Le début de la fin (Orianne)


 Ils sortirent de ce rendez-vous déboussolés. Elle n’osait pas lui poser de questions,

Quant à lui, si jeune et insouciant, il savait que ce n’était plus que la fin.

 

Quand ils rentrèrent, ils passèrent à table. Une fois le diner terminé,  épuisé et

toujours sous le choc, Nicolas monta dans sa chambre pour cocher son calendrier :     

« Plus que trois jours et c’est la fin » se disait-il . Le lendemain, au lever, l’atmosphère

était tendue et gênante. Depuis l’annonce de  cette horrible étape, les émotions

étaient toujours si difficile à gérer  pour Nicolas.  « Après demain c’est la fin » se dit-il.

Elle lui avait gentiment préparé le petit déjeuner en vue de cette nouvelle vie qui allait

commencer. Cette situation stressait encore plus Nicolas, qui pensait qu’elle faisait cela

pour combler les horribles conditions que traversaient l’enfant. Il prépara son sac et

pensait déjà à faire ses adieux  à la vie. Elle était là, derrière lui, les bras croisés. Ses

larmes ne cessaient de couler. Elle ne comprenait pas comment le monde pouvait être

aussi horrible avec elle. Elle ne s’arrêtait  pas de penser : «  Pourquoi lui ? Pourquoi lui ?

Pourquoi  le mien ? » avec une  voix cassante et pleine de haine. Quant à Nicolas, il

Tentait de rester fort en entendant des paroles si tristes et profondes. Tout était

 prêt : ils partirent en voiture. Plus ils s’approchèrent, plus Nicolas avait l’impression qu’il

se dirigeait vers sa mort . Arrivé , il se coucha  puis tenta de s’endormir sans grande

réussite. Il se mit alors à penser à la vie de rêve qu’il pourrait avoir sans souci, sans

tristesse, avec de l’amour, du bonheur et surtout sans limite, sans avoir peur d’un

accident : une vie synonyme de plénitude. Il finit par s’endormir avec tous ses rêves en

tête. Elle était à son chevet sans le quitter des yeux, un mouchoir dans une main et ses

lunettes dans l’autre. Elle, contrairement à Nicolas, voyait la vie d’un autre œil.  « Que

ferai-je sans lui ? Comment pourrais-je avancer sans lui ? » Puis elle sortit pour ne pas

le réveiller, dévastée par la peur et l’impuissance.  Nicolas se réveilla dans un endroit

qu’il ne connaissait pas « c’était la fin » disait-il. Il sentit son dernier souffle, les

paupières lourdes, puis le noir complet.

 

            Douze heures plus tard Nicolas, allongé, les yeux fermés, repris conscience.  « Il

bouge il bouge ! » disait-elle. Elle lui prit la  main et lui dit : « C’est fini mon fils il n’y a

plus de cancer plus aucune tumeur ».