Un cambriolage imprévu (Nadia)

C’était un jour d’été de l’année 1944 à proximité d’un petit village normand,. Nus marchions tous les quatre vers notre campement militaire quand tout à coup nous vîmes un panneau qui indiquait Manoir Beauregard. Fritz nous proposa d’aller y faire un tour avant que l’obscurité ne fasse son apparition. Nous étions tous d’accord et nous prîmes la route qui menait au domaine.

             Après avoir marché quelques minutes le long d’un sentier verdoyant, le manoir apparut. Il était majestueux et semblait totalement désert. Nous fîmes rapidement le tour de la propriété et Fritz ramassa une grosse pierre et cassa une vitre afin de pénétrer à l’intérieur de la demeure.

Après un petit temps d’hésitation nous le suivîmes et vîmes une quantité de choses impressionnantes  qui devaient coûter une petite fortune. Il y avait des tableaux, des bijoux, des pierres précieuses et même des objets en or. Nous trouvâmes également dans le tiroir d’un bureau de style Louis XIV d’épaisses liasses de billets de banque ainsi qu’une collection de bijoux anciens en or massif. On se dépêcha de rassembler les objets les plus beaux et les plus coûteux sur une petite table et on commençait à se dire que la vente de toutes ces belles pièces nous permettrait de devenir très riches. On parlait des voitures, des maisons qu’on pourrait acheter avec l’argent de la vente. Moi je me disais également que je pourrai épouser ma fiancée plus rapidement et que j’achèterai un petit lopin de terre afin d’y construire la maison de nos rêves. Hans et Werner parlaient de créer une société spécialisée dans le bâtiment. Ils disaient que si je le voulais, ils pourraient s’occuper de la construction de ma maison. C’était merveilleux de penser à l’avenir ainsi. Pendant toute la durée du cambriolage on riait en pensant à la tête que feraient les propriétaires français en voyant que tous leurs chefs d’œuvre amassés pendant de nombreuses années avaient disparus en l’espace de quelques minutes.  C’était très grisant de rêver.

             Soudain la lumière s’alluma et nous fûmes entourés par des soldats allemands lourdement armés. Ils appartenaient à notre compagnie. Nous étions dépités d’avoir essayé de cambrioler un manoir occupé par des allemands. Nous fûmes réprimandés par le général et condamnés à faire le ménage dans le fameux manoir Beauregard. Nous fûmes la risée de tout le régiment allemand. Merci Fritz !