nov.03
Don Juan : un libertin et un libre penseur ?
dans la catégorie Seconde
Le personnage de Don Juan représente, sous certains angles, des traits de la pensée libertine fortement condamnée par une partie de la société du dix-septième siècle et notamment des partis religieux catholiques à l'époque de Molière ; En effet, les autorités religieuses considèrent que la pensée libertine porte atteinte aux commandements de la religion dans la mesure où elle se fonde sur l'exercice d'une liberté individuelle qui risque de menacer la cohésion sociale . A partir de ces définitions de dictionnaire, cherchez quels pourraient être les sens du mot libertin tel que Molière l'entendait pour son personnage et quels points communs on retrouve dans toutes ses définitions. Lisez ensuite l'éloge de l'inconstance dans la pièce et repérez les principaux points sur lesquels vous n'êtes pas d'accord avec le personnage sous forme de tableau.
Article du CRNT
1. Cour. Conduite de celui qui a des mœurs très libres, qui s'adonne sans retenue aux plaisirs de la chair. Un libertinage effréné; camarades de libertinage. Parmi les emportements sensuels de son amour, il y avait tout à la fois des tendresses de jeune fille et du libertinage de courtisane (E. de Goncourt, Faustin,1882, p. 216).Le peintre s'est amusé à cette transposition d'une société élégante et frivole, qui pare encore son libertinage des voiles légers du sentiment (Nolhac, Boucher,1907, p. 57).
1. Ah! monsieur, vous commencez bien plus tôt que mon père cette carrière de libertinage, de prodigalité qui déshonore un père de famille, qui diminue le respect des enfants, et au bout de laquelle se trouvent la honte et le désespoir. Balzac, Cous. Bette,1846, p. 235.
2. Vx. Attitude de celui qui refuse les contraintes, les sujétions. (Dict. xixeet xxes.).
3. Vieilli ou littér. Attitude de celui qui refuse le dogmatisme des croyances établies ou officielles et en particulier celui de la religion et la contrainte de sa pratique. [Théodore Jouffroy] aimait de la religion justement ce que les athées par libertinage en détestent : sa règle austère et son enseignement vertueux (Bourget, Essais psychol.,1883, p. 55):
2. Le libertinage n'est pas, comme on l'a trop longtemps soutenu, l'attitude tapageuse et paradoxale de quelques jeunes fous. C'est un vaste mouvement où confluent les tendances les plus diverses, les courants d'idées les plus puissants de l'Europe intellectuelle (...). Le libertin n'admet qu'une faculté de connaître, la raison, organe de la critique individuelle. Il l'oppose fortement à l'autorité et à la tradition. A. Adam, Théophile de Viau et la libre pensée fr. en 1620, Paris, Droz, 1935, p. 432.
Article du TLF
LIBERTIN, -INE, adj. et subst.
A. Adj. et subst.
1. Cour. (Celui, celle) qui a une conduite, des mœurs très libre(s); qui s'adonne sans retenue aux plaisirs de la chair. Femme libertine; vieillard libertin; un jeune, un fieffé libertin; un libertin repentant. Ils [les peuples latins] deviennent aisément rhétoriciens, dilettantes, épicuriens, voluptueux, libertins, galants et mondains (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 234). Marat avait l'habitude des femmes, il connaissait toutes les ficelles du jeu d'amour, c'était un « vieux libertin », un « séducteur »
1. Les libertins, ces gens que la nature a doués de la faculté précieuse d'aimer au delà des limites qu'elle fixe à l'amour, n'ont presque jamais leur âge.
BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 261.
2. Vx, souvent péj. Qui refuse les contraintes, les sujétions; qui manifeste une grand esprit d'indépendance, qui fait preuve de non conformisme. Sainte-Beuve (...) très hardi dans la chasse aux talents inédits, mais trop traditionnel, trop voisin de la grande école de la prose française pour n'être pas choqué des audaces révolutionnaires de ses « jeunes amis libertins ». C'est ainsi qu'il appelait souvent Baudelaire et sans doute les deux Goncourt, prenant le mot dans son vieux sens d'indépendance révoltée et un peu sacrilège (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 181).
3. Vieilli ou littér. Qui refuse le dogmatisme des croyances établies ou officielles et en particulier celui de la religion et la contrainte de sa pratique. Synon. libre-penseur. Mais voici qu'enfin, par des gradations insensibles, Nane avait glissé à la libre pensée; devenue libertine, et pour tout dire, anticléricale (TOULET, Nane, 1905, p. 208). Ce libertin [Benjamin Constant] n'a jamais été indifférent à Dieu, (...) il ne s'est jamais interrompu de le chercher (MAURIAC, Mém. intér., 1959, p. 90) :
B. Adjectif
1. Cour. Qui est propre au libertin [au sens A 1]; qui est inspiré, motivé par le dérèglement des mœurs. Un monsieur surprenant un album libertin dans les mains de deux jeunes filles rougissantes (BAUDEL., Salon, 1846, p. 174). L'art coquet, libertin et spirituel du dix-huitième siècle (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 184). La conduite la plus sage, avec les pensées les plus libertines (LÉAUTAUD, Journal littér., t. 3, 1920, p. 304) :
3. Vieilli ou littér. Qui appartient à ou qui concerne les libertins [au sens A 3], les libre-penseurs. Courant, morale, mouvement, tradition libertin(e); les œuvres libertines de Cyrano de Bergerac. J'avais écrit qu'Éveline s'était plu à semer dans l'esprit de sa fille les germes de la libre pensée. À y bien réfléchir il me semble aujourd'hui que c'est l'esprit libertin de Geneviève, si enfant qu'elle fût encore, qui contamina l'âme de sa mère (GIDE, Robert, 1930, p. 1331) :
4. ... il [le Theophrastus redivivus] rassemble les thèses de la littérature libertine. Le monde est éternel, et les astres règlent notre destin. L'homme est un animal comme les autres, et qui ne leur est pas supérieur. L'immortalité est une chimère. Le sage aborde la destruction finale sans terreur. Toutes les religions sont des inventions politiques.