"Hé ! Hé oh ! Vous m'entendez ?
- Hmmhhm...
- M'sieur, réveillez- vous !"
Arthur Harisson, couché sur le sable mouillé, les habits déchirés, ouvre enfin les yeux.
" Où suis-je ?! Que s'est-il passé ?!
- Monsieur calmez-vous...
- Mes affaires ! Ma réunion ! Mes portables ! Où sont mes portables, mon ordinateur !
- Ecoutez-moi ! L'avion...
- Je suis fichu ! Mon travail !"
Arthur, fouillant dans ses poches, sort l'un de ses téléphones.
" Mais ce n'est pas possible ! Il n'y a même pas de réseau ! Même pas ! crie t-il. Mais vous... Qui êtes-vous ?
- J'essaie de vous parler depuis tout à l'heure ! Ecoutez-moi donc !
- Bien, allez-y, mais faites vite.
- Je m'appelle Gabriel, mais appelez-moi Gaby. Nous avons pris le même vol ce matin. Je suis agriculteur, et j'étais parti rejoindre une partie de ma famille à la Réunion. Voilà, donc notre avion s'est crashé sur cette île. Nous sommes les deux seuls survivants, apparemment.
- Quoi ?!"

Soudain, Harisson aperçoit un homme à la démarche nonchalante, vêtu de vêtements trop amples, pieds nus, les cheveux longs et portant des lunettes de soleil. Des questions se bousculent alors dans son esprit : Qui est cet homme ? Est-il également un survivant du crash ? Ou alors y aurait-il des habitants sur cette île qui paraît déserte ?

L'étrange homme se met à parler : " Bonjour mes chers amis. Quel bon vent vous amène ? Oh ! Un crash d'avion ! Mais c'est une première parmi nous ! Enfin, nous ne sommes pas beaucoup par ici, ce n'est pas très fréquenté il faut dire. Venez avec moi, je vais vous faire visiter."
- Non non je ne bouge pas tant que je n'ai pas contacté mes agents internationaux, répond M. Harisson.
- Ici, pas de téléphone, pas de technologie. Nous vivons avec le strict nécessaire, sans se prendre la tête, en harmonie totale avec notre environnement. Il va falloir que vous vous y fassiez, c'est comme ça. Au fait, je me nomme Zachary.
- Pas de téléphone ?! Mais c'est impossible, invivable ! Vous vous rendez compte, j'avais une rencontre avec un homme de la société de Saint-Denis, directeur d'un hôtel de luxe pour une affaire de très haute importance ! Il faut que je les prévienne, mon travail, ma vie, tout moi-même en dépend.
- Oui, ben moi aussi je dois prévenir ma famille, mais nous sommes survivants, c'est déjà cela, ajoute Gabriel.
- Très bonne réponse mon cher. Suivez-moi, mes amis, je vais vous présenter aux autres."
Zachary, suivi de M. Harisson et Gabriel, se dirige vers une sorte de village. Bientôt leurs pieds qui peinent à les porter foulent un sol poussiéreux, car la fatigue se fait ressentir. De jolies cabanes en bois lumineuses et colorées leur font maintenant face, ainsi que des personnes souriantes et pleines de vitalité, des enfants riant et jouant dans l'herbe. Ici, tout semble équilibré, différent de ce qu'avaient pu connaître nos deux survivants. Personne n'était pressé, aucune supériorité n'était apparente. Harisson, qui avait enfin levé la tête de son téléphone portable, remarque l'absence de technologies futiles. Pourtant, cette société semble épanouie et concentrée sur les relations humaines.

Zachary les fait entrer dans une de ces petites maisons. " Voici mon habitation. Mi casa es tu casa. Faites comme chez vous, vous y vous sentirez à l'aise."
M. Harisson, dépité se jette sur le lit, tandis que Gabriel s'assoit sur une chaise.
" Devons-nous vous apporter notre aide Zachary ? demande gentiment Gabriel.
- Avec plaisir ! Il y a toujours quelque chose à faire ici. D'ailleurs, tout le monde doit mettre la main à la pâte, c'est une règle d'or ! Je vous laisse quelques instants, je dois aller prévenir les autres de votre arrivée."
Gabriel se lève de sa chaise et se met à chercher un balai, dans le silence le plus total, sous le regard pensif de M. Harisson.
" Ma réunion... murmure M. Harisson.
- Mais comment faites-vous pour penser à votre travail après une telle épreuve ? Vous avez tout de même survécu à un crash, ce n'est pas rien !
- Et vous ? Comment faites-vous pour être en aussi bonne forme ? Vous avez perdu toutes vos affaires comme moi, c'est horrible.
- Mais je suis vivant. C'est l'essentiel. Mes affaires m'importent peu. Je sais que ma famille se fait probablement du souci pour moi, mais je les retrouverai un jour. Pendant ce temps, je compte aider ceux qui m'ont accueilli les bras ouverts."
M. Harisson, se lève à son tour et prend le balai que Gabriel vient de trouver. Gabriel lui adresse alors un grand sourire de satisfaction et ensemble, ils se mettent à nettoyer le sol de la pièce dans la bonne humeur.
Un peu plus tard, Zachary revient en sifflotant et dit avec un signe de main encourageant : "Un de mes amis pêcheurs pourrait vous ramener chez vous grâce à son embarcation, enfin si vous le souhaitez !"

Après cet évènement tragique mais bénéfique, M. Harisson repart content et aborde désormais la vie d'une vision un peu plus différente. Maintenant, il sait qu'on ne doit pas vivre pour le travail, c'est le travail qui nous fait vivre. Puis dans ce monde de plus en plus matérialiste, il faut profiter de la vie sans artifices, et se contenter du nécessaire !

La Madeleine Artistique