Exemple d'introduction

Représentée pour la première fois en 1639, l'Illusion Comique , pièce de Corneille marque la transition entre le baroque et l'esprit classique qui animera par la suite ses tragédies. Il imagine ici pour le plu grand plaisir du spectateur une intrigue à double niveau où un magicien dévoile à un père éploré des images de la vie de son fils. Pridamant a l'illusion que tout ce qu'il voit est la réalité alors qu'il s'agit en fait d'extraits de pièces de théâtre. Clindor a tué Adraste , son rival et a été emprisonné : son jugement est prévu le lendemain. Il confie alors au public ses craintes de la mort et sa joie de mourir pour celle qu'il aime. Il ignore que son évasion se prépare en secret. dans un premier temps nous analyserons les affres de la mort et l'omniprésence de ce thème et ensuite, nous montrerons quel rôle consolateur  joue l'amour pour le héros.

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Clindor imagine sa propre mort sur un mode hallucinatoire avec des images très fortes et de nombreux paradoxes comme au vers 17 et 18 : le chiasme traduit ici l'angoisse du héros, cerné de toutes parts par la mort : "il succomba vivant et mort, il m'assassine." L'ombre d'Adraste est même évoquée au début  du passage  au vers 15 " l' ombre d'un meurtrier " ce qui confère à ce monologue une dimension fantastique . Clindor imagine une sorte de créature infernale que l'hyperbole  rend encore plus inquiétante: "mille assassins nouveaux naissent de son trépas " au vers 21 et 22 comme si Adraste se démultipliait et revenait d'entre les morts . On remarque  également le jeu constant entre la vie et la mort à l'image des antithèses du vers 21  "naissent de son trépas " ou 34 et 35 "j'ai repoussé la mort , je la reçois pour peine " On note ici que Clindor déplore l'injustice de sa condamnation car en se défendant contre son agresseur, il est devenu son bourreau . L'opposition dans les termes mais également dans la  construction des vers est la figure majoritaire de ce passage. Corneille oppose constamment le geste de Clindor et ses conséquences pour dénoncer le caractère inique de cette condamnation; Ainsi, il transforme le courage du héros en crime et ce dernier en perd le sommeil comme on le voit au vers 41   "au sein du repos je suis à la torture"  ;  Le paradoxe marque une fois de plus ici le contraste baroque . Clindor  n'a plus le moindre répit et le sentiment de sa mort imminente l'assaille de toutes parts; Il est littéralement cerné par ses sombres pensées et va même jusqu'à visualiser son exécution dans une sorte de cauchemar : " je vois le lieu fatal où ma mort se prépare " au vers 53. Les verbes de vision traduisent ici le caractère hallucinatoire des pensées morbides du héros. Et il exprime ses sentiments notamment sa peur : "je frémis" au vers 39 et sa raison semble vaciller à la pensée de ce qui l'attend : " là mon esprit se trouble et ma raison s'égare" au vers 55. Il se sent totalement perdu et ne voit rien qui pourrait le sauver; En effet, il a évite un premier péril en tuant Adraste mais il est , du coup passé "des mains d'un rival en celles d'un bourreau " (vers 38)  A ses yeux, sa condamnation ne fait aucun doute est il s'en plaint amèrement : " ainsi de tous côtés ma perte était certaine " Le vers 34 montre à la fois sa peur et sa colère ; Il paraît bien seul contre tous , contre le nom d'Adraste cité au vers 19, sa réputation , contre le public et le peuple, les ministres et le Sénat lui même  qui soutient son adversaire. tout semble se liguer contre lui et seul l'amour d'Isabelle sera capable de la faire revivre . 

(la transition vers la seconde partie vient d'être effectuée ) 

Plan détaillé de la première partie 

I Des pensées morbides 

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a) cauchemar hallucinatoire

b) la mort injuste

c) personnage cerné de toutes parts, seul contre tous : caractère pathétique 

 Idées de conclusion  : Le dramaturge joue ici avec son personnage et avec les émotions du spectateur parce que ce  dernier est au courant du plan d'évasion et pourrait penser que Clindor s'agite en vain et que ses angoisses vont rapidement être sans fondement. C'est l'une des caractéristiques du baroque de faire alterner les moments tragiques et les scènes cocasses qui détendent l'atmosphère.