1.RÉSUMÉ

Renvoyé de son travail à Lille à cause de ses opinions socialistes, Étienne Lantier est embauché dans les mines de Montsou. La misère des prolétaires s’oppose à l’insolente richesse des actionnaires de la Compagnie des Mines, qui veut baisser encore les salaires, et briser toute tentative syndicale, en s’en prenant à Lantier. Celui-ci réussit à soulever ses camarades, mais la Compagnie laisse pourrir la grève, comptant sur la faim et le froid de l’hiver pour obliger les mineurs à reprendre le travail. La révolte des mineurs affamés est arrêtée par les militaires, qui ouvrent le feu. Les travailleurs retournent à la mine, mais Souvarine, ouvrier nihiliste* russe, réussit à inonder la fosse. Lantier assiste à la mort de Catherine qu’il aimait. Aidé par les équipes de sauvetage, il regagne la surface, avec l’espoir de la germination future de révolutionnaires nouveaux. (d'où le symbole du titre Germinal ) ; D'après vos connaissances, peut-on dire que Germinal est un roman utopique

germ8.jpg
 

2:PERSONNAGES

Étienne Lantier est le fils de Gervaise, l’héroïne de L’Assommoir, dont il a dû connaître la déchéance. Il est le ferment révolutionnaire parmi le peuple : la Compagnie l’a bien compris, elle qui s’en prend à la caisse sociale qu’il dirige. C’est le héros de la fraternité révolutionnaire. Il s’oppose en cela au mécanicien nihiliste* Souvarine. Lantier est  inspiré par le socialisme de Marx ; Souvarine est l’Exterminateur solitaire inspiré par le socialisme anarchiste de Bakounine. Ayant vu la mort de sa femme, tuée sous ses yeux, cet homme sombre croit devoir tout raser pour reconstruire un monde meilleur. Étienne trouve en la famille de Toussaint Maheu des amis et des alliés : contrairement à Gervaise qui mourait désespérée, inconsciente et déchue, la Maheude prend conscience de la nécessité du combat. Catherine, sa fille, est aimée de Lantier. Leur union, au fond de la fosse inondée, auprès du cadavre flottant de Chaval, que Lantier a dû tuer, est une scène éprouvante. Mais le vrai héros du roman, c’est la foule, le peuple des mineurs.

3:UN ROMAN SOCIAL

Germinal est le fruit de l’enquête minutieuse que Zola, journaliste, a menée sur le terrain des mines du Nord, à l’occasion de la grève générale d’Anzin. La précision de l’observation sociale fut encore confirmée, bien longtemps après, car les choses n’avaient guère changé, par Maurice Thorez, ancien mineur, et secrétaire général du parti communiste. Face à la misère  et à la crasse des ouvriers, Zola n’oublie pas de peindre l’hypocrisie bourgeoise des actionnaires et des nantis, leur mauvaise foi et leur bonne conscience révoltante, à une époque où, le directeur touchant quarante fois plus que ses ouvriers, les profits de la mine ne cessaient d’augmenter. Le luxe des Hennebeau s’accorde à la fainéantise des Grégoire pour contraster avec la misère te le courage des familles ouvrières 

4:UN ROMAN À THÈSE

germ9.jpg
 

Germinal est pour les mineurs  le roman de l’apprentissage politique. En effet, les passions individuelles s’effacent ici derrière la nécessité collective de s’engager. La rivalité amoureuse de Lantier et Chaval, par exemple, est reléguée au second plan. De là à faire de ce roman social un roman à thèse, il n’y a qu’un pas. En effet, Germinal est le roman de la lutte des classes et de la misère ouvrière, l’éveil du monde du travail à la conscience de ses droits. Il ne s’agit plus ici de cette liberté abstraite pour laquelle on se battait en 1848. Cette fois, on se bat pour manger, et pour survivre : le salariat est devenu la forme moderne de l’esclavage. La révolution industrielle nécessite donc une révolution sociale. En tout cela, Germinal s’oppose à L’Assommoir, dont il est le pendant positif. À la dépression sociale de Gervaise dans L’Assommoir répond l’espoir d’Étienne Lantier dans Germinal, malgré la répression féroce : quatorze morts, vingt-cinq blessés. Germinal est donc un éloquent réquisitoire, un formidable « J’accuse » contre le Capital. Quelle thèse y défend Zola ?  

5 :UN ROMAN VISIONNAIRE

Le génie de Zola triomphe de ses principes. Le naturalisme de sa prose, une fois de plus, est dépassé par les visions d'une vaste épopée mythologique. Au Capital, dieu impersonnel, présent partout, visible nulle part, répond la masse épique* des travailleurs, dont la foule grondeuse est montrée par l’auteur en une large fresque, cette « vision rouge de la révolution », au vacarme tonnant des gros sabots sur la terre dure. La fosse du Voreux est un monstre puissant, et le puits qui à la fin coule à l’abîme semble une apocalypse, ou une apothéose, selon la perspective. Lantier qui tente de sauver Catherine pour la ramener vers la lumière est un nouvel Orphée, ayant abandonné sa lyre élégiaque pour entonner le chant plus à propos de l’Internationale. Il y a du Dante dans cette vertigineuse et moderne descente aux enfers. Le lamento des corons obscurs est éclairé par l’étoile de l’espoir, cette germination future. La leçon des ténèbres débouche sur une vision poétique et prophétique : « Ce roman, dit Zola, je le veux prédisant l’avenir. »