• Évidemment l’homophobie n’est pas la seule violence subie par les personnes LGBT+. Elles peuvent  subir également la lesbophobie, la biphobie ou la transphobie par exemple. Les LGBT+phobies désignent donc l’aversion, l’hostilité, le rejet, les violences et les discriminations envers les personnes LGBT+ ou supposées l’être. De plus, toutes ces discriminations peuvent être à l’intersection d’autres discriminations encore comme le sexisme, le racisme, l’antisémitisme ou encore le validisme. Si vous désirez en savoir plus vous pouvez retrouver plus d’informations dans les ressources à la fin de l’article précédent.
  • De plus, ces violences ne sont pas similaires selon les pays et les régions. Nous nous intéresserons plus particulièrement à ces violences dans le monde à l’occasion du dernier article de cette série. Dans cet article nous nous concentrerons sur la France.

 

Les LGBT+phobies en France :

 

  • En 2019, le ministère de l’intérieur a recensé 1870 victimes d’infractions à caractère homophobe ou transphobe et l’association SOS homophobie a collecté 2396 témoignages. Ces chiffres sont en forte hausse par rapport à 2018, respectivement de 36% et 26%, et les plus élevés sans compter l’année 2013 où les violences avaient explosé lors du mariage pour tous.tes. Cette forte augmentation est aussi liée au projet de loi pour l’extension de la PMA à tous.tes. Le nombre d’agressions physiques augmente lui aussi et passe de 231 en 2018 à 237 en 2019 tout comme le nombre d’agressions envers les personnes trans qui augmente lui aussi. Ces agressions ont le plus souvent lieu dans les espaces publics mais aussi et de plus en plus sur internet où les signalements se multiplient et qui est maintenant le lieu  « le plus propice aux actes anti-LGBT» et où elles peuvent souvent être banalisées. De plus, ces chiffres sont sûrement bien en dessous de la vérité car les victimes hésitent à aller porter plainte par appréhension ou face à la difficulté d’obtenir des condamnations et pour certaines agressions le caractère homophobe ou transphobe n’est pas retenu.

Où ont lieu les violences LGBT+phobes?

  • Depuis fin avril, l’association FLAG! , « association LGBT+ des agents des Ministères de l’Intérieur et de la Justice, Pompiers, Policiers municipaux et des alliés », a lancé une application mobile en collaboration avec Marlène Schiappa qui est dédiée au signalement d’actes LGBTphobes, sérophobes (contre les personnes séropositives, porteuses du VIH) et des violences conjugales. Elle permet d’enregistrer les signalements anonymement et de rediriger les victimes vers les structures appropriées mais également d’obtenir de véritables données sur les violences LGBTphobes.

 

Si vous voulez en savoir plus n’hésitez pas à aller consulter le dossier de presse 2019 de SOS homophobie ou son très complet rapport sur l’homophobie 2019.

 

Les LGBT+phobies à l’école en France :

 

  • Les LGBT+phobies sont toujours très nombreuses en milieu scolaire malgré certaines campagnes de prévention. 75% des actes rapportés à SOS homophobie concernent le secondaire et chose très inquiétante, dans plus d’un quart des signalements les agressions venaient de professeur.es ou de membres de l’administration. Les LGBT+phobies sont fortement banalisées au collège et au lycée. Vous ne pouvez pas passer une journée sans entendre « Sale PD », « va te faire enculer » ou bien « tapette » dans les couloirs. Les hommes homosexuels, ou supposés l’être, ne sont pas les seules victimes. De plus en plus d’actes et de paroles lesbophobes ou transphobes sont recensées. Dans ce même couloir vous pourrez également entendre « sale gouine », « travelo », « c’est une maladie » ou encore « c’est un monstre ».
  • Au passage, il est important de faire un petit rappel de la loi. Pour une injure non publique à caractère raciste, sexiste, homophobe ou handiphobe, c’est-à-dire ne pouvant être entendue que par un nombre restreint de personnes (un SMS par exemple), la peine encourue est une contravention de 1500 euros maximum. Dans le cas d’une injure publique à caractère raciste, sexiste, homophobe ou handiphobe, la peine encourue est de 1 an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
  • Un climat LGBT+phobe n’est bien sûr pas constitué uniquement d’agressions physiques, d’insultes sans équivoque ou d’incitations au suicide. Il y a également des remarques plus insidieuses. Dans ces mêmes couloirs, la cour, les salles de travail, devant le lycée ou au sein de votre cercle d’ami.es vous pouvez entendre des remarques telles que « elle est trop jeune pour savoir », « c’est juste une phase », « elle veut faire son intéressante », « c’est dégueulasse », « ça me dérange pas mais il faut pas qu’ils s’embrassent devant moi ça me dégoute », « par contre si c’est des filles ça me dérange pas, ça m’excite », « ça me dérange pas du moment que c’est pas mes enfants. C’est normal d’avoir des rêves pour ses enfants non? », « je suis pas homophobe mais je pourrais pas avoir un colocataire homosexuel par exemple », « si j’étais homo je le cacherais, je me marierais quand même avec une femme et tout »… Si ce florilège d’exemples ne vous a pas suffi, vous pouvez consulter le site paye ta gouine ou le compte instagram paye ta LGBTphobie qui regorgent de témoignages.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • De plus, il est important de rappeler que ces discriminations et insultes sont aussi fortement liées aux stéréotypes de genre. En effet, un garçon jugé trop féminin ou une fille trop masculine seront directement considérées comme gays par exemple. À ce propos, vous pouvez lire un superbe article précédemment publié sur l’histoire de la jupe

  • Enfin, pour nous aider à réaliser cette partie, nous avons collecté les témoignages de 13 lycéen.nes LGBT+ français.es dont nous pouvons tirer quelques observations. Tout d’abord, les insultes sont perçues de façon extrêmement banalisées. Un lycéen nous dit par exemple que « PD » est une « insulte habituelle ». Plusieurs personnes ont également dit que ces insultes n’étaient « pas ciblées [envers les personnes LGBT+]», mais par exemple « qu’elles faisaient référence à une « faiblesse », ou un comportement « étrange ». Les insultes LGBT+phobes sont aussi très présentes sur internet et les réseaux sociaux. Une lycéenne nous dit aussi qu’elle est témoin « sur internet de manière très régulière de harcèlement LGBT+phobe ».
  • Nous avons aussi demandé à ces lycéen.es si l’éducation sexuelle reçue dans le cadre scolaire était inclusive. Une éducation sexuelle inclusive est une éducation sexuelle respectueuse des corps et des envies de chacun.es, qui ne présente pas uniquement une sexualité hétéro-pénétrative, qui parle de consentement et de violences sexuelles, qui présente des corps divers (pas uniquement des corps blancs, valides, cisgenres et dyadiques (=non intersexes)), qui parle de toutes les méthodes de contraception, qui sensibilise correctement aux IST, qui visibilise les personnes asexuelles et inclut les personnes queers... Toutes les réponses reçues à cette question étaient négatives et beaucoup était catégoriques avec des réponses telles que « pas du tout » ou encore « absolument pas ». Une participante a dit qu’elle avait seulement entendu « une allusion à la sexualité homosexuelle ». Une autre a dit qu’il n’y avait « pas suffisamment de prévention en terme d’IST » (Infection Sexuellement Transmissible) ou encore qu’il serait bien de « normaliser la situation des personnes asexuelles » lors de ces interventions.
  • Pour finir sur une note plus positive, nous avons demandé aux participant.es des idées pour améliorer la vie des personnes LGBT+ à l’école. Les idées ont été nombreuses et variées telles qu’en parler davantage, avoir plus de considération pour le genre et pour les répercussions sur le moral des élèves transgenres, plus de sensibilisation aux thématiques LGBT+, des interventions ou conférences de personnes concernées, faire venir des associations, en parler plus lors des cours d’EMC, recevoir des cours d’éducation sexuelle inclusifs, plus de formations pour le personnel éducatif, des affiches dans le lycée, des journées d’information/dédiées/célébrer des journées LGBT+ ou encore la formation d’un club dans le lycée.

Pour rappel vous pouvez toujours participer au quiz LGBT+ disponible ici. De plus, le Costa Rica ayant légalisé le mariage homosexuel ce 26 mai 2020, un pays de plus l’autorise.

Happy pride month!

 

Sources:

https://fr.wikipedia.org/

https://payetagouine.tumblr.com/

https://www.rtl.fr/girls/societe/sos-homophobie-denonce-une-hausse-alarmante-des-actes-anti-lgbtq-7800534332

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sos-homophobie-alerte-sur-une-nouvelle-hausse-des-actes-anti-lgbt-en-2019_2126275.html

https://www.sos-homophobie.org/sites/default/files/rapport_homophobie_2019_interactif.pdf

https://www.sos-homophobie.org/sites/default/files/dp_sos_homophobie-ra2019.pdf

https://www.mag-jeunes.com/wp-content/uploads/2019/03/LIVRET-COULEUR.pdf

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/homophobie-lancement-d-une-application-pour-signaler-des-actes-de-violences-anti-lgbt_2124549.html

https://www.flagasso.com/

https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32077

https://infokiosques.net/IMG/pdf/validisme.pdf

https://lavieenqueer.wordpress.com/2020/04/29/comment-rendre-leducation-sexuelle-inclusive/