A première vue, il peut paraître difficile de comparer deux oeuvres que 25 siècles séparent et qui ne sont pas construites à partir du même support ; En effet, aborder Oedipe roi de Sophocle nécessite des connaissances d'histoire de la littérature antique et de ses enjeux (qu'est-ce que la tragédie grecque au cinquième siècle avant J.-C. ? ; que représente à cette époque le mythe d'Oedipe ? y a t-il une dimension politique dans le théâtre de Sophocle ? )  Aborder le cinéma de Pasolini là encore requiert des connaissances contextuelles ( qu'est-ce que le langage cinématographique ? Quel type de cinéma Pasolini souhaite- t-il renouveler ou inventer ? Que représente pour un artiste italien de la seconde moitié du vingtième siècle l'histoire d'Oedipe  et ce personnage mythique ? Comment un cinéaste peut-il adapter une oeuvre écrite pour une scène de théâtre ? Quels ajouts Pasolini introduit-il par rapport à la pièce de Sophocle ?

Autant de questions auxquelles il nous faudra répondre en gardant présent à l'esprit le nécessaire lien entre les deux œuvres : en effet , les sujets porteront nécessairement sur le dialogue entre les deux oeuvres et leur dimension littéraire et visuelle.

Les difficultés de méthode : Sophocle avec Oedipe roi concourt pour remporter un prix et son oeuvre sera représentée devant un public athénien populaire alors que Pasolini s'adresse à un public d'amateurs éclairés , des lettrés qui fréquentent les cinémas d'art et d'essai . De plus dans le film de Pasolini, l'univers de Sophocle n'apparaît que dans la troisième partie du film. Le personnage du messager semble remplacer le coryphée de la tragédie grecque. Le début du film commence en fait par la fin c'est à dire par la mise en scène du mythe d'Oedipe revisité par les découvertes de la psychanalyse freudienne et peut dérouter le spectateur qui s'attendrait à assister à une adaptation fidèle de la pièce de Sophocle. Pasolini joue , en fait sur l' aller-retour entre l'univers du mythe baigné d'irréalité (images du désert, costumes antiques, Thèbes vue sous l'angle, du riad marocain ) et les images de sa propre enfance dans l'Italie des années 40.

Trois démarches complémentaires vont être mises en œuvre pour répondre aux questions de l'épreuve de littérature : d'abord l'observation des analogies et des différences ; ensuite la perception de leur complémentarité ou de leurs spécificités sur un point précis et enfin une démarche qui vise à évaluer leurs correspondances , le dialogue entre les deux domaines artistiques.