" Assez tôt, j'ai compris, explique-t-il, que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. " Je me suis alors promis de m'installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie. J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal. là, pendant sis mois, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché de vivre dans la lenteur et la simplicité? Je crois y être parvenu? Deux chies,s un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à l'existence. Et si la liberté consistait à posséder le temps? Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence, toutes choses dont manqueront les générations futures ? Autant d'interrogations existentielles qui sont posées à travers l'écriture de cet écrivain-philosophe . Son roman est bien plus qu'un simple carnet de voyages : il est surtout une méditation sur la condition humaine.A son retour de ces quelques mois passés à méditer au bord du lac Baïkal, Sylvain tesson accorde un entretien à un magazine ; Il y donne quelques réponses aux questions que nous pouvons nous poser : pourquoi part-on? Que cherche-t-on à travers le dépaysement : fuir ou se retrouver ou un peu les deux ? Le paradis pour Sylvain Tesson ressemble à un endroit froid, très froid et désert d'où il "pouvait capter les tressaillements de la nature " Il avoue s'être métamorphosé et  avoir réussi à apprivoiser le temps; Il a noté ses pensées dans un cahier qu'il nomme un "journal d'ermitage " .  Dès la première page , le lecteur est frappé par des détails qui peuvent sembler étonnants comme le fait de trouver "une quinzaine de variétés de sauces " de la marque Heinz dans un supermarché d'Irkoutsk. Ce petit rappel surprenant  évoque la mondialisation de notre société de consommation et la diffusion de certaines habitudes alimentaires à l'échelle de la planète. L'écrivain , justement , nous fait partager son désir de fuir cette société . Et de se fondre dans une Nature qu'il admire tout particulièrement. Pourtant ce n'est pas sans une certaine appréhension qu'il s'apprête à s'installer dans sa petite cabane au fond des bois. Il cite Malevitch en guise d'avertissement  " Quiconque a traversé la Sibérie ne pourra plus jamais prétendre au bonheur" . Ce qu'il considère comme un vieux rêve va pourtant se réaliser et  il va pouvoir commencer sa retraite , c'est à dire son retrait du monde et de la civilisation pour devenir une sorte d'ermite . Notes du 18 février " Je voulais régler un vieux contentieux avec le temps. J'avais trouvé dans la marche à pied matière à le ralentir. L'alchimie du voyage épaississait les secondes. Celles passées sur la route filaient moins vite que les autres; Il me fallait des horizons nouveaux. ....