Je marchais (Anaïs)

Je marchais. Je marchais? Où ? Je ne sais pas mais, je marchais, tout ce que je voyais, c'était des arbres, de l'herbe, des brindilles.
Une forêt? Sans doute.
Il faisait nuit, la lune était pleine et haute dans le ciel.     
  Je sentais une présence. Je m'arrêtais et je tournais la tête pour essayer de savoir qui me suivait. Une petite fille se trouvait à mes côtés. Elle avait de longs cheveux bruns. Quelques mèches lui tombaient sur le visage. Ses yeux étaient fermés. Ses lèvres étaient violacées à cause du froid. Sa peau était blanche, blanche comme de la porcelaine. Elle portait une chemise de nuit d'une couleur pastel et était pieds nus.

« - Tu n'as pas froid?!

Elle ouvrit les yeux, ses yeux étaient noirs, d'un noir profond. Je commençais à prendre peur.

- N'aie pas peur, dit la petite fille. Je ne te ferai aucun mal, je peux t'aider à trouver ton chemin, suis moi. »

J'avais le souffle coupé. Je choisis donc de la suivre, malgré que mes parents m'aient répété sans cesse de ne jamais suivre les inconnus. Cette petite fille m'inspirait un minimum de confiance. 
On marchait pendant des heures jusqu'à arriver devant une rivière sans fin, très agitée. Elle se tourna vers moi.

« - C'est là.
- C'est là?
- Tu dois sauter!! m'ordonna-t-elle en me pointant la rivière du doigt
- Mais la rivière est très agitée, je ...
- Tu dois le faire! Elle me lança un regard noir qui me fit froid dans le dos.
- Mais ... Pourquoi ... Je veux juste sortir d'ici ...
- Justement, écoute-moi !!! Et fais- le !!! »

Je mis d'abord un pied dans l'eau pour avoir une idée de la température puis je sentis quelqu'un me pousser.
Je vis à travers l'eau le sourire sadique et les yeux noirs  de cette petite fille.
J'essayais de remonter à la surface, mais rien.
On me tirait vers le fond, mais qui ?!
Puis je sentis une douleur à ma jambe, puis à mon bras, puis sur tout mon corps.
Je me débattais, j'essayais de voir qui me voulait autant de mal, mais personne. Je sentais juste ma peau s'arracher. Petit bout par petit bout.
Je me rendis compte que je manquais d'oxygène. Je voulais pleurer, mais je ne pouvais pas. Je m'enfonçais de plus en plus sous l'eau jusqu'à ne plus voir le reflet de la petite fille.

J'hurlais de peur à m'en déchirer les cordes vocales.
Je sentais qu'on me secouait. Une voix lointaine disait :
« - Ma chérie, réveille-toi, c'est moi. Calme-toi.
Pendant un instant, je crus reconnaitre cette voix.
- Ma puce, c'est moi, réveille-toi ...
Je me réveillai en sursaut et je vis une personne à mes côtés.
- Ce n'était qu'un mauvais rêve, c'est fini. »