mise en scène.

Pour conclure, nous avons beaucoup apprécié cette mise en scène. Elle est dynamique et originale. De ce fait, l'ennui n'est pas au rendez-vous alors que en soit le texte en lui même est long et rébarbatif. Omar Porras a réussi à nous faire rire d'une histoire macabre. Il fait des choix intéressants comme incorporer un show télévisé dans une pièce des années 50, ce qui donne une esthétique moderne à la mise en scène. Nous vous conseillons fortement d'aller voir cette pièce qui est très intéressante et distrayante mais seulement avec la mise en scène d'Omar Porras. Notre professeur de mathématique M. Noumane, qui a vu cette pièce avec deux différentes mises en scène, a de loin préféré celle d'Omar Porras.

Charlotte J. et Syryelle