oct. 31

"Et puis si ça me plaît..."

Et puis si ça me plaît d’avoir les doigts dans l’nez

De me ronger les ongles quand ils sont noirs de crasse

Si ça me plaît à moi d’avoir des yeux collés

Et les oreilles sales, les cheveux pas coiffés

 

 

 

De balader ma langue tout autour de ma bouche

De quitter ma culotte devant vos yeux tout ronds

De regarder très près jusqu’à ce que je louche

Des scènes pour adultes à la télévision.

 

 

 

Et si ça me plaisait de dire si quand c’est non

De boire toute la nuit, de jeter tout par terre

Et d’augmenter le son parce que tu m’as dit non

Et crier si je veux, et tout faire à l’envers.

 

 

 

Et si j’avais envie de plus dormir du tout

D’escalader les tables et de sauter dessus

De plus manger de viande et casser mes joujoux

De dire jamais merci et de sortir tout nu.

 

 

 

Et puis si ça me plaît de mentir quand je peux

De choisir mes vêtements comme si j’étais un grand

D’aller voir mon papa pour qu’il dise « si tu veux !»

Alors que t’as dit non quelques minutes avant.

 

 

 

Mettre du sable partout quand tu viens de laver

Transformer la baignoire en grand coffre à jouets

Et puis pour les ranger faire une tête fatiguée

Et dire à ma maman : « pardon mais s’il te plaît… »


 

Soirée

Elle est bien dans son lit

Les parents gueulent

Lovée sur le côté

Elle a calé ses bras

En haut de l’entrecuisse

Garde les yeux fermés

Les parents gueulent

Pour voir les couleurs

Des formes tournebouler

Des joyaux qui jaillissent

Ça brille, ça scintille

Ça luit et ça devient

Des terrasses paisibles

A l’ombre de grands pins

Les parents gueulent

Un chat qui la regarde

De ses fentes vert jaune

Signale le passage

A une grotte profonde

Les parents gueulent

Elle entre dans la matière

Se fond aux illusions

Et elle devient fontaine

Ligne, canne, bignon

Les parents gueulent

Elle change de côté

Et doit recommencer

Les rites du coucher.

Elle raconte une histoire

De soleil tout autour

Un avenir radieux

Quand elle désire, elle a,

Elle s’arrête à l’enfant

Qu’elle ne veut vraiment pas.

Les parents gueulent

Elle retourne aux couleurs

Convoquent des nuages

Qu’elle fait se rencontrer

Dans un ciel apaisé

Les parents gueulent

 

Vivement demain,

                 Vivement l’école,

                                 Madame Parly

                                                 Et Jérémie

août 4

"Moi quand je serai grande..."

Moi quand je serai grande, je serai un garçon

Je dirai des choses bêtes pour embêter les filles

Et je ferai du bruit avec mon grand avion

-Taratatata- Et maman aura peur, elle deviendra gentille.

 

 

 

Je serai tellement grand que je boirai le ciel

Et il fera plus beau, plus jamais, sur la terre

Et les gens pleureront pour que je rend’ le ciel

-Non. Non . Non !- Et maman sera triste, je lui donnerai la mer.

 

 

 

Je serai si terrible que ça s’ra moi le chef

Alors je command’rai et je f’rai qu’est-c’que j’veux

J’irai plus à l’école parc’que c’est moi le chef

-Bang.Bang.Bang- Et maman s’ra d’accord, elle dira « comme tu veux ».

 

 

 

Et puis j’mettrai des bombes pour qu’tous les profs y meurent

Y’aura plus le collège, y rest’ra qu’ma maison.

Et les gens y diront que j’suis plus déshonneur

-Hip.Hip.Hip. Hourra- Et maman elle s’ra fière de son nouveau garçon.

 

 

 

Les gens ils m’aim’ront tant que ma maman aussi

Quand j’aurai tout cassé, ils verront qui je suis

Et ils regretteront de m’avoir tant traitée

Et p’têtre que ma maman elle voudra bien m’aimer.