fév.06
La catastrophe dans Germinal : la mine s'écroule ...commentaire littéraire
dans la catégorie Seconde
Ce passage a été choisi pour vous exercer au commentaire littéraire et il vous a été fourni avec un plan d'étude prédéfini ; Vous deviez d'abord rédiger une introduction pour le commentaire littéraire du passage. Votre problématique devait donc être imaginée en fonction des éléments donnés ; Si la plupart des élèves ont su définir le contexte (réalisme) , évoquer Zola, son oeuvre (Les Rougon-Macquart) et les thèmes du roman (le travail des mineurs),certains ont oublié de situer l'extrait ; Il s'agit de la catastrophe finale; Souveraine, un ouvrier anarchiste a saboté la mine pour empêcher la reprise du travail. Voyons comment l'auteur décrit la catastrophe ; Dans un premier temps nous montrerons que la mine apparaît ici comme un monstre terrassé avant d'évoquer la dimension épique de la catastrophe; Nous terminerons par démontrer que Zola peint ici un tableau apocalyptique.
Commençons par évoquer une erreur fréquente dans les copies : vous ne deviez rédiger qu'une seule partie du commentaire donc il fallait sélectionner dans l'extrait les remarques ou observations qui concernaient uniquement le thème de l'apocalypse , c'est à dire de la fin du monde . Par exemple, l'idée de détonations souterraines l 3 rappelle l'univers de la guerre donc devait être réservée à la seconde partie ainsi que l'artillerie monstrueuse canonnant (l 4). La comparaison l 9 un homme fauché par un boulet sera également réservée à la partie 2 car elle fait partie du champ lexical de la guerre . La première partie du commentaire est réservée aux descriptions des personnifications de la mine , souvent vue comme un monstre dans le roman; On rangera donc dans cette partie des observations telles que tomber sur la face l 8, les membres écartelés de la machine (l 10) lutter contre la mort ; son genou de géante (l 12 ) rappelle bien la présence d'un élément monstrueux ainsi que sa mort , sa défaite avec le verbe expirer (l 12) Enfin , à partir des lignes 18, on repère l'expression bête mauvaise, son haleine et le fait que la mine se nourrit des travailleurs avec la métaphore "se gorgeait de chair humaine " . Que restait-il pour évoquer l'idée de fin du monde ?
On pouvait penser à repérer les éléments en relation avec la destruction et la disparition de la mine, la fin du monde .. avant de tenter dans un second temps de les regrouper par thèmes ...
Examinons d'abord les observations à extraire du texte :
- suprême convulsion du sol 2 immense trou 25
- se culbutaient, s'écrasaient 4 cratère de volcan 26
- le gouffre 3 des arbres avalés comme des pailles 32
- une sorte de tourbillon 5 gerçures partaient des bords ,s'élargissaient 35
- disparut 6 fin de jour abominable 40
- engloutie 14 nuée de plomb 41
- secouée pareille à un mât dans l'ouragan 14 semblait vouloir écraser le monde 42
- s'émietter, voler en poudre 15 la mine buvait la rivière 48
- s'enfonça pareil à ces lacs sous lesquels dorment des villes maudites 52
- bue par la terre 16 hurlante la foule se sauva 22
- fondue comme un cierge colossal 17 épouvante roula des hommes comme des tas de feuilles sèches 24
- c'était fini 18 silence terrifié 52
- couler à l'abîme
Une fois que ces observations ont été faites, on peut désormais travailler à repérer les sous-parties du commentaire ; on constate par exemple la présence du thème de la catastrophe naturelle avec les références aux phénomènes naturels comme le tremblement de terre (convulsion du sol, s'écrasaient , le gouffre, volcan ,cratère) , l'inondation (boire, engloutir, arbres avalés comme des pailles ) ; Zola montre la puissance des éléments naturels qui balaient les humains comme des fétus de paille; il montre aussi que cette catastrophe est comparable à la fin du monde dans les textes sacrés et il emploie de nombreuses images bibliques issues de l'Apocalypse (le dernier livre de l'Ancien Testament ) comme par exemple les hommes avalés par l'abîme , le jour noir (nuée de plomb, abominable)Il évoque aussi la punition divine qui frappe "les villes maudites " et les détruit par le feu ou le déluge; on peut tout à fait ici relier cierge colossal, écraser le monde et silence terrifié à cette présence du religieux et des images religieuses pour suggérer la fin du monde . Enfin, on remarquait également dans le passage les images visuelles cette fois de la disparition et de l'anéantissement qu'on pouvait commenter et rassembler (disparut, émietter, voler en poudre, s'enfonça, couler , fini, immense trou); Zola favorise ici les hyperboles pour montrer à quel point cette catastrophe est immense . On pouvait faire référence au chaos, à la fin des temps, à l'anéantissement . Il était aussi possible d'évoquer les réactions des mineurs avec leurs cris, leur tereur et leurs larmes, leur douleur; Cette présence d'émotions contribue à créer la dimension tragique du texte .
L'ordre dans lequel on mentionne ces thèmes n'a au final que peu d'importance : on pouvait débuter par les images des catastrophes naturelles et terminer par les références à la religion, peut être plus subtiles à déchiffrer et qui nécessitent davantage de culture générale.
Voilà un exemple de plan détaillé de la troisième partie du commentaire littéraire
III Un spectacle de fin du monde
1. Une véritable catastrophe naturelle
2. le chaos et la panique des hommes face aux élements déchaînés
3. Les images de l'apocalypse : prophétie de la fin du monde capitaliste ?
Construisons ensemble le premier paragraphe argumenté :
Pour illustrer la violence des éléments , l'écrivain utilise des références au déchainement des forces naturelles ; Par exemple, pour évoquer les soubresauts de la terre comparables aux secousses d'un véritable tremblement de terre, Zola utilise l'expression "suprême convulsion " qui nous fait penser aux derniers mouvements désordonnés d'un malade atteint de fièvre ou de délire, L'association d'un adjectif d'intensité "suprême " avec un terme qui connote une issue mortelle contribue à rendre ce cataclysme pathétique ; L'auteur mentionne à la fois le séisme qui pourrait être d'origine volcanique avec les mots cratères l 26 et la comparaison avec un volcan éteint " et nous permet d'entrevoir , au moyen de ces termes l'ampleur des dégâts ; Le lecteur a ainsi l'impression que l'attentat criminel a la violence d'un séisme. Dans un même ordre d'idées, Zola nous fait penser à une violente tempête maritime avec le mot tourbillon à la ligne 5 qui peut à la fois faire penser à une tempête de vent ou à des courants violents en mer qui entraînent les bateaux et leurs équipages au fond des océans . L'écrivain utilise également la comparaison avec le mât du bateau pour désigner la cheminée de la mine et il mélange ainsi les éléments naturels; La mine tout entière semble ainsi couler au fond de l'abîme et la métaphore bue par la terre à la ligne 16 contribue à rendre ce spectacle fantastique; On a l'impression que la terre s'ouvre pour engloutir les bâtiments et les hommes et le silence final marque une sorte d'anéantissement . La question rhétorique de la ligne 39 : est-ce que le coron lui-même y passerait ? semble étendre encore les dégâts comme par une sorte de contagion naturelle. On pense , par exemple, à ces gerçures de la ligne 35 qui partent des bords et paraissent se propager à la manière des cercles concentriques d'une onde de choc.
Un point de méthode pour réaliser convenablement cet exercice : Souvenez-vous : on repère des observations (étape 1 ); on cherche à les décrire avec précision en nommant les procédés d'écriture et leurs interprétations (étape 2) et au final, avant de rédiger le commentaire en entier, on met au point une organisation ( qu'on nomme plan détaillé ) en regroupant les thèmes issus de chacun des axes de lecture déterminés par la problématique. (étape 3 ). La dernière étape consiste à rédiger .